Voir aussi : theatre, théatre, Théatre

Étymologie

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(1213)[1][2] Issu du moyen français théatre, theatre[3], tiré de l’ancien français theatre[4] (source aussi de l’anglais theater[5], via le moyen anglais theatre[6]), theaitre[4], theautre[4]. Avec la diffusion du théâtre en France, le mot se répand dans les provinces et subit des altérations locales[4] (breton teat, vénitien telatro[4]). Emprunté au latin classique theatrum (« théâtre ; les spectateurs ; lieu où se produit une chose importante »)[1][4][5][2][7][8][9] (d’où l’espagnol teatro[5][10], l’italien teatro[5][11], le portugais teatro[12], le catalan teatre[13], etc.), lui-même emprunt du grec ancien θέατρον, théatron (« théâtre, lieu où on regarde »)[1][5][2][4][7][8][9][14][15].
L’origine exacte du terme est assez incertaine :
Il est peut-être issu de θεάομαι, theáomai (« regarder, contempler »)[1][15][16].
Soit directement tiré de θέα, théa (« contemplation ; spectacle ») avec le suffixe -τρον, -tron[2][17][18].
θέα, théa est peut-être un déverbal de θεάομαι, theáomai (« regarder, contempler »), θέα étant donc un dérivé régressif de ce dernier[17]. Cette théorie semble être appuyée par la chronologie des attestations[17]. Néanmoins, d’autres font de θεάομαι, theáomai un dénominatif de θέα, théa[15][17][18].
Les deux sont issus d’une racine *θᾱϜᾱ[17][18], qu’Oswald Szemerényi fait dériver d’une racine indo-européenne *dʰm̥su̯ā[17][18]. Robert Beekes juge cependant cette origine incorrecte, estimant que le mot n’a pas de cognats dans les autres langues indo-européennes, et le donne d’origine pré-grecque[17]. Le terme θαῦμα, thaûma (« objet d’admiration ou d’étonnement ») est probablement aussi issu de cette racine *θᾱϜᾱ[2][17][18].
Le terme est attesté pour la première fois en 1213 dans Li Fet des Romains (Faits des Romains), dans le sens antique « construction à ciel ouvert comprenant une scène et des gradins en hémicycle »[1][2]. Il s’applique ensuite au « lieu où l’on donne des spectacles », attesté en 1370[2][4]. Le terme désigne, au sens figuré, un « lieu où se déroule quelque chose », attesté vers 1360[2]. Il désigne en 1542 la « scène »[1].
Avec le développement du théâtre moderne au xvie siècle, le terme devient beaucoup plus prolifique[4][2], désignant un « ensemble d’œuvres dramatiques aux caractères ou à l’origine commune » dès 1561[1][2][9], et la « représentation » en 1636[2][9][15]. Le mot désigne également par métonymie l’« ensemble des acteurs et actrices » dès 1616[2], sens disparu mais dont le sens d’« entreprise se consacrant à la représentation de spectacles dramatiques, regroupant du personnel », attesté en 1693, existe toujours[2][4].
Au xviie siècle, le spectacle théâtral est théorisé[2], et le mot prend alors le sens d’« art du dramaturge, de composer des ouvrages dramatiques » et d’« art, profession du comédien » en 1657, dans La Pratique du théâtre de l’abbé d’Aubignac[1][2], puis du genre lui-même, englobant tous les éléments du spectacle théâtral (interprétation, mise en scène, décors, etc.)[2]. Dans de nombreux emplois, le terme est concurrencé par scène, ou les noms des sous-genres (comédie, tragédie, etc.)[2]. Avant 1759, il était d’usage de placer des spectateurs sur la scène[2][19], et le mot a ainsi désigné dès 1661 les bancs sur lesquels ceux-ci étaient assis[4]. Théâtre fut aussi employé avec le sens de « décor » dès 1694, sens aujourd’hui disparu[2].
Par analogie, il a autrefois désigné en marine le « gaillard d’avant », attesté en 1690[2][4], et l’« emplacement d’un bateau de guerre destiné à recevoir les blessés » en 1773[4]. Il a également désigné une « sorte de séchoir pour la poudre à canon » en 1730[4], puis un « espèce de chantier pour faire égoutter les morues » en 1772[2][4]. Le mot a aussi été utilisé pour désigner une « pile de bois à brûler dans un chantier » en 1765[4], et un « petit plancher sur lequel travaillent les tailleurs »[4]. Ces emplois techniques ont aujourd’hui disparu[2].

Attestations historiques

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  • (XIIIe siècle) Et por mielz feindre la chose, il ala avoec les citeains au theaitre […]. — (Anonyme, Li Fet Des Romains, 1213 – Louis-Ferdinand Flutre, K. Sneyders de Vogel, Li Fet Des Romains, volume 1, Slatkine, 1977, page 347 → lire en ligne)

Nom commun

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Singulier Pluriel
théâtre théâtres
\te.atʁ\
ou \te.ɑtʁ\
 
Un théâtre antique (sens 1)
 
Le théâtre de Zagreb (sens 2)
 
Une foule rassemblée devant un théâtre ambulant (sens 3)
 
Vue sur le théâtre depuis un balcon (sens 4)
 
Théâtre représentant une chambre d’hôpital (sens 5)
 
Tout le théâtre félicitant les acteurs (sens 7)
 
Théâtre d’ombres grec (sens 9)
 
La ville de Paris fut en 1871 le théâtre d’une insurrection (sens 10)
 
Une pièce de théâtre aux Pays-Bas (sens 11)
 
Le Mariage de Figaro, célèbre œuvre de théâtre (sens 12)
 
Deux acteurs et une actrice faisant du théâtre (sens 15)
 
Une personne se faisant exécuter sur un théâtre (sens 19)
 
Le théâtre d’une caraque (sens 21)
 
Théâtres dans un chantier (sens 24)

théâtre \te.atʁ\ ou \te.ɑtʁ\ masculin

  1. (Antiquité) Construction à ciel ouvert comprenant une scène et des gradins en hémicycle, destiné à la représentation de spectacles.
    • Quand on voit au théâtre de Dionysos les fauteuils de marbre qui entourent l’orchestre portant tous le nom du sacerdoce dont le titulaire devait y siéger, on dirait que ce fut ici une ville de prêtres ; et pourtant ce fut avant tout la ville des libres penseurs. — (Ernest Renan, Saint Paul, Michel Lévy, 1869, page 188)
    • Il est à peu près impossible de comprendre à fond l’art dramatique des Grecs sans avoir vu ce qui subsiste de leurs théâtres. D’abord on est disposé à croire que la voix devait se perdre dans une enceinte sans toit ; mais quand on a essayé de lire des vers sur la scène, presque entièrement conservée, de Taormine, ou en se plaçant au sommet des nombreux gradins du théâtre de Syracuse, on ne peut plus nourrir aucun doute à cet égard. — (Jean-Jacques Ampère, « La poésie grecque en Grèce. — Première partie », Revue des Deux Mondes, période initiale, tome 6, 1844, page 1012)
    • Mais de tout temps, même aux époques les plus reculées, un théâtre s’est composé, chez les Romains, des mêmes parties essentielles ; il y a toujours eu, sur un terrain en pente, et qui formait généralement un demi-cercle, des places pour les spectateurs assis ou debout ; au centre, un espace vide, qui est devenu l’orchestre ; en face, fermant le cercle et disposée pour être vue de tous les côtés, la scène, qui s’élevait à une certaine hauteur au-dessus de l’orchestre. — (Gaston Boissier, « À propos d’un théâtre antique », Revue des Deux Mondes, 4e période, tome 152, 1899, pages 304−305)
  2. (Construction) Lieu où l’on donne des spectacles (œuvres dramatiques, lyriques, musicales, chorégraphiques, etc.), comprenant diverses installations destinées aux spectacles ou au public.
    • Il n’avait pas dormi, cette nuit-là, car au sortir d’une soirée chez un agent de change, il était allé souper avec un ami et deux femmes, ramassées dans les coulisses d’un petit théâtre. — (Émile Zola, Au bonheur des dames, G. Charpentier et E. Fasquelle, 1883, page 37)
    • L’État, dispensateur de tous les privilèges, obligeait les théâtres à s’ouvrir en tout temps, de peur que les internés de Paris ne fussent privés de récréation pendant les soirées de juillet. — (Edmond About, Causeries, série 1, 1865, page 102 → lire en ligne)
    • Nous avons dit que l’absence de la plupart des artistes qui avaient quitté Paris avant les événements du 18 mars, en même temps que l’impossibilité de réaliser des recettes en présence des désordres révolutionnaires, obligèrent une fois de plus les théâtres à fermer leurs portes. — (Gustave Labarthe, Le Théâtre pendant les jours du Siège et de la Commune, 1910, page 116)
    • On arrivait de suite aux gradins supérieurs du théâtre par un escalier extérieur compris entre deux murs. — (Gustave Flaubert, Notes de voyages, Louis Conard, 1910, page 234)
    • Je dois aller dîner chez mon oncle et ma tante Garoutte. De là, selon le programme de ma soirée, j’ai à me rendre au théâtre du Gymnase pour voir jouer la Fille Tambour-Major. — (Léo Taxil, Les trois cocus, Librairie populaire, 1884, page 28)
  3. (Arts de la scène) Lieu où des représentations théâtrales sont jouées ; spectacle représenté dans ce lieu.
    • Alors, il comprit que c’était fini, bien fini, qu’il n’était pas assez malin pour aller au théâtre, et que ce plaisir était réservé à d’autres que lui. — (Georges Ista, Contes et nouvelles, tome 3, Imprimerie Bénard, 1917, page 70)
    • À la fin, resté seul sans le sou et sans aucune protection, il dut s’engager dans le misérable orchestre d’un petit théâtre ambulant, en qualité de premier et peut-être unique violon. — (Fiodor Dostoïevski, Niétotchka Nezvanova, 1917, page 10)
    • Et les places de théâtre que tu nous as promises, mon oncle ? — (Eugène de Mirecourt, Balzac, Gustave Havard, 1856, page 53)
    • Un jour, mes yeux furent frappés d’une grande affiche de théâtre posée sur les murs, et qui annonçait l’ouverture de la saison théâtrale. — (Gérard de Nerval, Voyage en Orient, Calmann Lévy, 1884, page 40)
  4. (En particulier) (Désuet) Scène, partie élevée où les acteurs, vus de tous les points de la salle, exécutent les représentations dramatiques.
    • Or, certainement, les acteurs qui représentaient les pièces de Térence, de Varus, de Sénèque, n’étaient ni des mimes, ni des danseuses de corde qui recevaient des soufflets sur le théâtre pour de l’argent, comme Théodora, femme de Justinien, qui fit ce beau métier avant que d’être impératrice. — (Voltaire, « 6259. — À M. Jabineau de La Voute », Œuvres complètes de Voltaire, Garnier, 1881, tome 44, pages 209)
    • Il sera curieux de la voir monter sur le théâtre ! Quant à moi, je ne suis bonne qu’à me tenir dans ma loge. — (Marivaux, Les Acteurs de bonne foi, Haut Cœur et Gayet jeune, 1825)
    • Bien que l’action du poëme dramatique doive avoir son unité, il y faut considérer deux parties : le nœud et le dénouement. Le nœud est composé, selon Aristote, en partie de ce qui s’est passé hors du théâtre avant le commencement de l’action qu’on y décrit et en partie de ce qui s’y passe ; le reste appartient au dénouement. — (Pierre Corneille, Corneille − Œuvres critiques, Hachette, 1862, page 104)
  5. (En particulier) (Vieilli) Décor.
    • Le théâtre change et représente une place publique ; à gauche, l’entrée d’une prison ; à droite, une chapelle ; dans le fond, un fleuve traversé par un pont. — (Jean-Guillaume-Augustin Cuvelier, La Pauvre fille ou La victime de la séduction, 1813, acte II, page 14 → lire en ligne)
    • Le théâtre représente une berge à la pointe d’une île sur la Marne et faisant face à la maison de Charenton. — (Charles Dupeuty et Ernest Bourget, Les Deux Pêcheurs, Michel Lévy, 1858, page 1)
  6. (Archaïsme) (Mobilier) Banc autrefois disposé des deux côtés de la scène pour des gens privilégiés.
    • J’étois sur le théâtre, en humeur d’écouter
      La pièce, qu’à plusieurs j’avois ouï vanter.
      — (Molière, Les Fâcheux, 1661)
  7. (Par métonymie) (Nom collectif) Ensemble des spectateurs et spectatrices assistant à une représentation théâtrale.
    • Tout le théâtre se lève ; nous quatre restons assises et ne chantons pas. — (Yvette Renaud, Mathilde Mir en Charente, 1996, page 31 → lire en ligne)
    • Selon le témoignage d’Hérodote, tout le théâtre se répandit en larmes et la représentation de la pièce fut interdite à jamais. — (Catherine Collobert, Parier sur le temps, Les Belles Lettres, 2011, page 196 → lire en ligne)
    • Il est vrai que cet acte retire Éraste de folie, qu’il le réconcilie avec les deux amants, et fait son mariage avec Cloris ; mais tout cela ne regarde plus qu’une action épisodique, qui ne doit pas amuser le théâtre quand la principale est finie ; et surtout ce mariage a si peu d’apparence, qu’il est aisé de voir qu’on ne le propose que pour satisfaire à la coutume de ce temps-là, qui étoit de marier tout ce qu’on introduisoit sur la scène. — (Pierre Corneille, Mélite, Édition Marty-Laveaux, 1910, page 140)
  8. (Par métonymie) (Commerce) Entreprise, en général liée à une salle de spectacle, qui se consacre à la représentation de spectacles dramatiques, et regroupant des artistes, du personnel technique et administratif.
    • En revanche le théâtre partit en tournée dans les pays occidentaux où l’accueil fut triomphal. — (Alexandre Zinoviev, Katastroïka, L’Âge d’Homme, 1990, page 107 → lire en ligne)
    • Mon oncle, c’est-à-dire mon père […], était parvenu, à force de chanter dans les rues les opéras de M. Cimarosa et de M. Mercadante, à captiver la faveur du public et à se faire engager, par le directeur du théâtre royal de Florence, comme premier sujet. — (George Sand et Jules Sandeau, Rose et Blanche, 1831)
    • Peu de temps avant la fin du spectacle, les employés du théâtre, en rouvrant toutes les portes, avaient trouvé le baron de Trenck évanoui au bas de l’escalier et baigné dans son sang. — (George Sand, Consuelo, J. Hetzel, 1855, page 271)
  9. (Par analogie) Petite construction où l’on donne un spectacle sans acteurs ou actrices.
    • La Larme du Diable a été représentée sur un théâtre de marionnettes, chez Judith Gautier, la fille aînée du poète, il y a quelques années, par des comédiens de bois et de carton, et les privilégiés qui ont pu l’entendre en ont gardé un souvenir d’art ineffaçable. — (Émile Bergerat, Souvenirs d’un enfant de Paris — Volume 1 : Les Années de bohème, Éditions Fasquelle, 1911, page 390)
    • Plus près de nous, parmi les impresario des théâtres de marionnettes, nous ne pouvons oublier Basté, qui, après avoir été quelque temps décrotteur, rue Sainte-Croix-des-Pelletiers, ouvrit dans la rue des Capucins un théâtre d’ombres chinoises. — (Amédée Fraigneau, Rouen Bizarre, 1888, page 336)
  10. (Sens figuré) Lieuse déroulent des actions remarquables, des évènement graves ou importants.
    • Tous les ambitieux qui ont paru jusqu’ici sur le théâtre de la Révolution ont eu cela de commun, qu’ils ont défendu les droits du peuple, aussi long-temps qu’ils ont cru en avoir besoin. — (Maximilien de Robespierre, Discours contre Brissot & les girondins, 10 avril 1793)
    • Ces deux anges faisaient pâlir par les vives couleurs de leurs yeux humides, […], les fleurs du tapis moelleux, ce théâtre de leurs ébats, … — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Quelques minutes lui suffirent à franchir la distance qui la séparait du théâtre du combat. — (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
    • Si […] je me suis décidé à ajouter ces pages à la vaste littérature marocaine, c’est que je crois sincèrement qu’elles pourront contribuer à mieux faire connaître le Maroc et à faciliter l’appréciation des événements dont ce pays est en ce moment le théâtre. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 8)
    • Quoi qu’il en soit, à 8 heures, infanterie et chars géorgiens pénètrent dans Tskhinvali, qui devient dès lors le théâtre de violents combats entre les troupes de Tbilissi, les miliciens ossètes et les soldats russes de la JPFK (force de maintien de la paix). — (« 8 août 2008 : la bataille de Tskhinvali », Courrier international, 8 août 2009 → lire en ligne)
    • Dans les semaines qui suivent, la place de la République à Paris et d’autres places dans d’autres villes de France deviennent le théâtre d’une occupation citoyenne. — (Catherine Vincent, « Un an après, Nuit (toujours) debout ? », dans Le Monde, 30 mars 2017 [texte intégral]. Consulté le 2 avril 2017)
  11. (Théâtre) Art, régit par différentes conventions, ayant pour objet la représentation d’une suite d’évènements par des comédiens, devant un public.
    • Un chariot comique contient tout un monde. En effet, le théâtre n’est-il pas la vie en raccourci, le véritable microcosme que cherchent les philosophes en leurs rêvasseries hermétiques ? — (Théophile Gautier, Le capitaine Fracasse, 1863)
    • Durant cette vie animée par les fêtes, par les angoisses de l’amour, par ses colères et par ses fleurs que tu me dépeins, et à laquelle j’assiste comme à une pièce de théâtre bien jouée, je mène une vie monotone et réglée à la manière d’une vie de couvent. — (Honoré de Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, A. Houssiaux, 1855, chapitre 25)
    • Voilà il me semble ce qui plus que toute autre chose est une vérité première : c’est que le théâtre, art indépendant et autonome, se doit pour ressusciter, ou simplement pour vivre, de bien marquer ce qui le différencie d’avec le texte, d’avec la parole pure, d’avec la littérature, et tous autres moyens écrits et fixés. — (Antonin Artaud, Le théâtre et son double, Gallimard, 1938, page 113)
  12. (Littérature) Genre littéraire regroupant les œuvres destinées à être jouées devant un public.
  13. (Littérature) Ensemble d’œuvres dramatiques ayant des caractères ou une origine en commun, issu d’un même courant, ou encore de la même époque.
    • Euripide a laissé entendre dans son théâtre qu’il ne faut pas croire aux mensonges de la fable et trahit parfois dans ses vers un agnosticisme complet. — (Louis Rougier, Histoire d’une faillite philosophique : la Scolastique, 1966)
    • Il y a dans le théâtre de Shakespeare tant de bouffonnerie et de batailles, le drôle en longue cotte bigarrée galonnée de jaune y paraît si souvent, que je ne crois pas vraisemblable qu’il ait pu se critiquer si sévèrement lui-même. — (William Shakespeare, traduction par François-Victor Hugo, Œuvres complètes de Shakespeare, tome XIII, Pagnerre, 1873)
    • Corneille lui-même avait donné le Menteur, pièce de caractère et d’intrigue, prise du théâtre espagnol, comme le Cid ; et Molière n’avait encore fait paraître que deux de ses chefs-d’œuvre, lorsque le public avait la Mère coquette de Quinault, pièce à la fois de caractère et d’intrigue, et même modèle d’intrigue. — (Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, Garnier, 1878, page 549)
  14.  (Sens figuré) (Désuet) Livre, recueil didactique, visant à présenter une vue d’ensemble d’un sujet. Note :  Se rencontre dans les titres d’ouvrages.
  15. (Métier) Activité de comédien, de comédienne ; profession d’actrice, d’acteur.
    • Un artiste comme lui, ayant du feu, du tempérament, capable de jouer d’une façon personnelle et supérieure tous les grands rôles du répertoire, on ne lui avait jamais distribué, depuis cinq ans qu’il faisait du théâtre, un seul rôle de plus de vingt lignes. — (Georges Ista, Contes et nouvelles, tome 3, Imprimerie Bénard, 1917)
    • Elle me raconta qu’après la chute de son frère, elle avait suivi un jeune négociant hollandais qui lui avait proposé de quitter le théâtre pour l’épouser. — (Dorvigny, Ma tante Geneviève, ou Je l’ai échappé belle, volume II, tome 3, 1800, page 91)
    • Tremblante, hors d’elle-même, n’ayant qu’un ſouffle, Lucette promet publiquement de renoncer au Théâtre ; chacun ſe réjouit de ſa ſoumiſſion : on l’aſſure qu’elle peut mourir en repos, qu’elle doit être certaine maintenant d’être comblée de la gloire des élus. — (Pierre-Jean-Baptiste Nougaret, Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766)
      Tremblante, hors d’elle-même, n’ayant qu’un souffle, Lucette promet publiquement de renoncer au théâtre ; chacun se réjouit de sa soumission : on l’assure qu’elle peut mourir en repos, qu’elle doit être certaine maintenant d’être comblée de la gloire des élus.
  16.  (Sens figuré) (Péjoratif) Comportement artificiel, attitude peu naturelle, exagération.
    • Cesse ton théâtre. Tu n’es pas maudit. Secoue-toi. Reprends-toi. — (Agnès Cattaneo, À perdre cœur, Gallimard, 1968 → lire en ligne)
    • Arrête ton théâtre, petit, je connais ton numéro. Tu crois que c’est la première fois que j’en pique, des gamins comme vous ? — (Olivier Paquet, Le Melkine − L'Intégrale, Éditions L’Atalante, 2014 → lire en ligne)
  17. (Afrique) (Théâtre) Représentation théâtrale.
    • La pratique de la bisexualité féminine est, aujourd’hui fréquente dans les établissements scolaires des grandes villes du Bénin notamment à Cotonou. L’évoquer dans un théâtre adapté aux adolescents est la chose la mieux souhaitée pour le redressement de la société. — (Esckil Agbo, Cahier d’histoires #3: Un théâtre tout simplement, 24 septembre 2015 → lire en ligne)
  18. (Missouri) (Louisiane) (Construction) (Cinéma) Lieu où l’on projette et regarde collectivement des films (sous l’influence de l’anglais américain movie theater).
  19. (Argot) (Désuet) (Sens figuré) (Mort) Échafaud, guillotine.
    • Si ta larcque n’est pas franche, elle nous conduira droit au théâtre. — (Louis Ansiaume, Glossaire argotique des mots employés au bagne de Brest, 1821)
  20. (Marine) (Désuet) Emplacement dans la cale ou sur le faux-pont d’un bateau de guerre, près de la grande écoutille, destiné à recevoir et soigner les blessés lors d’un combat.
    • Le théâtre ou poste de chirurgien est compris entre les cloisons de la cambuse et de la fosse aux câbles, dans tout l’espace qui est au-dessus de la grande cale ou cale à l’eau ; il doit être absolument vide de tout ce qui pourrait gêner les malades ou blessés, et contenir ce qui regarde les médicamens et les choses propres aux pansemens. — (Jacques-Pierre Bourdé de La Villehuet, Le Manœuvrier, 1814, pages 329−330)
  21. (Marine) (Désuet) Ancien nom du gaillard d’avant, partie surélevée à l’avant du pont supérieur d’un bateau.
    • Le château de proue ou château d’avant, le gaillard d’avant ou le théâtre, eſt l’exhauſſement qui eſt à la proue des grands vaiſſeaux au deſſus du dernier pont vers la miſaine ; c’eſt le lieu où ſont les cuiſines. — (« CHÂTEAU », dans [Jésuites de] Trévoux, Dictionnaire universel françois et latin, 1704–1771 → consulter cet ouvrage)
      Le château de proue ou château d’avant, le gaillard d’avant ou le théâtre, est l’exhaussement qui est à la proue des grands vaisseaux au dessus du dernier pont vers la misaine ; c’est le lieu où sont les cuisines.
  22.  (Pêche) (Désuet) Sorte de chantier utilisé pour faire égoutter les morues qu’on vient de laver.
    • Ce théâre eſt donc deſtiné à mettre les Morues s’égoutter, & voici comme on les arrange ſur les membrures. — (Henri Louis Duhamel du Monceau, Traité général des pesches, seconde partie, 1772, page 75 → lire en ligne)
      Ce théâtre est donc destiné à mettre les morues s’égoutter, et voici comme on les arrange sur les membrures.
  23. (Artillerie) (Technique) (Désuet) Sorte de séchoir pour la poudre à canon.
    • Derrière l’ouvrier placé devant la table de pesage, sont trois vaisseaux contenant chacun l’une des trois matières ; et à mesure que les boisseaux sont garnis, ils sont portés et rangés sur un théâtre destiné à les recevoir, de manière à séparer la composition de chaque moulin à poudre. — (Jean-Joseph-Auguste Bottée de Toulmon, Jean René Denis Riffault, Traité de l’art de fabriquer la poudre à canon, 1811, page 417 → lire en ligne)
  24. (Bois) (Désuet) Pile de bois à brûler dans un chantier.
    • Si on élevoit les piles ſimples à 30, 40, 50, 60 pieds de hauteur, elles courroient riſque de s’écrouler ou d’être renverſées par le vent ; les Marchands évitent cet inconvénient en joignant pluſieurs piles enſemble pour en former un théâtre. — (Henri Louis Duhamel du Monceau, Du transport, de la conservation et de la force des bois, 1767, page 28 → lire en ligne)
      Si on élevait les piles simples à 30, 40, 50, 60 pieds de hauteur, elles courraient risque de s’écrouer ou d’être renversées par le vent ; les marchands évitent cet inconvénient en joignant plusieurs piles ensemble pour en former un théâtre.
  25.  (Couture) (Technique) (Désuet) Petit plancher sur lequel travaillent les tailleurs.

Synonymes

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Quasi-synonymes

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Antonymes

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Dérivés

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Apparentés étymologiques

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Vocabulaire apparenté par le sens

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Hyperonymes

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Hyponymes

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Méronymes

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Holonymes

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Traductions

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Dérivés dans d’autres langues

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Prononciation

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Homophones

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Paronymes

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Anagrammes

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Voir aussi

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Références

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Sources

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  1. a b c d e f g et h « théâtre », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v Alain ReyDictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1992 (6e édition, 2022)
  3. « théâtre », dans Dictionnaire du moyen français (1330-1500), 2010, 4e édition → consulter cet ouvrage
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p et q « théâtre », dans le FEW (Französisches Etymologisches Wörterbuch), 1922-2002 → consulter cet ouvrage
  5. a b c d et e (En anglais) Douglas Harper, Online Etymology Dictionary, 2001–2025 → consulter cet ouvrage
  6. “théâtre”, dans Middle English Dictionary, Université du Michigan, 2000-2018 → consulter cet ouvrage
  7. a et b Jean Dubois, Henri Mitterand, Albert Dauzat, Dictionnaire étymologique et historique du français, Éditions Larousse, 2007, ISBN 978-2-03-588829-7
  8. a et b Oscar Bloch et Walther von WartburgDictionnaire étymologique de la langue française, 2e éd., Paris, Presses universitaires de France, 1950 ISBN 978-2-13-056621-2
  9. a b c et d Le Grand Robert de la langue française, Le Robert, 2005-2025 (version de démonstration)
  10. Real Academia EspañolaDiccionario de la lengua española, 23e édition → consulter cet ouvrage (teatro)
  11. « teatro », dans Treccani, Dictionnaire, encyclopédie et thésaurus italien en ligne → consulter cet ouvrage
  12. « teatro » dans le Dicionário Priberam da Língua Portuguesa.
  13. « teatre » dans le Gran Diccionari de la Llengua Catalana, Grup Enciclopèdia Catalana
  14. Félix GaffiotDictionnaire latin français, Hachette, 1934 → consulter cet ouvrage
  15. a b c et d Jean-Paul Colin, « Théâtre, t’es âtre. Ou : Les braises du feu sacré », Coulisses, 1994, no 10 → lire en ligne
  16. « théâtre », dans Anatole BaillyDictionnaire grec-français, Hachette, 1935 → consulter cet ouvrage
  17. a b c d e f g et h Robert Beekes, Etymological Dictionary of Greek, Leiden Indo-European Etymological Dictionary Series, volume 10, Brill, 2009, ISBN 978-900417418-4, page 536
  18. a b c d et e Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Klincksieck, 1968, page 425 → lire en ligne
  19. « théâtre », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
  20. a et b Alain Lerond, Dictionnaire de la prononciation, Éditions Larousse, 1980, ISBN 978-2-03-340101-6, page 421
  21. André Thibault, Une histoire d’A sur Français de nos régions, 5 juillet 2018. Consulté le 15 juillet 2018

Bibliographie

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