blesser
Étymologie
modifier- De l’ancien français blecier et, plus avant, du gallo-roman *blettiare, « rendre blet (voir ce mot), meurtrir ».
Verbe 1
modifierblesser \blɛ.se\ ou \ble.se\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se blesser)
- Frapper d’un coup qui fait une contusion, une plaie, une fracture.
Trois hommes tombèrent. Un avait été tué raide d'une balle dans la tête. Les deux autres n’étaient que blessés.
— (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, tome 2, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, p. 243)- Il a été blessé d’un coup d’épée, d’un coup de bâton, d’un coup de pierre. Quand il est question de la Guerre, il ne se dit que de Coups qui font une plaie ou une fracture.
Cet officier n’a point encore fait de campagne qu’il n’ait été blessé.
Il n’a pas été blessé, il n’a reçu qu’une contusion.
- Occasionner, par choc, pression ou frottement, quelque plaie ou contusion.
Le canot bascule sur le berthon, se met à glisser vers l'avant écrasant une trentaine de personnes et blessant grièvement à la jambe Isaac Lehmann.
— (Philippe Masson, Les Naufrageurs du Lusitania et la guerre de l'ombre, Albin Michel, 1985, page 117)Le joug peut blesser les jeunes bœufs.
Cette selle blesse mon cheval.
- (Par extension) Causer seulement quelque gêne, quelque douleur.
Ces souliers me blessent.
- Vous ne savez pas où le bât le blesse. Voir bât.
- (Sens figuré) Causer une impression désagréable à la vue, à l’ouïe.
Les couleurs trop éclatantes blessent la vue.
Ces objets hideux blessent les regards.
Ce son blesse l’oreille.
— Contre le plus bas peuple de Paris, qui nous veut pour chefs, et que nous fuyons ; il est odieux : la vue, l’odeur, l’ouïe et le contact surtout sont par trop blessés, dit M. du Lude avec une gravité comique : c’est trop fort.
— (Alfred de Vigny, Cinq-Mars, Michel Lévy frères, 1863)
- Au sens moral, Offenser, choquer, déplaire, navrer.
Qu’a donc ce discours qui vous blesse ?
Je ne vois rien là qui puisse blesser.
Son orgueil en fut blessé.
- (Sens figuré) …
- Blesser quelqu’un au cœur, L’offenser dans ses affections, dans ses sentiments les plus chers.
- Ces images, ces paroles blessent la pudeur, Sont contraires à la pudeur.
Blesser les convenances, la vraisemblance, Faire ou dire quelque chose de contraire aux convenances, ou qui s’écarte de la vraisemblance.
Blesser les usages, les règles, les principes, le goût, etc.
Comme il connaissait le respect de M. Donis pour ce qui, de près ou de loin, touchait aux usages du savoir-vivre, il s’était imposé la règle de ne venir voir Marthe qu’après midi. C’était par peur de blesser ces usages qu’il avait refusé d’accepter la chambre que M. Donis lui offrait.
— (Hector Malot, La Belle Madame Donis, 1873)
- Faire tort, faire préjudice, porter dommage.
Jeanne n’était pas de la fête parce que, me dit-on, sa présence, contraire au règlement, aurait blessé l’égalité si nécessaire à maintenir entre tant de jeunes élèves.
— (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; réédition Le Livre de Poche, 1967, page .)Cela ne blesse personne.
La clause de cette transaction, de ce contrat blesse mes intérêts.
- Blesser l’honneur, la réputation de quelqu’un, blesser l’amitié, blesser la bonne foi, la justice, etc., Faire quelque chose contre l’honneur, contre la réputation de quelqu’un, contre ce qu’on doit à l’amitié, à la bonne foi, à la justice, etc.
Verbe 2
modifierse blesser pronominal
- Se faire du mal à soi-même par accident, par mégarde ou à dessein.
Prenez garde de vous blesser en maniant cette arme.
Ce poltron s’est blessé lui-même légèrement pour faire croire qu’il a pris part au combat.
Il s’est blessé en tombant.
- (Par euphémisme?) (Désuet) Faire une fausse couche.
Elle pensait que si Louise attendait un enfant, elle n'oserait jamais donner l'élan nécessaire au volant de crainte de se « blesser », comme on disait alors, c'est-à-dire de risquer une fausse couche.
— (Monique de Huertas, Louise de La Vallière, éditions Pygmalion/Gérard Watelet, Paris, 1998, page 76)
- (Sens figuré) S’offenser de quelque chose.
C’est un homme qui se blesse d’un rien.
C’est un homme qui se blesse aisément, qui se blesse de tout.
Synonymes
modifierDérivés
modifierProverbes et phrases toutes faites
modifierTraductions
modifierFrapper d’un coup qui fait une contusion, une plaie, une fracture (1)
- Albanais : lëndoj (sq)
- Allemand : verletzen (de), verwunden (de)
- Anglais : hurt (en), wound (en), injure (en)
- Basque : zauritu (eu)
- Vieil anglais : wundian (ang)
- Breton : gloazañ (br)
- Catalan : ferir (ca)
- Espagnol : herir (es), vulnerar (es)
- Espéranto : vundi (eo)
- Féroïen : særa (fo)
- Finnois : haavoittaa (fi)
- Flamand occidental : akmandeeren (*)
- Frison : blessearje (fy)
- Grec : πληγώνω (el), τραυματίζω (el)
- Grec ancien : ἑλκόω (*) elkoô, τιτρώσκω (*) titrôskô, τραυματίζω (*) traumatízô
- Ido : vundar (io)
- Indonésien : melukai (id)
- Italien : ferire (it)
- Japonais : 痛める (ja) itameru
- Kazakh : қажау (kk) qajaw, жаралау (kk) jaralaw, жарақаттау (kk) jaraqattaw
- Kurde : birrîn (ku), birîndar kirin (ku)
- Latin : ferio (la), vulnero (la)
- Lepcha : ᰜᰩᰭ (*), ᰝᰬᰳ (*)
- Néerlandais : kwetsen (nl), wonden (nl), verwonden (nl)
- Normand : blléchi (*), méhannyi (*), méhaunnyi (*)
- Occitan : ferir (oc), nafrar (oc), blessar (oc)
- Papiamento : eridá (*), heridá (*), hùrt (*)
- Picard : arder (*)
- Pirahã : xiití (*)
- Polonais : ranić (pl)
- Portugais : ferir (pt), vulnerar (pt)
- Romanche : blassar (rm)
- Russe : ранить (ru) ranit', язвить (ru) jazvíť, вредить (ru) vrediť
- Same du Nord : hávváduvvat (*), bávččagahttit (*), hávvádit (*), hávvádahttit (*)
- Suédois : såra (sv)
- Tchèque : ranit (cs), zranit (cs)
- Tsolyáni : nokháshtlu (*)
- Turc : yaralamak (tr)
Prononciation
modifier- \blɛ.se\ ou \ble.se\
- France : écouter « blesser [ble.se] »
- Français méridional : \ble.ˈse\
- Canada : \blɛ.se\
- France (Vosges) : écouter « blesser [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « blesser [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Références
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (blesser), mais l’article a pu être modifié depuis.