Voir aussi : monstré

Français modifier

Étymologie modifier

(1694) Du latin monstrum (« avertissement céleste, prodige »).[1].
Note : Le terme vient du latin monstrare, montrer, indiquer, rattaché au latin monere, avertir, lequel n’est pas forcément péjoratif. L’écart avec la norme est à double sens, la frontière s’effaçant entre les monstres et les merveilles.

Nom commun modifier

Singulier Pluriel
monstre monstres
\mɔ̃stʁ\

monstre \mɔ̃stʁ\ masculin (pour une femme ou une femelle, on dit : monstresse)

  1. (En parlant d’une personne) Qui a une singularité remarquable. → voir monstre de foire
    • Les rois sont dans l’ordre moral ce que sont les monstres dans l’ordre physique. L’histoire de rois est le martyrologe des nations. — (Henri Grégoire, Séance de la Convention du 22 septembre 1792)
    • Le monstre est un individu dont l’apparence voire le comportement surprend par son écart avec les normes d’une société. Ses caractéristiques peuvent être physiques, morales ou intellectuelles. Donald Trump correspond exactement à cette définition. — (Denise Bombardier, Donald Trump, le monstre, Le Journal de Montréal, 7 novembre 2020)
  2. (Anatomie) Individu difforme.
    • le monstre ne paraissait donc avoir que trois bras , deux bien conformes et placés en leur lieu naturel, et un troisième lacé entre les deux corps; — (Dictionnaire des sciences médicales, Panckoucke, 1819, page 163)
  3. (Péjoratif) Personne d’aspect effrayant.
    • Là-bas, au fond du couloir, devant le lavabo, ma maman disparaît pour laisser place à un monstre affreux. Un monstre avec une figure toute verte. — (Sophie Loubière, Le monstre dans la salle de bains, Univers Poche, 2012)
    • Gem Lé moch’
      Les monstres qu’ont pas b’soin d’antivol.
      — (Stupeflip, Gem lé moch sur l’album The Hypnoflip Invasion, 2011)
  4. (Mélioratif) Personne charmante.
    • « Quel joli monstre ! » s’écria ma mère. « Quel charme ! » murmura mon père. Ils étaient ravis. — (Simone Leroux, ‎Roger Paré, Gracieux le monstre, Éditions La courte échelle, 2002)
  5. (Sens figuré) Personne cruelle et dénaturée.
    • Vuillet était la bête noire d’Aristide. Il ne se passait pas de semaine sans que les deux journalistes échangeassent les plus grossières injures. En province, où l’on cultive encore la périphrase, la polémique met le catéchisme poissard en beau langage : Aristide appelait son adversaire « frère Judas », ou encore « serviteur de saint Antoine », et Vuillet répondait galamment en traitant le républicain de « monstre gorgé de sang dont la guillotine était l’ignoble pourvoyeuse. » — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, page 99)
    • Byron faisait souffrir les autres, il les méprisait, c'était un monstre qui ne vivait que pour lui-même. — (Masaki Yamada, Ada, Actes Sud Littérature, 2014)
  6. (Sous la forme : un monstre de) Précise la nature du défaut ou du vice.
    • Ce vieillard est un monstre d'avarice. — (Dictionnaire universel françois & latin, Volume 2, Ganeau, 1704)
  7. (Par hyperbole) Personnalité remarquable par son talent. → voir monstre sacré
    • Un Spinosa, ce monstre, qui après avoir embrassé différentes religions, finit par n'en avoir aucune, n'était pas empressé de chercher quelque impie […] — (Démonstrations évangéliques, tr., reproduites intégralement, annotées et publ. par L. Migne, Volume 8, 1843, page 241)
  8. (Affublé d’un adjectif donnant un caractère péjoratif ou mélioratif)
    • Parmi ceux qui contribuèrent à créer ce monstre frankensteinnien que fut le gangster Crowley, […] — (Jean-Noël Blanc, Polarville : Images de la ville dans le roman policier, FeniXX, 1990)
    • Le petit monstre était le surnom qu'un instituteur de l'école primaire donna gentiment à « Ella Keane ». — (Sue Nudosa, Le petit monstre, Le Lys Bleu Éditions, 2018)
  9. (Sous la forme : un monstre de) Précise le domaine dans lequel s’exerce le talent.
    • Le monstre de travail que je suis pourrait imposer son style en l'espace de quelques temps […] — (Ferhat Rehane, Mon monstre, éditions Eyrolles, 2010, page 67)
  10. (Péjoratif) Personne dont la non-conformité d'esprit ou de comportement face au groupe humain inspire la crainte ou l'horreur au sein de la population générale.
    • Mais les pires de ces monstres qui pensaient singulièrement étaient ceux qui pratiquaient quelque vertu ; ils faisaient bien plus peur quand on ne pouvait les mépriser tout entiers. — (Marguerite Yourcenar, L'Œuvre au noir, Troisième Partie « La prison », chapitre « L’acte d’accusation », Gallimard, Paris, 1968, page 307)
  11. (En parlant d’une créature imaginaire) (Sens figuré) Être légendaire affublé d’un pouvoir psychologique.
    • […] et le Démon profite de cette accalmie pour entrer en scène.
      Il lui apparaît sous des formes belliqueuses de monstres, casse tout, fuit, en s’effumant dans des buées puantes ; […].
      — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
  12. (Par analogie) Animal de grande taille. → voir monstre marin et monstre du Loch Ness
    • Le monstre plongea comme la première fois ; mais on eut le temps d’allonger plusieurs lignes les unes au bout des autres, et lorsqu’il reparut , il ne nageait plus qu’avec peine. — (Armand Dubarry, Le roman d'un baleinier, Didier & cie, 1878, page 162)
  13. (Mythologie) Créature que le héros doit combattre.
    • « Kevin contre la GroKo », cela pourrait être le titre d'une épopée enfantine et chevaleresque où un jeune héros finit par terrasser le monstre et réveiller la belle princesse endormie. Mais c'est bien autre chose. — (Thomas Schnee, Kevin contre la GroKo, dans Marianne, n° 1092 du 16 au 22 février 2018, page 44)
  14. (Par hyperbole) Ce qui est extrêmement laid.
    • Quand les temps sont durs et que la souffrance risque de dépasser ses forces de résistance, le paysan ira rendre visite au génie protecteur du village, petit monstre hilare ou grimaçant et barbouillera prudemment ses lèvres gourmandes des restes d’un pot d’opium ? […]. — (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, page 20)
  15. (Sens figuré) (En parlant d’une chose) Objet ou situation inhabituelle, qui sort de l’ordinaire.
    • Ce n'est pas qu'il n'ait pu exister quelque monstre extraordinaire ; l'histoire rapporte des exemples de ce genre qu'on ne — (M. Faillon, Monuments inédits sur l’apostolat de S.Marie Magdaleine en Provence, Migne, 1859, page 507)
  16. Figuration dramatique liée à cette chose.
    • Soudain, le monstre de la guillotine nous regarda avec ses deux poteaux noirs et le couperet suspendu. — (Ivan Tourgueniev, L'Exécution de Troppmann, avril 1870, traduction française de Isaac Pavlovsky, publiée dans ses Souvenirs sur Tourguéneff, Savine, 1887)
    • Une féroce grimace se peignit sur ses traits et il s'élança vers le monstre en compagnie de ses guerriers. Il trancha la première liane sans même s'arrêter et l'appendice végétal mourut dans une pluie de feuilles desséchées. — (Richard Ford, Le Seigneur des cendres : Havrefer, tome 3, Bragelonne, 2017)
  17. Objet de proportions hors norme.
    • Il était bulliste, conducteur de bulldozer. La puissance de son engin rejaillissait sur lui, il savait dominer les monstres des Blancs. — (Michel Croce-Spinelli, Aurélien le Magnifique, Éditions Bernard Grasset, 1978, p. 161)
    • On croit que la ville garantit l'histoire parce que, à l'échelle d'un homme, elle fait figure de monstre. — (Frédéric Jaccaud, Monstre [une enfance], Calmann-Lévy, 2010)
  18. (Sport) Machine puissante, généralement bruyante.
  19. (Familier) (En apposition) Un être ou une chose énorme, extraordinaire.
    • […] transformé en une immense cuisine d'où venait de sortir le dîner monstre que le prince royal offrait à ses compagnons d'armes. — (Adrien Pascal, Vie militaire, politique et privée de son altesse royale Mgr. le Duc d'Orléans, Dumont, 1842, page 54)
  20. Création défiant l’imagination.
    • Sutherland a-t-il donc créé de toutes pièces ces monstres végétaux ? […] avec d’autres monstres qui ne sont ni végétaux, ni animaux, encore moins humains […] — (Marcel Brion, Art fantastique, A. Michel, 1961, page 25)
  21. Artefact innovant.
    • De l’état d’incubation, le contrat passait à l'état d'éclosion, et l'être nouveau était déjà un monstre formidable, la démocratie. — (Eugène Roquette, De la Monarchie et de la république, Volume 8, Lambert de La Douasnerie, 1875, page 148)
  22. (Art) Le modèle type d’une machine, d’un dispositif.
    • En neuf années, dont trois d'essais en soufflerie supersonique, les ingénieurs de North American réussissent à mettre au point le monstre dont deux exemplaires sont construits. — (Jean-Pierre Pharabod, AVNI : Les armes volantes non identifiées, 2000)
  23. (Vieilli) Un premier projet, une ébauche non définitive.
    • Avant de vous mettre à la rédaction définitive de votre ouvrage, vous m’en soumettrez un monstre. — (Mots et dictionnaires, volume V, Presses Universitaires de Franche-Comté, page 1303)
  24. Anomalie contre nature. Singularité qui subvertit l’ordre.
    • Il faut donc convenir du fait pour les fleurs doubles : sauf à remarquer que ce sont de fort jolis monstres. — (Louis Cousin-Despréaux, Le livre de la nature, La société national, 1840, page 59)

Synonymes modifier

Antonymes modifier

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

  •   monstre figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : dragon.

Traductions modifier

Adjectif modifier

Singulier Pluriel
monstre monstres
\mɔ̃stʁ\

monstre \mɔ̃stʁ\ masculin et féminin identiques

  1. (Populaire) Monstrueux, difforme,
  2. (Familier) Colossal, prodigieux.
    • J'ai un boulot monstre et je dois partir en vacances ce soir. Je ne sais pas comment je vais faire.
    • Elle me conte un bateau monstre que lui a monté Thomaron. — (Jehan Rictus, Journal quotidien, cahier 101, page 196, 23 mars 1922)
    • La vaccination monstre, de toute la ville, à la mairie, contre la variole, parce que plusieurs personnes en sont mortes à Vannes. — (Annie Ernaux, Les années, Gallimard, 2008, collection Folio, page 58)
    • Malgré tout, l’autoroute près du port a été aménagée pour recevoir les poids lourds en cas d’embouteillage monstre. — (Eric Albert, Brexit : Dublin et Londres se préparent au « no deal », Le Monde. Mis en ligne le 9 octobre 2019)

Synonymes modifier

→ voir énorme#Synonymes

Antonymes modifier

Traductions modifier

Forme de verbe modifier

Voir la conjugaison du verbe monstrer
Indicatif Présent je monstre
il/elle/on monstre
Imparfait
Passé simple
Futur simple
Subjonctif Présent que je monstre
qu’il/elle/on monstre
Imparfait
Impératif Présent (2e personne du singulier)
monstre

monstre \mɔ̃tʁ\

  1. Première personne du singulier du présent de l’indicatif de monstrer.
  2. Troisième personne du singulier du présent de l’indicatif de monstrer.
  3. Première personne du singulier du présent du subjonctif de monstrer.
  4. Troisième personne du singulier du présent du subjonctif de monstrer.
  5. Deuxième personne du singulier de l’impératif de monstrer.

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

Références modifier

Catalan modifier

Étymologie modifier

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Nom commun modifier

Singulier Pluriel
monstre
\Prononciation ?\
monstres
\Prononciation ?\

monstre \Prononciation ?\ masculin

  1. Monstre.

Prononciation modifier

Normand modifier

Étymologie modifier

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Nom commun modifier

monstre \Prononciation ?\ masculin

  1. Monstre.

Références modifier