Français modifier

Étymologie modifier

(XXe siècle) Dérivé de Racine:français/locut, avec le suffixe -aire sur le même modèle que d’autres noms de métier épicène de même terminaison comme secrétaire, selon les règles définies dans Alpheratz, Grammaire du français inclusif. Note : Alpheratz propose un modèle lexicographique par mise en équation entre les flexions à partir d’une base agenre du mot[1], ainsi locut-aire/locut-rice/locut-eur.

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
locutaire locutaires
\lɔ.ky.tɛʁ\

locutaire \lɔ.ky.tɛʁ\ neutre (pour une femme, on dit : locutrice ; pour un homme, on dit : locuteur)

  1. (Linguistique) Personne destinataire d’un énoncé au sein d’une relation d’interlocution avec un émetteur qualifié de locuteur ou locutrice.
    • Lorsque le mécanisme du langage fonctionne correctement, le locuteur et le locutaire donnent aux mêmes mots la même signification conventionnelle ou du moins des significations correspondantes. — (Marcel Prot, Langage et logique : vers une logique nouvelle, Hermann, Paris, 1949 → lire en ligne)
    • Le désir du locuteur de rejeter la possibilité que le locutaire comprenne le prédicat dans un sens absolu est reflété dans l’explication correspondante. — (Ritz Marie-Ève, « La sémantique de la négation en français », dans Langue française, nº 98, 1993. Les primitifs sémantiques, sous la direction de Bert Peeters. pages 67-78. → lire en ligne)
    • Lorsqu’elles concernent renonciation, les modalités se situent dans le rapport entre le locuteur et le locutaire (JE-TU), déterminé principalement selon un mode linguistique (interrogatif, déclaratif, impératif). Il y a toujours une attitude du locuteur vis-à-vis du locutaire, et donc un choix dans la présentation de l’énoncé. — (Claire Blackburn et Lucie Goulet, « La perception de la femme dans les travaux scolaires », Études littéraires, volume 14, numéro 3, décembre 1981, page 463–489. → lire en ligne)
    • Si l’on rétablit les personnages habituels de la situation de communication - un locuteur et un locutaire humains, un message, un code, une volonté de communiquer - alors le sens de ces substitutions disparaît. — (Bruno Latour, « Petite philosophie de l’énonciation », Texto ! (en ligne), juin 2006, vol. XI, nº 2. → lire en ligne)
    • Le passé simple et l’imparfait sont examinés à partir de leur description traditionnelle, que H. Kamp réinterprète à l’intérieur de cette théorie : ces temps sont alors envisagés relativement aux instructions qu’ils véhiculent, c’est-à-dire d’après l’information qu’ils communiquent au locutaire sur la manière d’envisager les procès, états, événements rapportés à l’un de ces temps. — (Martin Robert, Nef Frédéric. « Avant-propos » dans Langages, 15ᵉ année, nº 64, 1981. Le temps grammatical [logiques temporelles et analyse linguistique], pages 5-6. → lire en ligne)
    • Si le sujet énonçant – le locuteur – s’engage, s’il prend place dans le champ symbolique du langage et si l’autre, le locutaire, reçoit de ce fait une place, tous les deux, locuteur et locutaire, se constituent dans un rapport d’interdépendance. — (Pellegrin-Rescia Marie-Louise, « Énoncer l’éthique ou la puissance du performatif », Nouvelle revue de psychosociologie, 2007/1 (nº 3), page 135-148. DOI : 10.3917/nrp.003.0135. → lire en ligne)
  2. (Linguistique) (Rare) Personne qui parle, émetteur ou émettrice de l’énonciation à destination de l’allocutaire.
    • Mais l’on peut en dégager une problématique commune sur la relation entre la linéarisation des mots parlés et la génèse du sens, abordée à partir de l’idée d’“interaction cognitive” : le locutaire modifie les états mentaux (supposés) de l’allocutaire. — (Loïc Renoud, « La linguistique dans la perspective de l’énaction (Didier Bottineau) », フランス語学研究,第52号,2018年,pp.45-5, page 46.)
    • Pour la première série, nous savons que la notion essentielle est la grâce (le don) et que dans l’expression du résultat locutaire et allocutaire échangent leur place. — (Denis Slakta, « L’acte de "demander" dans les "Cahiers de doléances" », Langue française, 1971, nº 9, page 68. → lire en ligne)
    • Ils relèvent d’une conduite raisonnée – donc d’une politique – qui prend naissance dans la pensée du locutaire et active une conscience de genre dans celle de l’allocutaire. — (My Alpheratz, « Français inclusif : conceptualisation et analyse linguistique », SHS Web of Conferences, EDP Sciences, 2018, 6e Congrès Mondial de Linguistique Française, volume 46, article nº 13003. → lire en ligne)
  3. (Par extension) (Très rare) (Variation diaéthique) Personne non-binaire ou sans détermination de son genre capable de s’exprimer dans une langue donnée.
    • Le locutaire français ne fait en effet que se servir des outils lexicaux mis à sa disposition par la langue ; or la langue française est une langue binaire, genrée, à l’inverse de l’anglais, par exemple, qui ne marque pas le genre dans les adjectifs ou la plupart des noms de métier – le pronom pluriel neutre they est même utilisé comme alternative non genrée aux pronoms singuliers she/he depuis le XVIe siècle. — (paulinepauline (pseudonyme), « Nommer, c’est exister : Alpheratz et le troisième genre », Simonæ→ lire en ligne)
Notes modifier
Selon les théories énonciatives, le terme locutaire peut désigner la position d’émission ou de réception de l’énoncé, ce qui donne l’impression que le terme est énantiosémique. Ce n’est normalement plus le cas une fois les définitions exposées dans un cadre théorique choisi.

Synonymes modifier

Personne qui reçoit
Personne qui émet'
Personne qui s’exprime dans une langue

Antonymes modifier

De la personne qui reçoit
De la personne qui émet'

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier

  1. Alpheratz, Grammaire du français inclusif, Vent solars, 2018, page 216