prendre le Pirée pour un homme

Français modifier

Étymologie modifier

(XIXe siècle) Voir prendre, Pirée et homme. Cette expression trouve sa source dans la fable d’Ésope Le Singe et le Dauphin, adaptée en 1668 sous le même nom par Jean de La Fontaine.
Un dauphin transporte un singe sur son dos pour le sauver de la noyade après un naufrage au large du cap Sounion :
  • Comme il arrivait au Pirée, entrepôt maritime d’Athènes, il demanda au singe s’il était Athénien. Le singe ayant répondu que oui, et qu’il avait même à Athènes des parents illustres, il lui demanda s’il connaissait aussi le Pirée. Le singe, croyant qu’il voulait parler d’un homme, dit que oui, et que c’était même un de ses intimes amis. Indigné d’un tel mensonge, le dauphin le plongea dans l’eau et le noya.
    Cette fable vise les hommes qui, ne connaissant pas la vérité, pensent en faire accroire aux autres.
    — (Ésope, Le Singe et le Dauphin, in Fables, traduction par Émile Chambry, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1927, pages 134-135)

Locution verbale modifier

prendre le Pirée pour un homme \pʁɑ̃dʁ lə pi.ʁe pu.ʁ‿œ̃.n‿ɔm\ intransitif (se conjugue → voir la conjugaison de prendre)

  1. (Vieilli) (Sens figuré) Confondre stupidement deux choses de natures différentes, commettre une erreur grossière.
    • Après avoir traité de l’histoire, il conviendrait de parler des sciences ; mais nous manquons de ce courage, si commun aujourd’hui, de raisonner sur des choses que nous n’entendons pas. Dans la crainte de prendre le Pirée pour un homme, nous nous abstiendrons. — (François-René de Chateaubriand, De quelques ouvrages historiques et littéraires (décembre 1819), in Œuvres complètes de Chateaubriand, tome 6, Klaus reprint, Liechtenstein, 1828, page 557)
    • L’Agence Stephani aspire à l’honneur de succéder au singe qui, prenant le Pirée pour un homme, le comptait au nombre de ses amis : prenant à son tour le chef-lieu du département du Puy-de-Dôme pour un député, elle vient d’annoncer à ses nombreux amis qui se sont empressés de reproduire la nouvelle sans y rien changer « Clermont-Ferrand, candidat de l’opposition, a été nommé député par 14,000 voix ». — (Paris, Le Petit journal, 05/07/1865, page 2)
    • Les journalistes qui n’ont pas été plus loin qu’Asnières ou Bougival, — et c’est la grande majorité, — prennent le Pirée pour un homme, font des bévues historiques ou géographiques phénoménales et raisonnent faux comme des pots. — (Emmanuel Domenech, Quand j’étais journaliste, E. Dentu, 1869, page 34)
    • Les chefs d’entreprises refusent désormais d’engager à prix d’or de jeunes cadres dynamiques couverts de lauriers qui prennent le Pirée pour un homme et truffent leurs lettres de fautes d’orthographe et de syntaxe. — (Nicole Bernheim, L’Amérique de Clinton, Lieu commun, 1992, page 179)

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

  • France (Lyon) : écouter « prendre le Pirée pour un homme [Prononciation ?] »