halluciner
Étymologie
modifier- Dérivé de halluciné. Relevé pour la première fois chez Victor Hugo (1862) dans le sens transitif. Se diffuse dans le langage « des jeunes » (Années 1980) comme intransitif.
Verbe
modifierhalluciner \a.ly.si.ne\ 1er groupe (voir la conjugaison)
- (Transitif) Produire des hallucinations, rendre halluciné.
L’échafaud, en effet, quand il est là, dressé et debout, a quelque chose qui hallucine.
— (Victor Hugo, Les Misérables (Tome 1, chapitre 4), Lacroix 1862)Son propre corps dans les ténèbres hallucinait M. Godeau.
— (Marcel Jouhandeau, Monsieur Godeau intime, Gallimard, nrf, 1926, page 171)- Dès 1760, le philosophe suisse Charles Bonnet décrivit ce tableau chez son propre grand-père porteur d’une cataracte bilatérale sévère et qui hallucinait des oiseaux et des bâtiments. — (Lionel Naccache, Le Nouvel Inconscient : Freud, le Christophe Colomb des neurosciences, Odile Jacob, 2009, page 81)
- (Transitif) Obséder l’esprit de ; hanter.
En sorte que le persécuté vieillard réagira particulièrement contre ceux qui lui volent ses biens, tandis que le persécuté adulte réagira surtout contre ceux qui l’hallucinent ou lui prennent sa pensée.
— (M. Mabille, Congrès des aliénistes et des neurologistes, Bordeaux 1er août 1895, Archives de neurologie, volume 30, 1895, page 223)Ton Agster et les autres ne sont que des escroguignols, des égareurs, des champignons maudits qui hallucinent une flopée de gobeurs dans ton genre !
— (Denis Guelpa , Le bâtard de Calvin, L'Âge d'Homme, 1988, page 118)
- (Transitif) Imaginer parce qu’on a une hallucination.
Ali développe à l’égard des chenilles une aversion sans bornes qui le pousse à les halluciner sur les murs de la maison, le bord du lit, ou parfois dans son assiette.
— (Alice Zenitzer, L’Art de perdre, partie 2, 2017)
- (Transitif) (Pronominal) (employé pronominalement) Devenir halluciné.
Lorsque, seul en face de la grande Vierge dorée, il s'hallucinait jusqu'à la voir se pencher pour lui donner ses bandeaux à baiser, il redevenait très jeune, très bon, très fort, très juste, tout envahi d'une vie de tendresse.
— (Émile Zola, La Faute de l'abbé Mouret, G. Charpentier, 1875, page 1287)
- (Intransitif) Avoir une hallucination, une vision, une sensation incroyable. Note : Halluciner n’apparaît cependant comme verbe intransitif dans aucun dictionnaire classique.
Ils hallucinent en voyant les dégâts et les destructions provoqués.
— (Sami Al-Sharif, L’éternel perdant de Bagdad à Jérusalem, 1995)Ils hallucinent même carrément quand ils apprennent que Ronaldo, il a touché 43 millions d’euros pour aller jouer au Real de Madrid.
— (Alexis Normand, Le blues de la mygale, 2003)
- (Intransitif) (Sens figuré) (Par hyperbole) Par exagération, pour signifier un fort étonnement.
— J’hallucine, dit Colette. [—]. Quand je raconterai ça aux copines, elles ne voudront jamais me croire.
— (Bernard Suisse, Motus et babouches cousues, Éditions Le Manuscrit, 2005, page 147)
— Portenawaque, estima Coline en son obscur langage.
Dérivés
modifierTraductions
modifierproduire une hallucination (1)
- Anglais : to cause hallucinations
- Catalan : al·lucinar (ca)
- Espagnol : alucinar (es)
avoir une hallucination (2)
- Anglais : hallucinate (en)
- Espagnol : alucinar (es)
- Polonais : halucynować (pl)
- Tchèque : halucinovat (cs)
Prononciation
modifier- France (Lyon) : écouter « halluciner [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « halluciner [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Références
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (halluciner), mais l’article a pu être modifié depuis.
- Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1992 (6e édition, 2022)