Français modifier

Étymologie modifier

Mot composé de ra- et battre.

Verbe modifier

rabattre \ʁa.batʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se rabattre)

  1. Rabaisser, faire descendre.
    • Madame Fusellier la conduisit dans le salon où elle alluma le feu. Et, comme le bois fumait et ne flambait pas, elle restait penchée, les deux mains sur les cuisses.
      — C’est la pluie, dit-elle, qui rabat la fumée.
      — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 365)
    • Les aéronats roulaient, tanguaient, dérivaient ; des rafales de grêle les rabattaient vers la terre […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 246 de l’édition de 1921)
    • […] il s'enlumina la trogne à la manière d'un clown ou plutôt d'un ivrogne, avant de rabattre sur son front une longue mèche de cheveux. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Il saisit Héloïse, l'enlève entre ses bras […], et la transporte doucement, parmi les couvertures qu'il rabat sur elle. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Sens figuré) Abaisser, réprimer.
    • Rabattre l’orgueil, la hauteur, le ton, la fierté de quelqu’un.
    • Le froid, la grippe, les difficultés d’un voyage en diligence vinrent rabattre beaucoup de leur enthousiasme. — (Julien Green, Nathaniel Hawthorne, dans Suite anglaise, 1927, Le Livre de Poche, page 123)
  3. Diminuer, retrancher de la valeur d’une chose, du prix qu’on en demande.
    • La consommation de stout, au lieu de saint-émilion, m’aurait rabattu environ quatre shillings et demi, soit vingt-six francs. — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Vingt-neuf mois d’exil, Grasset, réédition Le Livre de Poche, page 511)
    • Ces chiffres sont à rabattre, tenu compte de l'entrecroisement des sangs, le même aïeul se retrouvant fréquemment à l'intersection de plusieurs lignées, comme un même nœud à l'entrecroisement de plusieurs fils. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, pages 45-46)
    • Il faut rabattre beaucoup du prix que vous demandez.
    • Un marchand qui vend sa marchandise sans en rien rabattre.
    • Il n’en rabattrait pas un sou.
    • Rabattre de l’estime qu’on avait pour quelqu’un.
    • Il y a beaucoup à rabattre de ce qu’il dit.
    • Il faut en rabattre de moitié.
  4. Ramener vivement vers un endroit.
    • Le général rabattit l’ennemi sur ses positions.
    • L’armée ennemie se rabattit sur telle place.
    • — Moi, la première fois que j’ai donné un baiser à une femme, c’était sous un noyer, où nous avions été rabattus par une de ces averses de printemps… — (Paul-Jean Toulet, Mon Amie Nane, 1922)
  5. (Chasse) Battre la campagne pour pousser (le gibier) vers des filets ou des panneaux tendus, ou vers la ligne des chasseurs.
    • On fait du bruit pour rabattre le gibier.
  6. Fermer, clore.
    • Peu avant d'arriver à l'angle de l'aile, non loin du perron, ils remarquèrent une croisée sur laquelle étaient rabattus les contrevents tout de guingois et que l'on pouvait ouvrir facilement. — (André Dhôtel, Le Pays où l'on n'arrive jamais, 1955)
    • Penchée au-dessus du guéridon, elle choisit une cigarette dans le coffret dont elle rabattit le couvercle d'un coup sec [...]. — (Angelo Rinaldi, L'éducation de l'oubli, Denoël, 1974, page 281)
  7. (En parlant des plis d’une robe) Aplatir.
  8. (Escrime) Détourner (un coup), le rompre en rabaissant le fer de son ennemi.
  9. (Agriculture) Faire passer le rouleau sur les avoines déjà levées, pour aplanir la terre.
  10. Remplir (les ornières, les sillons) de la terre qui s’est élevée au bord.
  11. Tailler (un arbre, une branche) de manière qu’il ne soit plus aussi élevé ou que ce qui reste soit plus vigoureux.
    • Devant la façade s’étendait une étroite terrasse, que d’antiques mûriers, rabattus en forme de treille, allongeant et tordant leurs grosses branches, ombrageaient. — (Émile Zola, Le Docteur Pascal, G. Charpentier, 1893, chapitre III)
  12. (Pour le juge, à l’audience) Révoquer (le défaut qu’il avait donné contre une des parties, faute par elle d’avoir comparu).
  13. (Intransitif) Quitter un chemin et se détourner tout d’un coup pour passer dans un autre.
    • Quand vous serez en tel lieu, vous rabattrez à main droite. Il faut rabattre par tel endroit.
  14. (Intransitif) (Argot) Arriver, revenir, rentrer.
    • Tous les locataires ont vite rabattu dans ma piaule. — (Alexandre Breffort, Mon taxi et moi, Éditions de la Corne d'or, Nice, 1951)
    • D'ici que les flics rabattent dans le cirque, y’a pas des kilomètres. — (Robert Tachet, Alors, pommadé, tu jactes ?, Éditions le Condor, Paris, 1953)
    • Une femme mariée, sans doute, car certains jours le dab rabattait vers deux du mat’ ; […]. — (Albert Simonin, Une balle dans le canon, Série noire, Gallimard, 1958, page 147)
  15. (Sens figuré) (Péjoratif) Amener, par divers moyens de propagande, des clients à une entreprise financière, des adhérents à un parti, des recrues à une armée, etc.
    1. (En particulier) Celui qui recrute des prostituées.
      • — Il raccrochait des types chics dans les relations de sa famille et, n’osant pas tarifer ses propres faveurs, rabattait pour le petit truqueur et partageait la galette avec lui. — (Colette, La Retraite sentimentale, 1907)
  16. (Pronominal) (Sens figuré) Changer tout d’un coup de propos, après avoir parlé de quelque matière.
    • Après avoir parlé quelque temps de choses indifférentes, Il se rabattit sur la politique.
  17. (Pronominal) Se borner à quelque chose (faute de mieux).
    • Je me rabattis sur la fameuse glace aux amandes. — (Éric Neuhoff, La Petite Française, Albin Michel, 1997, page 192)
  18. (Pronominal) (Sports hippiques) En parlant d'un cheval dans une course hippique, venir à la corde.

Dérivés modifier

Prononciation modifier


Paronymes modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier