gésir
Étymologie
modifierVerbe
modifiergésir \ʒe.ziʁ\ intransitif 3e groupe, défectif (voir la conjugaison)
- Être étendu ; être couché.
Çà et là gisaient des cadavres à demi dévorés par les bêtes fauves et les vautours.
— (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)Une centaine d’hommes gisent sur le pavé ; les uns sont tués roides, d’autres atteints mortellement.
— (Alfred Barbou, Les Trois Républiques françaises, A. Duquesne, 1879)Camus, au pied de l’arbre, gisait couché sur le dos, tout pâle, les yeux clos. Nul doute qu’il n’était monté à l’arbre et avait dégringolé.
— (Louis Pergaud, La Traque aux nids, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)Un scaphandrier islandais a plongé. Il a constaté que le Pourquoi pas ? gisait par 15 m de fond et que son étrave était brisée en quatre endroits.
— (José Gers, Sur la mort du Pourquoi pas ?, France libre, vol. 6, 1936)Sur l’établi du charpentier, un pied de chaise en réparation gisait à côté du ciseau qui ne l’avait qu’entamé […]
— (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)L’île de Makemo gisait à près de quatre-vingt milles de Raroia.
— (Alain Gerbault, À la poursuite du Soleil; t. 1, de New-York à Tahiti, 1929)Il farfouilla dans les papiers qui gisaient sur la table.
— (Henry Miller, L’ancien combattant alcoolique au crâne en planche à lessive, dans Max et les Phagocytes, traduction par Jean-Claude Lefaure, éditions du Chêne, 1947)- Ici-gît une feuille morte
Ici finit mon testament. — (Georges Brassens, Le Testament, in Je me suis fait tout petit, 1956) Je voyais donc que j’étais Ulysse après le naufrage, échoué sur une plage indéterminée, et avant d’y élaborer un plan je savourais l’étonnement d’avoir survécu, de posséder des organes intacts et un cerveau pas plus atteint qu’avant, et de gésir sur la partie solide de la planète.
— (Amélie Nothomb, Pétronille, Éditions Albin Michel, Paris, 2014, p. 13)
- (Sens figuré) Être caché, se trouver, consister.
J’ai moi-même gardé longtemps une sensation d’inquiétude générale […] Elle a eu pour origine le résidu, gisant dans le tréfonds de mon être, des conversations dont ma jeunesse fut bercée.
— (Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942)La question de savoir si une infraction a été commise dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire gît donc en fait et est dès lors laissée à l’appréciation souveraine du juge du fond.
— (Laurence Deklerck, Roland Forestini et Philippe Meurée, Manuel pratique d’impôt des sociétés, De Boeck Supérieur, 2003, page 369)La difficulté gît dans notre laborieux consentement à vraiment porter un autre regard sur l'autre.
— (Robert Henckes, Au rendez-vous de Cana, éditions Fidélité, Namur, 1999, page 125)- Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire ! où vis-je ? où vais-je ? — (Émile Nelligan, Soir d’hiver (poème), 1898)
Notes
modifier- Verbe défectif qui ne s’utilise surtout que sous certaines formes, dont gisant et l’épitaphe ci-gît untel. Mais on peut le retrouver parfois à de multiples temps :
Comme Mme Carlier tenait beaucoup à mettre à contribution le verbe gésir, d’un emploi si délicat qu’en cas de malheur il est réservé à l’élite du corps enseignant, le message du maire se terminait par ces mots, somptueux et parfaitement compréhensibles, malgré la complication ultime d’un double subjonctif :
— (Franz Bartelt, La mort d’Edgar, Gallimard, 2010, page 18 → lire en ligne)
« Celui qui gésit parmi nous, il gésira maintenant, là où gésissent ceux qui depuis le premier gisant ont été appelés à gésir ! Qu’il gésisse en paix ! Que la paix gésisse avec lui ! »
Dérivés
modifierProverbes et phrases toutes faites
modifierApparentés étymologiques
modifierTraductions
modifierÊtre étendu (1)
- Allemand : liegen (de)
- Anglais : lie (en)
- Arabe : يرقد (ar)
- Bambara : ka ida (bm)
- Basque : etzan (eu)
- Catalan : jeure (ca)
- Croate : počivati (hr)
- Danois : ligge (da)
- Dogon : dignin (*)
- Espagnol : yacer (es)
- Féroïen : liggja (fo)
- Grec : κείμαι (el) kíme
- Ido : jacar (io)
- Islandais : liggja (is)
- Italien : giacere (it)
- Kotava : senyé (*)
- Néerlandais : liggen (nl)
- Norvégien : ligge (no)
- Occitan : jaire (oc), jàser (oc)
- Polonais : leżeć (pl), spoczywać (pl)
- Portugais : jazer (pt)
- Roumain : zăcea (ro)
- Russe : лежать (ru)
- Slovaque : ležať (sk)
- Suédois : ligga (sv)
- Wolof : tëd (wo)
Prononciation
modifier- La prononciation \ʒe.ziʁ\ rime avec les mots qui finissent en \iʁ\.
- France (Muntzenheim) : écouter « gésir [ʒe.ziʁ] »
- France (Lyon) : écouter « gésir [ʒe.ziʁə] »
- France (Toulouse) : écouter « gésir [ʒe.ziʁ] »
- Somain (France) : écouter « gésir [ʒe.ziʁ] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes