Français modifier

Étymologie modifier

(Date à préciser) Du grec ancien μητρὶς, mêtris, de même sens. Platon passe pour être le premier à user du terme dans La République : δουλεύουσαν τὴν πάλαι φίλην μητρίδα τε, Κρῆτές φασι, καὶ πατρίδα, douleuousan tên palai philên mêtrida te, Crêtes phasi, kai patrida (« il leur asservira cette “matrie” chérie, pour parler comme les Crétois, cette patrie »). Il renvoie lui-même cependant, on le voit, à un dicton populaire crétois que Georges Leroux juge « difficile à retracer »[1].

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
matrie matries
\ma.tʁi\

matrie \ma.tʁi\ féminin

  1. (Rare) Terre des ancêtres, le pays où l’on est , la nation dont on fait partie, la société politique dont on est membre.
    • Notre-Matrie¹ Europe, chacune en a sa part et tous l’ont tout entière […] 1. Matrie, mot employé par Frédéric Mistral et repris par Jean Poirier pour qualifier la « patrie culturelle ». […] Ces édifices, ensemble, contribueront à faire de l’Europe la « Matrie », génitrice d’une civilisation, et non une terre-propriété (que furent les patries), un bien commun dont tous reconnaîtront l’existence et dans la filiation de laquelle chacun assumera sa part. — (Florence Pizzorni, dans Élie Barnavi, Paul Goossens, Les frontières de l’Europe, page 89-96, 2001, De Boeck Université)
    • Quelle patrie ou « matrie » ? En effet, chez Renée Vivien, cette question de la langue reste indissociable de celle de la patrie ou de la matrie. — (Marie-Ange Bartholomot Bessou, L’imaginaire du féminin dans l’œuvre de Renée Vivien, page 34, 2004, Presses Univ. Blaise Pascal)
    • Voici une petite contribution à l’histoire du mot « matrie ». Un des premiers théoriciens du régionalisme, Léon de Berluc-Pérussis, a publié, en 1898 (Forcalquier, Crest), une brochure intitulée : la Patrie et la Matrie. Il y donnait le texte d’un discours prononcé par lui à la félibrée de Voix. S’appuyant sur Plutarque et sur ce que l’abbé Bathélémy rapporte des Crétois, Berluc proposait de désigner par le mot de matrie la province, la région natale, que l’on appelle trop souvent « petite patrie », d’un terme qui semble établir une hiérarchie « entre ces deux patries, l’une naturelle et sentie, l’autre adoptée et voulue, que nous sommes habitués à marier dans une même tendresse ». Matrie est à notre patrie dans le rapport où le grec métrida est au grec patrida.
      Plus récemment, M. Ch. Beauquier reprenait le mot à la séance d’ouverture du congrès de la Fédération régionaliste française (Chartres, 1913).
      — (Charles-Brun, « La “Matrie” », dans Le Figaro, 18 septembre 1915)
    • La patrie (la matrie, comme disaient si bien les Doriens) est l’amour des amours. Elle nous apparaît dans nos songes comme une jeune mère adorée, ou comme une puissante nourrice qui nous allaite par millions… Faible image ! non-seulement elle nous allaite, mais nous contient en soi : in ea movemur et sumus. — (Jules Michelet, Le Peuple, Nos fils, Ernest Flammarion, 1893-1898 (1re édition 1846), page 238)
    • MATRIE. s. f. (philol.) Nom qu’on devrait substituer à celui de Patrie, selon Plutarque, parce que les attributs de la terre natale tiennent plus de ceux de la mère que de ceux du père. Il a été employé par quelques écrivains français, qui ont répété cette remarque. — (« matrie », dans Louis Barré et Narcisse Landois, Complément du dictionnaire de l’Académie française, Bruxelles, Société typographique belge, Adolphe Wahlen et Cie, 1839 → consulter cet ouvrage)
    • Les pieds me brûlaient à Paris ; je ne pouvais m’habituer au ciel gris et triste de la France, ma patrie ; qu’aurais-je donc pensé du ciel de la Bretagne, ma matrie, pour parler grec ? Mais là, du moins, il y a des vents de mer ou des calmes : Tumidis albens fluctibus, ou venti posuere. — (François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, III, chap. xiii)
    • ³ Pour traduire littéralement, il faudrait dire, Je ne m’en fierais pas même à ma matrie. Ce qui donne lieu à cette espèce de jeu de mot, c’est que les Crétois, au lieu de dire πατρὶς, pour signifier la patrie, disaient μητρὶς, la mère commune, la matrie. Platon, liv. VIII de la République. — (Bon-Joseph Dacier, Histoires diverses d’Élien, page 447, 1772, Moutard)

Synonymes modifier

Quasi-synonymes modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier

Sources modifier

  1. Platon, La République, IX, 575d, éd. GF 2002, révis. 2004, trad. et notes Georges Leroux

Bibliographie modifier

Moyen français modifier

Étymologie modifier

Du grec ancien μητρὶς, mêtris, de même sens.

Nom commun modifier

matrie *\ma.tri(ə)\

  1. Terre des ancêtres, le pays où l’on est , la nation dont on fait partie, la société politique dont on est membre.
    • La propriété du mot Tyran ignoree en a trompé pluſieurs : qui a cauſé beaucoup d’inconueniens. Nous auons dit, que le tyran eſt celuy, qui de ſa propre autorité, ſe fait prince ſouverain, ſans election, ny droit ſucceſſif, ny ſort, ny iuſte guerre, ny vocation ſpeciale de Dieu. c’eſt celuy duquel les eſcrits des anciẽs s’entendent, & les loix qui veulent, que ceſtuy-la ſoit mis à mort : & meſmes les anciens ont ordonné de grands loyers, & recompenſes aux meurtriers des tyrans : c’eſt à ſçauoir les tiltres de nobleſſe, de proüeſſe, de cheualerie, les ſtatures, & tiltres honnorables : brief les biens du tyran, comme aux vrais liberateurs de la patrie, ou comme diſoient les Candiots de la matrie. — (Jean Bodin, Les six livres de la République, IInd, chap. v., Cas licites pour tuer le tyran, p. 253, Jacques Du Puys, Paris, 1576)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)
    • Et noſtre patrie, ou noſtre matrie, ainſi que les Candiots la nomment, qui eſt encore plus vielle, qui a ſur nous de plus grands droicts & de plus eſtroictes obligations, que n’ont ny le pere ny la mere, bien qu’elle ſoit de longue durée, ſi n’eſt elle pas neantmoins ſans viellir, ny aiant en ſoy tout ce qu’il luy faut, ains a touſiours beſoing d’vn grand œil ſur elle, de grand ſecours & de grande vigilance, elle tire à ſoy & retient l’homme d’honneur politique,
      En le tirant par la robbe derrière,
      Et le gardant qu’il ne s’en aille arrière.
      — (Jacques Amyot, Les œuvres morales et philosophiques de Plutarque, 1572)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)

Références modifier