sourdement
Étymologie
modifierAdverbe
modifierInvariable |
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sourdement \suʁ.də.mɑ̃\ |
sourdement \suʁ.də.mɑ̃\ invariable
- D’une manière sourde, peu retentissante.
Elle [la mer] grondait sourdement, et ses flots n’étaient presque plus que comme les sillons qu’on trouve dans un champ labouré.
— (François de Salignac de La Mothe-Fénelon, Les Aventures de Télémaque, VI, 1699)- Quelque temps après, les malades croient entendre la voix d’Esculape, soit qu’elle leur parvienne par quelque artifice ingénieux, soit que le ministre, revenu sur ses pas, prononce sourdement quelques paroles autour de leur lit […] — (Auguste Marseille Barthélemy, Voyage d’Anacharsis en Grèce, chapitre 53)
- Tantôt court sur la plage un long mugissement,
Et les noires forêts murmurent sourdement. — (Jacques Delille, Géorgiques I)
- (Sens figuré) D’une manière secrète et cachée.
La reine prit ce conseil en bonne part, et Frédégonde se mit à préparer sourdement, à force d’intrigues, le piège qu’elle voulait lui dresser.
— (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 1er récit : Les quatre fils de Chlother Ier — Leur caractère — Leurs mariages — Histoire de Galeswinthe (561-568), 1833 - éd. Union Générale d’Édition, 1965)La femme de l’ami [la reine] a fort pleuré ; on a dit sourdement qu’elle irait au voyage, si son mari y allait.
— (Marquise de Sévigné, 10 juillet 1676)Ainsi tout ce qu’on fait contre M. de Cambrai est un attentat ; tout ce qu’il fait sourdement est bon.
— (Jacques-Bénigne Bossuet, Passages éclaircis, avertissement)Cette fatalité [les lois contre les protestants], destructive de la population, de la paix et du bien de l’État, réputée autrefois nécessaire, désole sourdement la France depuis près de cent années.
— (Voltaire, Réflexions philosophiques sur le procès de Mademoiselle Camp, 1772)- […] il [Maupertuis] a fait son métier de perfide, en intéressant sourdement l’amour-propre du roi [Frédéric II] contre moi. — (Voltaire, Lettre à M. le Comte d’Argental, 26 février 1753)
Votre discours est si beau, que le cardinal de Fleuri vous aurait persécuté, mais sourdement et poliment, à son ordinaire.
— (Voltaire, Lettre à M. de La Harpe, 4 septembre 1771)Les financiers les plus riches jouissaient sourdement de leur opulence.
— (Charles Pinot Duclos, Œuvres, tome x, page 7)
- (Sens figuré) D’une manière peu éclatante, peu marquée.
Il [un oiseau] a tout le dessus du corps olivâtre foncé, varié sourdement par des ondes d’un brun plus sombre.
— (Georges-Louis Leclerc de Buffon, Oiseaux tome XII, page 13)Des chemins de fer caducs, pierres concassées où s'affolent les herbes qu'on doit retirer, des barres d'acier sourdement entretenues, des traverses.
— (Yasmina Reza, Serge, éditions Flammarion, 2021, page 173)
Traductions
modifierPrononciation
modifier- La prononciation \suʁ.də.mɑ̃\ rime avec les mots qui finissent en \mɑ̃\.
- France (Lyon) : écouter « sourdement [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « sourdement [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Références
modifier- Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (sourdement)
- « sourdement », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage