Français modifier

Étymologie modifier

(1862) De gueuler avec le suffixe locatif -oir.

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
gueuloir gueuloirs
\ɡœ.lwaʁ\

gueuloir \ɡœ.lwaʁ\ masculin

  1. (Familier) Bouche, gueule, en tant qu’instrument pour déclamer un texte.
  2. (Familier) Effet produit par le fait de déclamer un texte.
    • Un livre n’est pas fait pour être lu à haute voix, et lui se gueule les siens à lui-même. Or, il y a des gueuloirs dans ses phrases qui lui semblent harmoniques, mais il faudrait lire comme lui, pour avoir l’effet de ces gueuloirs. — (Edmond et Jules de Goncourt, Journal des Goncourt, deuxième volume)
  3. (Art) (Familier) Endroit où déclamer de la littérature à voix haute.
    • Flaubert lui utilisait un gueuloir pour ses textes.
    • Les tours que lui jouait son tréponème furent certainement amplifiés par l’absurde discipline de Flaubert, par l’usage immodéré du fameux « gueuloir ». — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux, Grasset, 1914, réédition Le Livre de Poche, page 50)
    • Ce bureau, que Flaubert appelait son « gueuloir » parce qu’il y braillait ses textes à voix haute afin de vérifier leur équilibre, j’aurais tendance, moi, à l’appeler mon « écoutoir » car je m’y tais pour tendre l’oreille à mon imaginaire. — (Éric-Emmanuel Schmitt, L’Évangile selon Pilate, Albin Michel, 2000, collection Le Livre de Poche, page 270)
    • Le gueuloir de Flaubert n’était pas inutile. Longtemps, il accoucha de Megaras, de faubourgs de Carthage, de lascives esclaves nubiles, de lascifs esclaves nubiens. Un peu de remplisssage rococo, juste pour l’oreille. — (Philippe Delerm, Dickens, barbe à papa, Gallimard, collection Folio, 2005, page 99)
    • Les traditionnels gueuloirs poétiques, spécialité du Salon, rassemblent régulièrement des poètes connus, inconnus et des comédiens qui lisent des extraits.
  4. Pièce de métal qui permet de diriger les flammes à l'intérieur d'un four à pain.
    • Originaire de Transylvanie, il avait été déporté à Birkenau avec sa famille au moment où l’extermination des Juifs de Hongrie était à son comble, en mai 1944, où, les fours ne suffisant pas à réduire en cendres les milliers de cadavres que les chambres à gaz produisaient quotidiennement, des fosses avaient été creusées à la hâte pour qu’y soient brûlés ceux qui ne trouvaient pas place dans les gueuloirs incandescents des crématoires IV et V. — (Claude Lanzmann, Le Lièvre de Patagonie, Gallimard, 2009, chapitre XVI)

Traductions modifier

Références modifier