Français modifier

Étymologie modifier

Dénominal du nom phosphore.
(Sens 1) (1792) Dans le sens de « mettre du phosphore dans ou sur quelque chose » — (Annales de chimie, t. 13, 1792, p. 114) Le participe passé adjectival phosphoré apparaît dès 1789 — (Antoine Lavoisier, Traité élémentaire de chimie, t. 1, Cuchet, Paris, 1789)[1][2]
(Sens 2) (1891) Dans le sens figuré de « briller avec éclat » — (Joris-Karl Huysmans, Là-bas, 1891)[1][2]
(Sens 3) (1944) Dans le sens figuré de « réfléchir profondément », le phosphore étant dans l'imaginaire collectif français associé au fonctionnement du cerveau[1] — (Raymond Queneau, Loin de Rueil, 1944)[1][2]

Verbe modifier

phosphorer \fɔ.sfɔ.ʁe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Ajouter du phosphore.
    • Les inventeurs ont été conduits à phosphorer l’alliage de cuivre et d’étain en partant de ce principe que si le bronze n'avait pas toute la résistance possible, cela devait tenir à l'interposition entre ses molécules d'oxyde d'étain. — (« Métallurgie : Le bronze phosphoreux et l'acier hydrogéné », dans La Science pour tous : revue hebdomadaire illustrée, n° 38-39 du 14 octobre 1871, 10e année, Paris, p. 256)
    • Les inventeurs ont été conduits à phosphorer l’alliage de cuivre et d’étain. — (Henri de Parville, Journal officiel, 8 septembre 1871, page 3307, 1ière colonne — cité par Littré)
  2. (Sens figuré) Briller avec éclat.
    • À la brune, alors que leurs sens sont phosphorés, comme meurtris par le suc puissant des venaisons, embrasés par de combustibles breuvages semés d’épices, Gilles et ses amis se retirent dans une chambre éloignée du château. — (Joris-Karl Huysmans, Là-bas, chapitre XI, 1891)
    • Il était grand mais mal bâti, tout en buste ; le front dénudé se prolongeait sans courbe en un nez droit ; les lèvres, les joues étaient hérissées de ces poils durs et drus qu’ont les anciens prêtres qui se sont longtemps rasés ; les traits étaient sinueux et gros ; les yeux en pépins de pommes, petits, noirs, serrés près du nez, phosphoraient. — (Joris-Karl Huysmans, Là-bas, chapitre XIX, 1891)
    • Les gestes [que sa maîtresse venait d’avoir] et les mots aimés phosphorèrent dans son cerveau. — (Georges d’Esparbès, Les Demi-solde, Ernest Flammarion, 1899)
    • Et si le pas de Clémence approchait avant qu’il eût vidé le bol, il s’étouffait, raflait en hâte un dernier morceau dans sa gueule, et bondissait vers le talus, appelé dès la terrasse par les gouttes de feu des lampyres qui déjà phosphoraient dans l’herbe. — (Maurice Genevoix, Rroû, Flammarion, 1931)
  3. (Sens figuré) Réfléchir profondément.
    • Il travaille donc, il travaille, il travaille. Mieux ! Il phosphore il rupine à bloc et un jour brraoumm il eurêkate ça y est il a trouvé. — (Raymond Queneau, Loin de Rueil, 1944)
    • Les grands noms du high-tech américain font désormais phosphorer les cerveaux indiens chez eux. — (Sylvie Kauffmann, Boomtown Bangalore, Le Monde. Mis en ligne le 25 avril 2007)
    • Ainsi, les services du patrimoine du ministère de la Culture ont reçu l’ordre de phosphorer sur la création d’un réservoir incendie « piscinable » (sic) tout l’été. — (« La petite piscine qui éclabousse », Le Canard enchaîné, 27 juin 2018, page 1)
    • Le président phosphore sur la recomposition de son équipe après avoir largement consulté cette semaine. — ("Remaniement : Borne reçue à l’Elysée", Le Monde, 2024 → lire en ligne)

Dérivés modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Références modifier

  1. de fait, le phosphore intervient dans la production d'énergie dans toutes les cellules (déphosphorylation de l'adénosine triphosphate en adénosine triphosphate, qui est ensuite régénérée par la respiration cellulaire et en particulier le cycle de Krebs) et joue donc un rôle dans le fonctionnement de tous les organes dont le cerveau d'une part ; d'autre part, la myéline, une composante des neurones, contient des phospholipides.