geindre
Français modifier
Étymologie modifier
- (XIIIe siècle)[1] Du latin gemĕre (« se plaindre, gémir »), en ancien français giembre, puis refait en geindre, d’après les verbes en -eindre[2].
Verbe modifier
geindre \ʒɛ̃dʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison)
- Se lamenter, gémir, se plaindre à diverses reprises d’une voix languissante et non articulée.
- Les vieillards les plus débiles restaient dans leurs lits, et il n’y avait point de maison où l’on ne trouvât cinq ou six lits où geignaient les aïeuls. — (Charles Deulin, « Le Poirier de Misère », in Cambrinus et autres Contes, circa 1847–1875)
- Elle recommença ses doléances, elle se mit à geindre de plus belle sur le manque de fortune qui la faisait échouer au port. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, 1870)
[…], et il se mit en quête de la sœur Sainte-Marthe, qu'il ne rencontra qu'à l'autre bout de la salle, au chevet d'un blessé qui geignait et qu'elle s’évertuait à consoler.
— (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, tome 2, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, p. 44)- Le court trajet du platane à sa chambre lui parut interminable ; et elle geignait involontairement, demandant à s’asseoir, à s’arrêter, accablée par une sensation intolérable de pesanteur dans le ventre. — (Guy de Maupassant, Une vie)
- Évoquant sa nuit à Boucicaut, elle me dit : « Les femmes du peuple, tu sais comment elles geignent. » « Les infirmières, dans les hôpitaux, elles ne travaillent que pour l’argent. Alors… » C’étaient des phrases routinières, mécaniques comme la respiration, mais tout de même animées par sa conscience : impossible de les entendre sans gêne. Je m’attristais du contraste entre la vérité de son corps souffrant et les billevesées dont sa tête était farcie. — (Simone de Beauvoir, Une mort très douce, Gallimard, 1964, Le Livre de Poche, pages 24-25)
Apparentés étymologiques modifier
- geignard
- geignement
- geinte (« gémissement »)
Traductions modifier
- Ancien français : giembre (*)
- Anglais : moan (en)
- Espagnol : gemir (es)
- Finnois : voihkia (fi), ruikuttaa (fi)
- Francoprovençal : geindre (*)
- Néerlandais : klagen (nl), jammeren (nl), zeuren (nl)
- Normand : geindre (*), geinre (*), genre (*), gendre (*)
- Occitan : gemegar (oc), gimar (oc), renar (oc), sarralhar (oc)
- Polonais : jęczeć (pl), narzekać (pl)
- Portugais : gemer (pt)
- Russe : хныкать (ru) khnykať
- Same du Nord : fuoikut (*), fuoikit (*), fuoikkahit (*), lutnjat (*), luovdádit (*), biehkut (*)
- Suédois : jämra sig (sv), kvida (sv)
- Tchèque : fňukat (cs), sténat (cs), kňourat (cs), naříkat (cs)
Nom commun 1 modifier
Singulier | Pluriel |
---|---|
geindre | geindres |
\ʒɛ̃dʁ\ |
geindre \ʒɛ̃dʁ\ masculin
- Fait de se lamenter, de gémir.
Ça semblait comme le geindre d’un nourrisson.
— (Jean Giono, Un de Baumugnes, Grasset, 1929)
Nom commun 2 modifier
Singulier | Pluriel |
---|---|
geindre | geindres |
\ʒɛ̃dʁ\ |
geindre \ʒɛ̃dʁ\ masculin
- Variante de gindre, ouvrier boulanger.
- Et Mahoudeau exagérait ses brutalités voulues, les mains convulsées, ainsi qu’un geindre dont les poings pétriraient un monde — (Émile Zola, L'Œuvre, 1886)
- Avoue-toi cela, Vingtras ; ne mets pas à ton acquit la pâleur qui t’a envahi la face devant le geindre fusillé ! — (Jules Vallès, L’Insurgé, G. Charpentier, 1908)
Prononciation modifier
- France (Occitanie) : écouter « geindre [ʒɛ̃dʁ] »
- France (Lyon) : écouter « geindre [ʒɛ̃dʁ] »
- France (Toulouse) : écouter « geindre [ʒɛ̃dʁ] »
- Somain (France) : écouter « geindre [Prononciation ?] »
Paronymes modifier
Anagrammes modifier
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Références modifier
- ↑ « geindre », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- ↑ « geindre », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage