Voir aussi : pincér

Français modifier

Étymologie modifier

(XIIe siècle) avec le sens de « saisir d’amour » ; d’un radical expressif pints[1] que l’on retrouve dans l’espagnol pinchar (« piquer ») ou l’italien pinzare (« piquer en parlant d’un insecte »), lequel radical est issu[2], par nasalisation du radical pic (« pointu ») que l’on retrouve dans le néerlandais pitsen, l’allemand pfitsen, l’espagnol pizcar, le valaque pitziga.

Verbe modifier

pincer \pɛ̃.se\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Serrer fortement avec une pince, avec des tenailles ou autres instruments semblables.
    • Pincez bien cette barre de fer pour la mettre au feu. — Vos tenailles sont faussées, elles ne pincent plus.
  2. Serrer fortement avec des doigts, ou un objet, conçu comme une pince, ou autre chose.
    • Pincer quelqu’un fortement.
    • Ce perroquet lui a pincé le doigt avec son bec.
    • Cette porte m’a pincé les doigts.
  3. Rapprocher en serrant fortement.
  4. Causer une douleur, produire une sensation vive et désagréable.
    • Évidemment, le vent de nord, là-dedans, devait pincer ferme. — (Jean de La Varenne, Versailles, Paris, éditions Henri Lefebvre, 1959, page 174)
    • La position est inconfortable et le froid pince à cette altitude. Je ne parviens guère à fermer l’œil. — (Louis Chabert, Une enfance en hiver, La Fontaine de Siloé, Montmélian, 2006, page 189)
  5. (Sens figuré) Causer une vive douleur morale.
    • Quand elle le vit accoster de l’autre côté du canal et prendre Marguerite au passage, le dépit la pinça dur et cependant, peu après, quelque chose en elle se détendit… — (Ernest Pérochon, Les Gardiennes, 1924, réédition Les Moissons, 2021, page 259)
  6. (Sens figuré) Surprendre, saisir, prendre sur le fait.
    • Oh ! mais avant tout, j’ai le plaisir de t’annoncer une bonne nouvelle ; j’ai pincé ma femme, cette nuit, en flagrant délit d’adultère. — (Georges Feydeau, Monsieur chasse !, 1892, acte III, scène 6)
    • — Fichtre ! reprit Honoré, je vais me faire pincer, moi, si je ne suis pas là pour l’appel… — (Émile Zola, La Débâcle, chapitre I, 1892)
    • Elle fit de fausses sorties, elle rentra plus tôt qu’elle ne l’eût dû pour les surprendre ; elle rentra plus tard pour leur donner confiance par la suite. Jamais elle ne les pinça. N’importe, un jour ou l’autre elle les pincerait. — (Charles-Louis Philippe, Dans la petite ville, 1910, réédition Plein Chant, page 107)
    • […] car ils n’étaient venus, loin de leur brigade, s’aposter en cet endroit que pour en pincer un autre, le surnommé Souris, […]. — (Louis Pergaud, L’Évasion de Kinkin, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Vivier. Vieux sénateur. Vieux cochon. Bon républicain. S'est fait pincer vingt fois dans un édicule municipal en posture d'exhibitionniste. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 184)
    • Le second de ces personnages est un médecin marron, qui s'était fait pincer deux fois ans un trafic d’héroïne. — (Lucien Rebatet, Les deux étendards, tome 2, Éditions Gallimard, 1951, page 503)
    • « Monsieur Bonnicar, voilà vos petits pâtés !… » dit tout à coup une voix près de lui. Et le bonhomme, en levant la tête, fut bien étonné de voir le petit garçon de chez Sureau, qui s’était fait pincer avec les pupilles de la République. — (Alphonse Daudet, Les petits pâtés, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, réédition Le Livre de Poche, 1974, page 143)
  7. (Familier) Être puni de quelque imprudence qu’on a faite.
    • Il a voulu jouer gros jeu, il s’est fait pincer, il a été pincé.
    • Il a fait des spéculations de Bourse et il y a été pincé.
  8. (Sens figuré) (Familier) Être amoureux, aimer.
    • J’ai une histoire de cœur, une maîtresse qui m’avait beaucoup pincé, très ému, une charmante petite femme […] — (Guy de Maupassant, Les Tombales, dans La maison Tellier, 1891, réédition Le Livre de Poche, page 61)
    • « Prenez garde à l’amour ; il est en train de vous pincer, et j’ai le devoir de vous prévenir comme on prévient, en Russie, un passant dont le nez gèle. » — (Guy de Maupassant, Au printemps, dans La maison Tellier, 1891, réédition Le Livre de Poche, page 210)
    • Peut-être qu’avant le mariage il pinçait déjà en cachette la Julie. Alors tout ce manège, toute cette comédie, ne visait qu’à lui faire endosser, à lui le patron bonne poire, la paternité du moutard. — (Louis Pergaud, La Vengeance du père Jourgeot, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  9. (Musique) Faire vibrer les cordes d’un instrument en les serrant et les tirant avec les doigts.
    • Tous les soirs, Rousseau venait pincer de la guitare sous sa fenêtre, et le roi, qui était jaloux, le guettait souvent, et a fini par le faire mourir. — (Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Angélique, 1854)
    • A droite du piano, le violoncelliste émergeait de la fosse, la tête appuyée contre la crosse de son instrument dont il pinçait les cordes en regardant fixement devant lui. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
  10. (Agriculture, Arboriculture, Jardinage) Couper, généralement avec le bout des doigts ou avec l’ongle, une partie de plante pour empêcher qu’elle ne pousse trop au détriment d’autres ou éliminer des parties malades ou parasitées.
    • Pincer les petits bourgeons d’un arbre.
    • Lorsque, vers la fin mars, le plant porte 2 à 5 feuilles, déterrez-le délicatement et pincez le jeune pivot de la radicule pour provoquer une ramification qui facilitera les transplantations futures. — (Daniel Brochard et Jean-Yves Prat, Le traité Rustica des arbres fruitiers, éditions Rustica, 2020, ISBN 978-2-8153-1533-3)
  11. (Manège) Approcher l’éperon du flanc du cheval, sans donner de coup ni appuyer.
    • Pincer du droit, du gauche.
    • Pincer des deux.
  12. (Marine) Aller au plus près du vent.
    • Pincer le vent.
  13. (Cuisine) Faire rissoler fortement.
  14. (Cuisine) Utiliser le pince-pâte sur les bords d’une tarte.
  15. (Argot policier) Mettre les menottes[1].
    • Il a osé pincer les deux hommes de Pat Poker!… — (Morris [Maurice de Bevere], Lucky Luke contre Pat Poker, éditions Dupuis, 1970, page 15)
  16. (Médecine vétérinaire) Morsure d’animal pas violente.
  17. (Désuet) (Familier) Attraper une maladie.

Synonymes modifier

Acte de justice (5)
→ voir arrêter.

Dérivés modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier