huile d’Henri cinq
Étymologie
modifier- (1847)[1] Calembour ou pataquès fondé sur la paronymie entre « de ricin » et « d’Henri cinq ». « Henri V » est le nom de souverain par lequel les légitimistes désignaient Henri d'Artois (1844-1883), petit-neveu de Louis XVIII et prétendant à la couronne de France après la mort du dauphin Louis-Antoine d’Artois alias « Louis XIX », en 1844. Le jeu de mot prisé par la presse satirique était très irrévérencieux, l’huile de ricin étant alors utilisée comme un puissant laxatif. D’autre part, l’huile de ricin a été appelée ainsi par ignorance populaire, sans intention calembouresque[2].
Locution nominale
modifierhuile d’Henri cinq \ɥil d‿ɑ̃.ʁi sɛ̃k\ féminin, inusité au pluriel
- (Par plaisanterie) ou (Par confusion) (Désuet) Huile de ricin, utilisée comme laxatif.
— On m’empoigne, et en me regardant on me prend pour un légitimiste, tout ce qu’il y a de plus vieux en fait de parti. J’en fais une maladie. On m’ordonne un purgatif contre la bile : l’huile de ricin. — Ma portière continue à me compromettre en demandant chez l’apothicaire de l’huile d’Henri cinq.
— (Léo Lespès, Le thermomètre de l’âge d’un bel homme, mémento trouvé dans les papiers d’un dandy, Le Journal pour rire, 24/06/1857, page 3)On voit les Yonnais que n’empoignent un saucisson et trois litres de beaujolais (y en a encore malgré les blagues que l’on raconte), et tousses en chœur y vont n’à Rochecardon, sus l’herbe, faire une chouette boustifaille, et pis, après y pincent tous un rigodon. Si le grand air leur z’y fait l’effet de l’huile d’Henri cinq, y se gênent pas, y lâchent les soupapes, c’est pas les feuilles qui manquent...
— (Jean Guignol, Le mois de mai, L’ancien Guignol, 26/05/1883, page 2)— Une petite purgation ferait du bien à monsieur! Cinquante télégrammes d’huile d'Henri cinq, par exemple ?
— (Odysse Barot, Les concierges de Paris, deuxième partie, chapitre 12, La Lanterne, 21/12/1892, page 3)L’huile d’Henri Cinq, pour l’huile de ricin, se dit fort communément ; mais plus rares sont : la colle des femmes pour la colophane, le chauvinisme pour la calvitie, la surface des Indes pour le sulfate de zinc, la sainte oreille pour la centaurée, le baume de Paul de Koch pour le baume d’Opodeldock, le sirop de pépins cuits à Naples pour le sirop d’ipécacuana, l’autre scie pour l’autopsie, les Pyrénées pour le périnée, une potion à pioncer pour une potion opiacée, un cataplasme humiliant pour émollient, une luxure pour une luxation, le scapulaire pour le capillaire, le père Antoine pour le péritoine, l’eau d'Austerlitz pour l’eau de Sedlitz, le cosmétique pour l’émétique, un cuistre pour un kyste, un hippolyte pour un polype, une feuille de propriétaire pour une feuille de pariétaire...
— (Simplice, Causerie, La Petite Gironde, 20/02/1900, page 1)
Variantes
modifierPrononciation
modifier- France (Lyon) : écouter « huile d’Henri cinq [Prononciation ?] »
- Vosges (France) : écouter « huile d’Henri cinq [Prononciation ?] »
Références
modifier- ↑ Naïvetés, Almanach phalanstérien, Pagnerre, 1847, pages 222-223
- ↑ Paul Regnaud, Le Rig -Véda et les origines de la mythologie indo-européenne, Revue de l’histoire des religions, tome 19, 1880, pages 349-350