Français modifier

Étymologie modifier

(Ouvrir un chemin) (XIIIe siècle)[1] Émile Littré[2] écrit : « [ce verbe] n'est pas très ancien, du moins on ne l'a pas au delà de Froissart.
  1. On peut croire qu'il est le même que froier (voyez le suivant), et qu'il vient, comme lui, du latin fricare, « frotter » ; mais le sens de frottement suffit-il pour expliquer le sens de frayer un chemin ?
  2. On peut penser qu'il est l'équivalent de l'ancien verbe froer (« briser ») ; ici le sens serait bon, car route est via rupta ; dans ce cas, l'assimilation aurait agi pour transformer froer en frayer.
  3. Enfin faut-il y voir un dérivé irrégulier de fractus (« brisé ») ? Le sens serait bon ; quant à la forme, elle serait bonne aussi ; car on l'a dans frayant et dans l'ancien verbe fraier (« briser »). »
Le TLFi[1] ne distingue pas ce verbe du suivant.
(Frotter, frôler, pondre ses œufs) En ancien français froier, du latin fricare (« frotter »)[1].
(Faire des frais) Déverbal de frais (« dépense »).

Verbe 1 modifier

frayer \fʁɛ.je\ ou \fʁe.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se frayer)

  1. Ouvrir une voie, rendre praticable un chemin, une route ; en écarter les obstacles.
    • C’était Jacques Balmat, ce guide intrépide qui, au milieu de mille dangers, atteignant le premier la sommité la plus élevée du Mont-Blanc, avait frayé le chemin à de Saussure. — (Alexandre Dumas, Impressions de voyage, Revue des deux Mondes tome 1, 1833)
    • Le chemin de fer longe une rapide rivière de montagne dans une vallée étroite ; il est suspendu sur une route frayée à la mine et traverse un tunnel toutes les demi-heures. — (Hippolyte Taine, Carnets de voyage : Notes sur la province, 1863-1865, Hachette, 1897)
    • Il avait remonté les crêts par un des milles[sic] sentiers que l’ingéniosité des contrebandiers leur fait sans cesse frayer à travers ces prés-bois et ces boqueteaux de sapins. — (Louis Pergaud, L’Évasion de Kinkin, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Ce ne fut plus entre les glaces, mais à travers une centaine de harenguiers norvégiens que nous avons dû frayer notre chemin. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Provincial, respectueux des gloires établies, il ignorerait longtemps encore qu’il est une autre gloire : celle qui naît obscurément, fraie sa route comme une taupe, ne sort à la lumière qu’après un long cheminement souterrain. — (François Mauriac, Le Mystère Frontenac, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 133)
  2. (Par extension) Faciliter l’accès ou l’accession à quelque chose.
    • Belle mentalité : je lui ai frayé le chemin à la présidence et maintenant, il me critique publiquement !

Dérivés modifier

Traductions modifier

Verbe 2 modifier

frayer \fʁɛ.je\ ou \fʁe.je\ transitif ou intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Frôler, frotter contre quelque chose, toucher légèrement quelque chose en passant.
    1. (En particulier) (Art) Frotter une lame à l’émeri pour y faire disparaître les raies qu’y a faites la meule.
      • Frayer une lame.
    2. (En particulier) (Chasse) Frotter ses bois pour en faire tomber le velours qui se desquame.
      • Le cerf fraye sa tête aux arbres pour détacher la peau de son bois.
  2. (Coutellerie) Tailler une fraye sur la lame d'un couteau.
  3. (Littéraire) Fréquenter, avoir des relations suivies ; se convenir mutuellement.
    • On le croit fier parce qu’il ne fraie avec personne, en fait, il est timide.
    • Généralement une fois l’explication donnée, Cottard disait : « Ah ! bon, bon, ça va bien » et ne montrait plus trace d’émotion.
      Mais cette fois-ci, les derniers mots de Swann, au lieu de lui procurer l’apaisement habituel, portèrent au comble son étonnement qu’un homme avec qui il dînait, qui n’avait ni fonctions officielles, ni illustration d’aucune sorte, frayât avec le Chef de l’État.
      — (Marcel Proust, Un amour de Swann, 1913, réédition Le Livre de Poche, page 40)
    • Yves reconnut un de ses camarades, un campagnard, pensionnaire et fort en gymnastique, avec lequel il ne frayait pas. — (François Mauriac, Le Mystère Frontenac, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 63)
    • — Ils sont en train de tondre les poules qui ont frayé avec les Fritz. — (Bernard Clavel, Les Fruits de l’hiver, chapitre 41, Robert Laffont, 1968)
    • Non contente d'être une laissée-pour-compte et une cossarde frayant avec des personnages douteux, la fille illégitime du candidat au Sénat Laurence Jeffries était aussi une traînée. — (Susan Wiggs, Avec vue sur le lac, traduction française de Karine Xaragai, Éditions Harlequin, 2014, 2021)
  4. (Ichtyologie) Se reproduire, en parlant des poissons.
    1. (En particulier) Pondre ses œufs, en parlant de la femelle qui les émet souvent en se frottant contre le sable ou le gravier.
    2. (En particulier) Féconder ces œufs, en parlant du mâle.
  5. (Numismatique) S’user, en parlant des pièces de monnaie.

Dérivés modifier

Traductions modifier

Verbe 3 modifier

frayer \fʁɛ.je\ ou \fʁe.je\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Dépenser, faire des frais.
    • On ne gagne pas à garder son vin. Ça fraye trop. — (Hamp, Champagne, 1909)

Dérivés modifier

Prononciation modifier

Références modifier

Moyen français modifier

Étymologie modifier

De l’ancien français fraier.

Verbe modifier

frayer *\Prononciation ?\

  1. Dépenser, payer (les frais).

Variantes modifier

Dérivés dans d’autres langues modifier

Références modifier

Ancien français modifier

Verbe 1 modifier

frayer \Prononciation ?\ (voir la conjugaison)

  1. Variante de fraier.

Verbe 2 modifier

frayer \Prononciation ?\ (voir la conjugaison)

  1. Variante de froier.

Prononciation modifier

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Paronymes modifier

Références modifier