Français modifier

Étymologie modifier

(XIIe siècle) Du latin salire (« sauter, bondir », « couvrir une femelle (dans la langue des éleveurs) »). Dans son sens premier, le latin salire a été très tôt évincé par le verbe saltare (« sauter »)[1].

Verbe 1 modifier

saillir \sa.jiʁ\ intransitif 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. (Vieilli) Jaillir, sortir avec impétuosité et par secousses, en parlant des choses liquides.
    • Quand Moïse frappa le rocher, il en saillit une source d’eau vive.
    • Le sang saillissait de sa veine avec impétuosité.
  2. Sortir, déborder.
    • C’est qu’il faut voir ces brimborions, ces riens qui vous viennent à peine au genou : ces corps sans poids où saillissent des os de chat maigre, ces malheureuses frimousses cireuses ! — (Léon Frapié, La maternelle, Librairie Universelle, 1908)
    • Quand son frère sortit de la maison, il aperçut le doux visage de l’Anaïs, et en même temps la culotte à festons, les bas de coton noir serrés au-dessous du genou par les jarretières bleues. À cette vision, ses yeux saillirent, environ un pied et demi de leurs orbites, et y rentrèrent toutefois. — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 255)
    • Quand le piston revient en arrière, son extrémité saillit sous le réservoir, comme le jabot sous la tête du dindon mâle qui fait la roue devant sa compagne. Mais le métal du piston, lisse et huilé, est bien plus beau que le jabot craquelé du dindon. — (Roger Vailland, 325.000 francs, 1954, réédition Le Livre de Poche, page 94)
    • Sur son visage net et cruel, qu’affinait une barbe courte taillée en pointe de poignard, la crispation des mâchoires faisait danser les muscles et saillir les pommettes. — (Joseph Kessel, Les Cavaliers, Gallimard, 1967)
  3. (Vieilli) (Militaire) Faire une sortie, s'élancer avec force.
    • Las d’être bloqués dans notre salle, nous prîmes la résolution de saillir dehors, l’épée à la main. — (Chateaubriant, Mémoires d’outre-tombe, tome 1, 1848, page 211)
    • A l’arrivée des Anglois, aucuns compagnons saillirent, et il y eut par diverses fois, de gaillardes escarmouches. — (Jean Alexandre C. Buchon, Collection des Chroniques Nationales Françaises - XVe siècle, 1827, page 263)

saillir transitif

  1. (Vieilli) Couvrir une femelle.
    • Faire saillir une jument.
    • Cette poulinière a été saillie par un bel étalon.
    • « Le timonier est furieux parce que le capitaine lui a dit que sa mère avait été saillie par un bouc entre deux cochons morts. » — (Maurice Dekobra, La Madone des sleepings, 1925, réédition Le Livre de Poche, page 137)
    • Étendard, le taureau, occupé à saillir une vache dans la cour de la maison. […] Étendard sautait sur la vache, lui raclant les flancs entre ses sabots antérieurs, piaffant de l’arrière et poussant de la culotte, le collier rentré dans ses formidables épaules, les yeux jaillis et le mufle bavant. La famille regardait en silence, émue par cette chaleur de bêtes, suspendue à cette imminence, et quand Honoré avait saisi la flèche du taureau – non pas du geste auxiliaire qu’aurait eu le vétérinaire, mais avec une gravité d’officiant, une sollicitude amie – et qu’il l’avait guidée vers la vulve chaude, un murmure d’admiration était venu de toutes les lèvres. — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 174)

Notes modifier

On ne l’emploie guère qu’à l’infinitif et à la troisième personne de quelques temps : Il saillit. Il saillissait. Il a sailli. Il saillira.

Dérivés modifier

Traductions modifier

Verbe 2 modifier

saillir \sa.jiʁ\ transitif ou intransitif 3e groupe, défectif (voir la conjugaison)[2][3]

  1. (Architecture) Être en saillie ; déborder le mur.
    • Elle était hideuse ainsi. On voyait derrière ses lèvres relevées, débarrassées de rouge, décolorées et molles, ses dents malpropres ; un bourrelet de graisse saillait sous le menton. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 57)
  2. (Peinture) Donner beaucoup de relief, sembler sortir de la toile.
    • Il avait une cravache à la main, des houseaux aux jambes ; une jaquette courte faisait saillir son torse vigoureux. — (Jules Mary, La Pocharde, 1898, chap. 1, Paris : chez H. Geoffroy, 1904-1905, p. 5)
    • Les ombres bien ménagées font saillir plus ou moins les objets.
    • Les premiers plans ne saillent pas assez dans ce tableau.
    • Effort qui fait saillir les muscles, les veines.

Dérivés modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Références modifier

Ancien occitan modifier

 

Étymologie modifier

Du latin salire.

Verbe modifier

saillir

  1. Sauter, bondir.