Français modifier

Étymologie modifier

(Siècle à préciser) De l’ancien français bourbeter, bourbouter (« patauger dans la bourbe ») ou barbeter (« parler dans sa barbe, grommeler ») ; « il est certain que très tôt les deux mots se sont mutuellement influencés pour le sens et la forme[1] ». L'ancien français est issu du gaulois *borua.

Verbe 1 modifier

barboter \baʁ.bɔ.te\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (S’)agiter dans l’eau ou la boue.
    • Un jour, je jetai dans un fossé plein d’eau Jules et sa sœur, et je me sauvai, les laissant barboter et se débattre. — (Comtesse de Ségur, Mémoires d’un âne, 1860)
    • Il y a quelque chose de profondément jouissif dans le fait d'imaginer les millions de gens en doudoune qui se caillent les miches en France à l'heure où je barbote dans cette eau à trente degrés. — (Gabriel Katz, N'oublie pas mon petit soulier, éd. Le Masque, 2015)
    • Depuis quand c’est devenu un problème d’État de ne pas pouvoir aller dans un centre d’amusement ou barboter dans une piscine pendant un congé scolaire ? — (Geneviève Pettersen, On s’en fait trop avec la relâche, Le Journal de Québec, 19 février 2021)
    • Les canards barbotent dans la mare.
    1. (Chimie) Passer à l’état de bulles dans un liquide, en parlant d’un gaz.
    2. Marcher péniblement dans l’eau sale ou dans la boue, patauger.
      • […] le captif avait toute liberté d’aller disputer sa pitance parmi les chiens, licence de barboter dans la boue en dehors des remparts, autour du camp volant, aux abords de l’aoul, sur la place du village, dans la cour de la caserne. — (Blaise Cendrars, Bourlinguer, Denoël, Paris, 1948, page 383)
    3. Avancer lentement, avec difficulté, sur l’eau, avancer difficilement en plongeant par l’avant → voir barbeyer et ralinguer.
    4. Agiter la boue, la vase pour y rechercher quelque chose, y chercher sa nourriture, en fouillant bruyamment avec le bec.
      • Les oiseaux aquatiques qui barbotent dans les vases des rivières pour y chercher des racines ou des vers, ont le bec large et aplati, tels que les canards, les oies, les cygnes. — (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, 1814, page 90)
  2. Être embourbé dans une situation confuse, difficile ou dégradante.
    • […] le parti pris de souffrir dans une sphère élevée au lieu de barboter dans les marais d’une vie de province, comme avait fait sa mère. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Pourquoi, lorsque vous voyez Mme Prudhomme coudoyer Nana, déclarer que la première est vertueuse ? La vertu c’est de ne pas se noyer. La dame n’a jamais barboté dans la misère, vous ne savez pas si elle surnagerait. — (Léon Frapié, La Maternelle, 1904, page 156)
    1. Faire le trottoir.
  3. (Par analogie) Bredouiller, marmonner, parler d’une manière confuse, s’embrouiller dans ses explications.
    • Pareils à des vendangeurs pressés foulant le raisin de la cuve, tous deux barbotent dans le latin de la messe, en envoyant des éclaboussures de tous les côtés. — (Alphonse Daudet, Les trois messes basses, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, réédition Le Livre de Poche, 1974, page 200)
    • Selon l’exemple fameux de ce philosophe, l’homme qui disait « ma cour s’est envolée dans la poule de mon voisin » exprimait encore une vérité sur la situation de ses organes parleurs, ou pour autrement dire, sur la disposition de son imagination qui lui faisait prononcer un mot pour un autre. Et n’est-il pas évident qu’un homme qui veut être parfaitement sincère doit barboter n’importe comment. — (Alain, Propos, 1934, page 1229)
  4. (Par analogie) (Spécialement) Se livrer à des opérations financières douteuses, malhonnêtes ; trafiquer.
    • Pourtant, d’assez gros bénéfices s’annonçaient sur l’emprunt mexicain […] un emprunt de gâchis et de primes folles, dans lequel Saccard regrettait mortellement de n’avoir pu barboter davantage, faute d’argent. — (Émile Zola, L’Argent, 1891, page 176)
  5. (Populaire) Dérober, voler.
    • On décroche la montre et on barbote dans les tiroirs. — (G. Grison, Paris horrible et Paris original, 1882)
    • Duchotel, pincé. — Mais elles y sont… Ah ! ça ! est-ce que tu crois que j’ai barboté dans les poches ? — (Georges Feydeau, Monsieur chasse !, 1892)
    • « Ce qu’il faut, c’est deviner l’endroit où elle sera à la fin de cette journée, m’y rendre avant elle, être là quand elle y arrivera, et profiter de la première occasion pour barboter les pierres précieuses. » — (Maurice Leblanc, La Comtesse de Cagliostro, 1924)
    • Barboter des voitures la nuit, on n’y perd pas son temps, quoique à r’vendre une bonne bagnole neuve d’occasion, t’en tire rien. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • – Après tout, ce n'est pas méchant de barboter quelques tubes de rouge à lèvres à votre âge… — (Patrick Modiano, Une jeunesse, Gallimard, collection Folio, 1981, page 44)

Variantes orthographiques modifier

Synonymes modifier

Dérivés modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Traductions modifier

Verbe 2 modifier

barboter \baʁ.bɔ.te\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Tremper, plonger dans l’eau.
    • On entendait, du rez-de-chaussée au sixième, des bruits de vaisselle, des poêlons qu’on barbotait, des casseroles qu’on grattait avec des cuillers pour les récurer. — (Émile Zola, L’Assommoir, 1877, page 422)
    • […] je nourris mes fourrages pour y accumuler les sucs, sachant que le cheval est avant tout herbivore, que le râtelier importe autant que la mangeoire avec ses grains, ses carottes ou fèves, et le son barboté. — (Joseph de Pesquidoux, Le Livre de raison (2e série), 1928, page 203)
    1. Donner du barbotage.
      • L’habitude de donner à barboter, une fois par semaine, aux chevaux échauffés et brûlés par l’avoine. — (L’Avranchin, 3 décembre 1876)
  2. Fouiller pour voler.
    • Enfin, nous y voilà !… cria le duc [à Eugène …] Avoue donc que tu lui as barboté les poches [au prince] pour reprendre des papiers que voulait le mari. — (Alphonse Daudet, La Petite Paroisse, 1895, page 303)
  3. Voler.
    • On m’a bien ramené jusqu’au cantonnement sur une civière, mais non sans profiter de l’occasion pour me barboter mes deux sacs en toile cachou. — (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932, page 28)
  4. (Sens figuré) Voler une idée.
    • L’objectif le plus manifeste de la stratégie de Lacan, c’est de prendre la place de Freud (on a vu qu’il essayait même de lui barboter la découverte de l’inconscient). — (François George, L’Effet ’Yau de Poêle de Lacan et des lacaniens, Hachette, 1979, page 109)

Variantes orthographiques modifier

Synonymes modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier

Gallo modifier

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Verbe 1 modifier

barboter \Prononciation ?\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (graphie ABCD)

  1. (Sud de la Haute-Bretagne) (Rare) Salir.

Verbe 2 modifier

barboter \Prononciation ?\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison) (graphie ABCD)

  1. (Côtes-d’Armor) Boire.

Références modifier

  • Régis Auffray, Le Petit Matao, Rue des Scribes, 2007, 1000 pages, ISBN 978-2-90606464-5, page 105