Français modifier

Étymologie modifier

Du latin sŭrgĕre (« se lever, se dresser »).

Verbe modifier

Voir la conjugaison du verbe sourdre
Infinitif Présent sourdre

sourdre \suʁdʁ\ ou \suʁ.dʁə\ intransitif 3e groupe, défectif (voir la conjugaison)

  1. (Littéraire) Jaillir, surgir, en parlant d’une source d’eau.
    • Les Mongols nous recommandèrent de suivre avec beaucoup de prudence les sentiers battus, et de nous éloigner des endroits où nous verrions l’eau sourdre et monter. — (Évariste Huc, Lettre à M. Etienne, Supérieur général, Annales de la propagation de la foi, 1847)
    • Déjà on entend le bruit de l’eau qui sourd du rocher par trois fissures et tombe d’assez haut dans un petit étang. — (Judith Gautier, L’Usurpateur., E. Flammario, 1875, tome 1, page 167)
    • Le voyageur lassé par une longue route dans le soleil, et qui s’essuie le front après avoir péniblement gravi une côte poudreuse, écoute avec délices le murmure d’une source froide qui vient sourdre au milieu de roches moussues et tombe en cascade argentine sur les feuilles découpées des fougères et sur les rameaux de cornouiller chargés de baies pierreuses. — (Marcel Schwob, La Moisson sabine dans Cœur double, 1891)
    • Cela donna au jeune forestier la certitude qu’il avait fait bonne route, puisque le ruisseau semblait sourdre des entrailles du plateau d’Orgall. — (Jules Verne, Le Château des Carpathes, J. Hetzel et Compagnie, 1892, pages 53-68)
    • Dès l’Antiquité, les hommes se sont rassemblés autour de ce lieu mystérieux. Les eaux sourdaient d’un marécage, qui par la suite fut assaini. — (F.L., Crues : la fosse Dionne à Tonnerre plus mystérieuse que jamais, France Télévisions. Mis en ligne le 9 janvier 2018)
  2. (Par analogie) Arriver comme d’un lieu caché, en parlant d’une manifestation physiologique.
    • Une larme sourd de mes yeux et, après avoir trembloté un instant à mes cils, coule au long de mes joues amaigries pour s’engouffrer dans les broussailles de ma rude moustache. — (Alphonse Allais, À se tordre : En voyage, Paul Ollendorff, 1891, page 256)
    • Il se rajusta, tant bien que mal, monta, ainsi qu’un homme pris de démence, dans sa chambre, trouva Louise, presque nue, en larmes ; et chez elle, l’énervement s’était si rapidement accru que les doigts tremblaient, en même temps que les dents entre la haie desquelles sourdaient des hoquets et des râles. — (Joris-Karl Huysmans, En rade, A. Blaizot, 1911, page 136)
    • Le long du poignard le sang commençait à sourdre, noir dans cette fausse lumière. — (André Malraux, La Condition humaine, 1946, rééditions Folio Plus Classiques, 2019, page 16)
    • Il fit une deuxième enjambée, puis une troisième, et c’était comme si la force de se soutenir contre la gravité sourdait à travers la longueur de sa cuisse, par son mollet, de ses bottes ferrées de vif. — (Alain Damasio, La Horde du Contrevent, 2004)
  3. (Par analogie) Arriver comme d’un lieu caché, en parlant de lumière.
    • Et déjà, du côté du lac encore visible entre les arbres, une lueur sourdait sous l’horizon en bleuissant un peu la neige : le lever de la lune était proche. — (Maurice Genevoix, Laframboise et Bellehumeur, Flammarion, 1959, page 59)
    • Résignées et point encore sorties de leur volonté de rire, les deux femmes massacrèrent d’une voix méchante un chant d’exorcisme, pendant qu’un dernier rayon sourdait à l’horizon, comme un bras de noyé. — (Francis Gruyer, Les ruines du soleil, Gallimard, 1979, page 192)
  4. (Sens figuré) Naître, se manifester, faiblement pour commencer, en parlant d’une idée ou d’une émotion.
    • À côté de l’idée de puissance commence à sourdre l’idée de justice. — (Théophile Gautier, Le Panthéon, peintures murales dans L’Art moderne, M. Lévy frères, édition de 1856, chap. 1)
    • Jacques savourait une joie de vivre jusqu’alors inconnue, s’appliquant à refouler les inquiétudes qui parfois sourdaient au fond de son cœur. — (Arthur Daxhelet, Cœur en détresse, 1897, édition de 1914, chapitre 3)
    • L’indifférence en matière de foi était devenue de règle, car d’hostilité on n’en sentait point trop encore ; à peine sourdait-elle, peut-être, dans quelques propos sacrilèges. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Trois semaines auparavant, en apprenant que la guerre était déclarée, Paul avait senti sourdre en lui, immédiate et implacable, la résolution de se faire tuer. — (Maurice Leblanc, L’Éclat d’obus, édition de 1923, chapitre 5)
    • Elle se gardait aussi de s’abandonner à la frénésie sentimentale qui sourd d’un passé récent, provoquée par des feuillets couverts d’écriture, un vieux parfum faible, la date d’un timbre postal. — (Colette, Le toutounier, 1939)
    • Le père Dubois connaissait bien cette nuit de l’hiver qui sourd du sol alors même que le ciel est encore plein de lumière et que le rouge et l’or sont partout sur les bois. — (Bernard Clavel, Les Fruits de l’hiver, chapitre 48, Robert Laffont, 1968)
    • Un étrange gémissement, rauque et sourd, presque inaudible, s’est mis à sourdre. — (Glen Cook, Le Château noir, 1984)
    • tu vois, je n’ai pas songé un instant à t’obliger à t’ouvrir complètement, à étaler ce qui t’emplit, ce que tu retiens, ce à quoi tu ne permets de s’échapper que par bribes, par bouffées, tu pourras en laisser sourdre un tout un petit peu… — (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 58)

Notes modifier

Ce verbe ne s’utilise normalement qu’à l’infinitif et à la troisième personne du présent et de l’imparfait de l’indicatif. On note toutefois de très rares exceptions :
  • D’autant plus qu’il fait très sombre à l’intérieur de la cabine. Elle n’offre plus d’autres source d’éclairage qu’un tremblotant filet lumineux sourdant d’un angle du faux plafond. — (Philippe Delaroche, Caïn et Abel avaient un frère, Éditions de l’Olivier / Le Seuil, 2000, page 340)
* Note d’Alphonse Allais (1854-1905) sur le verbe sourdre :
  • Il est malheureux que cette expression vieillisse, car elle est significative et utile. Amyot s’en est servi dans sa traduction de Daphnis et Chloé : « Il y avait en ce quartier-là une caverne que l’on appelait la caverne des Nymphes, qui était une grande et grosse roche, au fond de laquelle sourdait une fontaine qui faisait un ruisseau dont était arrosé le beau pré verdoyant. »

Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

Modifier la liste d’anagrammes

Références modifier

Ancien français modifier

Étymologie modifier

Du latin surgere.

Verbe modifier

sourdre \Prononciation ?\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Surgir.
    • Poür lur surt forment grande — (Les voyages de saint Brandan, édition de F. Michel, p. 44)
      Une très grande peur surgit sur eux (ici, figuré).
  2. Jaillir.
  3. Sourdre.

Variantes modifier

Dérivés modifier

Références modifier