Français modifier

Étymologie modifier

(Verbe) De l’ancien français bevvre (Xe siècle), beivre, boivre, du latin bĭbĕre (« boire »). Le radical bev- (bevons, bevez, bevant) est devenu beuv- puis buv- par labialisation. beuv- a été conservé dans beuverie (→ voir breuvage).
(Nom 1) Déverbal du verbe.
(Nom 2) De l’ancien français buire (« bief, écluse »)[1]. Littré[2] le rapproche également de buire (« pot à anse ») avec le sens de « anse ».

Verbe modifier

 
Une femme en train de boire. (1)
 
Un tigre en train de boire. (1)

boire \bwaʁ\ transitif, intransitif ou pronominal 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se boire)

  1. (Transitif) Mettre un liquide dans sa bouche et l’avaler.
    • Pour couronner le tout, mon avocat se laisse aller sur son banc, tombe en faiblesse, et ne revient de son évanouissement qu’après avoir bu un verre de vinaigre des quatre-voleurs. — (Louis Huart, Physiologie de l’avocat, in Le Musée pour rire, tome premier, Aubert, Paris, 1839)
    • J’ai retrouvé ici la coutume américaine de ne boire aux repas que de l'eau ou du lait. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 46)
    • Depuis le 24 janvier nous sommes en ramadan, neuvième mois de l’année lunaire mahométane, pendant lequel tout bon musulman s’abstient de manger, de boire, de fumer, bref, de toute jouissance charnelle, depuis l’aube jusqu'au coucher du soleil. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 126)
    • Au bout d’une vingtaine de mètres, il s’arrêta devant un restaurant, une boîte à bon marché, et nous invita à entrer avec lui, histoire de manger et de boire un peu. — (Henry Miller, L’Ancien Combattant alcoolique au crâne en planche à lessive, in Max et les Phagocytes, traduction de Jean-Claude Lefaure, Éditions du Chêne, 1947)
    • Si je ne vieillis pas, gamin, c’est que je bois la sève des bouleaux au printemps. Ça dépure, ça fait pisser par pintes. — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  2. (Sens figuré) Absorber avec avidité quelque chose d'immatériel.
    • Elle buvait ses paroles.
    • – Est-elle jeune?
      – Elle doit l'être.
      – À quoi jugez-vous cela?
      – À sa voix que j'ai entendue, à sa main que j'ai touchée, à son haleine que j'ai bue.
      — (Alexandre Dumas, Le comte de Moret (Le sphinx rouge), 1865, II, 3)
  3. Franchir un obstacle avec facilité.
    • — Je n’ai peur d’aucun instant futur. Le pire événement, je passerais dessus, comme sur ce caillou. Mon pneu le boirait… à peine une petite secousse… — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 76)
  4. (Intransitif) Boire de l’alcool avec excès ; s’enivrer.
    • C'est alors que l'on commence à boire d'une façon plus suivie; à l’œnolisme aigu, succède peu à peu l’œnolisme chronique que nous constatons le plus souvent aujourd'hui, du moins chez l'ouvrier qui, imbu du préjugé que le vin donne des forces, arrive à boire, en moyenne, de 2 à 3 litres de vin par jour. — (Paul Carnot et Etienne Lancereaux, Intoxications, J.-B. Baillière et fils, 1907, page 209)
    • Et lui qui buvait rarement et fort peu prit coup sur coup deux pleins verres de kirsch, de notre kirsch qui fait dans les soixante et qui vous met le feu aux veines pour une grande journée. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 16)
    • Ses économies sombraient, son ventre poussait, mais il ne s'en préoccupait guère; il buvait à longueur de temps avec ceux qui voulaient bien le suivre. — (Michaël Perruchoud, Poil au temps, Éditions L'Âge d’Homme, 2002, page 99)
    • (Par extension)Ces loustics prennent l’argent, vont le boire ou le dissiper au jeu et, comme renseignements, ceinture. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
  5. (Intransitif) (Par extension) Absorber du liquide.
    • Ce papier boit, l’encre passe au travers.
    • L’éponge boit, elle absorbe l’eau.
  6. (Par ellipse) Être sur le point de se noyer.
    • Quand on vint à son secours, il commençait à boire.
  7. (Familier) Porter un toast à.
    • Le Prince était perdu dans ses méditations. Il les interrompit cependant pour boire à l’Empereur, en levant une coupe de champagne. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 147 de l’édition de 1921)
  8. (Pronominal) Être bu, pouvoir être bu.
    • La tisane se boit chaude.
    • Je me fais un rouge limé. Drôle de goût, mais ça se boit. — (Michel Viala, Post-sapiens, 1995, page 65)

Notes modifier

Ce verbe a de nombreux emplois intransitifs, il est fréquemment utilisé sans complément d’objet direct (« Bois ! Ça te fera du bien. », « Cet homme passe son temps à boire. », etc.). Il arrive que le complément d’objet direct soit simplement implicite, et donc omis.

Synonymes modifier

Mettre un liquide dans sa bouche et l’avaler
Boire de l’alcool avec excès
Absorber du liquide

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Proverbes et phrases toutes faites modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

  •   boire figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : boisson.

Traductions modifier

Nom commun 1 modifier

Singulier Pluriel
boire boires
\bwaʁ\

boire \bwaʁ\ masculin

 
Cinq boires de Pimm’s (1)
  1. Ce qu’on boit à ses repas.
    • Les boires doivent donc procurer les éléments nutritifs essentiels, mais il faut également veiller à ce qu’ils soient ressentis par l’enfant comme une expérience chaleureuse et enrichissante. — (Jocelyne Martin, Isabelle Falardeau, Céline Poulin, Le Bébé en garderie, PUQ, 1992, page 108)
    • Le boire et le manger.
  2. Fait de boire.
    • Le boire alcoolique ne signifie pas du tout la même chose selon le mode de représentations dans lequel il s’inscrit. — (Pascale Ancel, Ludovic Gaussot, Alcool et alcoolisme : pratiques et représentations, 1998, page 213)
    • La notion ancienne de « gloutonnerie » qui enveloppait le boire et le manger excessifs dans une même condamnation morale et religieuse est ici dépassée. — (Thierry Fillaut, Myriam Tsikounas, Histoire et alcool, 1999, page 86)
  3. (Spécialement) (Québec) Têtée, séance d’allaitement.
    • Un sevrage « partiel » consiste à remplacer au moins un boire par une tasse ou un biberon et à poursuivre l’allaitement le reste du temps.

Dérivés modifier

Traductions modifier

Nom commun 2 modifier

Singulier Pluriel
boire boires
\bwaʁ\

boire \bwaʁ\ féminin

  1. Dans la vallée de la Loire, ancien bras du fleuve qui n'est reconnecté à celui-ci que lors des hauts débits[3], et qui forme une anse le reste du temps.
    • Il y a près de notre village une belle boire.
  2. (Pêche) Communications que les mares, fossés ou chantepleures ont avec les rivières, ou bien fosses pratiquées sur les bords des rivières.
    • La pêche ne peut être affermée au profit de l’État dans les boires creusées de main d’homme.
    • Alors qu’il [Gargantua] s’apprêtait à franchir la Loire d’un seul bond du côté de Blaison-Gohier, il fut soudain pris d’une envie pressante qu’il assouvit illico en ouvrant sa braguette, créant ainsi une boire à côté du fleuve. — (Pierre-Louis Augereau, Les Secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire, Cheminements, 2004, page 284)

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

  • boire sur l’encyclopédie Wikipédia  

Références modifier

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Picard modifier

Étymologie modifier

Du latin bĭbĕre.

Verbe modifier

boire \bweʁ\ masculin

  1. Boire.

Apparentés étymologiques modifier

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Références modifier

  • Jean-Baptiste Jouancoux, Études pour servir à un glossaire étymologique du patois picard, volume I, 1880.