Voir aussi : méttre

Français modifier

Étymologie modifier

(Vers 1050) Du moyen français mettre[1], de l’ancien français metre, du latin mittere (« envoyer »)[2].

Verbe modifier

mettre \mɛtʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se mettre)

  1. Placer une personne, ou un animal, ou une chose dans un lieu déterminé.
    • Tous les millions que je possède je les ai mis dans un grand coffre, sous le tombeau de Charlemagne, à Aix-la-Chapelle. — (Raymond Queneau, Les Derniers Jours, Gallimard, collection Blanche, 1936)
    • Mettre un cheval dans l’écurie, à l’écurie; un oiseau dans une cage, en cage. — Mettre du foin dans le grenier, au grenier. — Mettre du bois dans la cheminée.
  2. Placer, dans un certain rapport de position, un être animé avec un autre, ou une chose avec une autre, ou un être animé avec une chose.
    • On m’a mis à côté de lui à table.
    • Mettre un gigot à la broche.
    • Mettre des marchandises à bord d’un navire.
    • Mettre la main à la plume.
  3. (Par extension) (Par ellipse) (Vulgaire) En parlant du pénis, permet d’évoquer un rapport sexuel.
    • Tu parles d’une obsédée : tout le temps à raconter comment son mari la lui a mise !
    • (Québec) Ils pensent rien qu’à se mettre, les adolescents.
  4. Envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir, en parlant des personnes.
    • La dame Labache ne pouvait indiquer le moment. En raison du changement d’heure, survenu la même nuit, la déposante hésitait : elle avait, en se mettant au lit, retardé sa pendule pour s’épargner la peine d’y penser le lendemain […] — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Mettre un enfant dans un collège, au collège ; dans une pension, en pension; dans une école, à l’école.
    • (Par extension) Mettre quelqu’un dans les affaires, dans le commerce, dans l’industrie.
    • (Par extension) Mettre un enfant en nourrice, en apprentissage.
  5. (Sens figuré) Établir ; conférer un emploi.
    • Mettre un prince sur le trône.
    • Mettre quelqu’un dans un poste.
  6. Condamner à ; en parlant de certaines peines qu’on inflige, qu’on fait subir.
    • Mettre un homme en prison, au cachot, aux arrêts, à l’amende.
    • Mettre un enfant en pénitence.
  7. (Par extension) Infliger une correction.
  8. Réduire, en parlant d'une personne.
    • Mettre un homme à la mendicité, en chemise, à sec.
    • Mettre quelqu’un aux abois, à quia, à bout.
    • Mettre un homme à la retraite, en réforme.
  9. Revêtir, enfiler sur soi, en parlant de ce qui sert à l’habillement, à la parure.
    • Les vieillards étaient prêts. On leur donna des galettes, on leur cousit des sacs, on leur coupa des bandelettes neuves; ils mirent des chaussures neuves, prirent avec eux une paire de lapti de rechange et partirent. — (Léon Tolstoï, Récits populaires, trad. de Charles Salomon, éditions Rencontres, Lausanne, 1961, page 378)
    • Mettre sa chemise, son habit, ses souliers, ses gants, son chapeau, etc.
    • Il était simplement mis, mais élégamment vêtu d'un pourpoint de drap violet foncé avec do légères broderies de soie de même couleur. — (Alexandre Dumas, Les Deux Diane, 1847, chapitre 1)
  10. (Quelquefois) Porter habituellement sur soi.
    • Il ne met pas de manchettes.
  11. (Cuisine) Accommoder, apprêter d’une certaine façon, en parlant des choses qui se mangent.
    • Mettre une carpe à l’étuvée, au bleu, en matelote; un poulet en fricassée; un lièvre en pâté; des épinards au jus; des œufs à la poulette; des fruits en compote.
  12. Placer ou employer d’une certaine manière, en parlant de l’argent qu’on possède.
    • Mettre son argent, ses fonds dans une entreprise industrielle.
    • Mettre son argent en rentes, en viager, à fonds perdu.
    • Il a mis beaucoup d’argent au jeu.
  13. (Agriculture) Ensemencer, planter, employer d’une certaine manière, en parlant des terres.
    • On combat l’ivraie annuelle par des assolements; elle ne repousse pas dans un champ mis en luzerne ou en trèfle; s'il est ensemencé en pois gris ou en vesces, elle se trouve étouffée; enfin, elle périt sous les binages […]. — (Ch. de Bussy, Dictionnaire usuel et pratique d'agriculture et d’horticulture, Paris : Humbert libraire-éditeur, 1863, page 390)
    • Mettre une terre en blé, en orge, en seigle, en avoine. — Il a mis son terrain en vigne, en bois, en jachère.
  14. Écrire sur le papier, dans un livre.
    • Il a mis cette remarque en marge.
    • Il a mis son nom au bas de la lettre.
    • Il fut mis sur la liste.
    • Il mit ses raisons par écrit.
    • Mettre un mot en italiques.
  15. (Au sens physique ou moral) Faire passer d’un état à un autre, en parlant des personnes et des choses — Note : Dans cette acception, le complément est souvent précédé de la préposition en.
    • Mettre une chose en morceaux, en pièces, en poudre, en poussière, en cendre.
    • Mettre une vigne en espalier.
    • Mettre une armée en bataille, en ligne.
    • Mettre du latin en français.
    • Mettre des paroles en musique.
    • Les 180 rescapés qui se trouvaient à bord de l’Ocean Viking ont enfin pu débarquer la nuit dernière à Porto Empedocle, en Sicile, après 11 jours d’une attente inutile qui a mis des vies en danger. — (180 rescapés débarqués cette nuit après 11 jours d’attente insupportable, sosmediterranee.fr, 7 juillet 2020)
  16. (Quelquefois) Ajouter à quelque chose une partie qui y manque.
    • Ça me fait penser à allumer la téloche pour regarder les infos de 9 h. J'attrape la télécommande et je mets la dix. — (Boris Tzaprenko, Noti Flap, vol.2 : Tribulations détectivesques méziguifères, (autoédition), 2013, page 96)
    • Mettre un manche à un balai, un pied à une table, une corde à un violon, un bouton à un habit, une roue à une voiture, un fer à un cheval.
  17. (Par extension) Action, pour un marchand, d’ajouter de la marchandise dans la partie destinée à un client.
  18. Employer ses qualités et ses dispositions morales, les manifester dans ses actions, dans ses discours, dans ses ouvrages.
    • Mettre de la bonne foi, de l’adresse, de la réserve, de la modération, du mystère, de la discrétion dans sa conduite.
    • Mettre de la passion, de la haine, du ressentiment, de la colère, de l’injustice dans une action.
    • Mettre de la douceur, de la sévérité, de l’aigreur, de la dureté dans ses discours, dans ses réprimandes.
    • Mettre de la chaleur, de la vivacité dans ses paroles.
    • Mettre de l’esprit, du jugement, du goût, de l’imagination, de l’art, du sentiment dans ses écrits.
    • Mettre de l’âme, de l’expression dans son chant, de l’accent dans son langage.
  19. (Absolument) Miser.
    • Mettre au jeu. : Mettre à la loterie.
  20. (Familier) Admettre, supposer. — Note : Il est alors généralement suivi de que et d’un verbe conjugué à l’indicatif ou au subjonctif.
    • On commence par dire, mettons, que les éléphants c’est trop gros, trop encombrant, qu’ils renversent les poteaux télégraphiques, piétinent les récoltes, qu’ils sont un anachronisme, et puis on finit par dire la même chose de la liberté – la liberté et l’homme deviennent encombrants à la longue… — (Romain Gary, Les Racines du ciel, Gallimard, 1980 (1re édition 1956), page 222)
    • J’étais effrayée, voire sottement hilare à l’idée de papoter sur la météo baskets aux pieds et seins à l’air avec, mettons, Jean-Michel Apoual du chalet d’à côté, sandales aux pieds mais surtout sexe à l’air (que les choses soient claires : c’est impossible de ne pas regarder). — (Johanna Luyssen, « Les Teutons à l’air », Libération, 21 août 2018)
    • Mettez que je n’ai rien dit.
    • Mettons que ce soit vrai.
  21. Faire consister. — Note : Il est alors suivi de la préposition à et d’un verbe à l’infinitif.
    • Mettre sa gloire, son plaisir, son bonheur à faire quelque chose.
    • Je mets mon orgueil à vous imiter.
  22. Faire participer. — Note : Il est alors suivi de la préposition de.
    • On le met de toutes les fêtes, de toutes les corvées.
  23. Faire parler. — Note : Il est alors suivi de la préposition sur.
    • On le mit sur ce chapitre.
  24. Temps nécessaire.
    • Nous avons mis deux heures pour venir
  25. Commencer. (pronominal)
    • Il se met à pleuvoir.
  26. Déposer quelqu’un, au terme d’un déplacement dans un véhicule.
    • La voiture la mit au coin de la petite rue de La Chaise. — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 99)

Notes modifier

Tout comme les verbes de mouvement, mettre gouvernant un verbe à l’infinitif prend un sens final (cette tournure, littéraire, est le plus souvent remplacée aujourd’hui par mettre à régissant un verbe à infinitif, ce que les puristes désapprouvent) :
  • Quelques bouteilles de vin de Jérès que nous mettions rafraîchir dans la fontaine. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, chapitre XI, Éditions Julliard, collection Littérature, Paris, 1964, page 272)
  • Notre nourriture est mise chauffer sur des feux allumés d’avance. — (Roger Peyrefitte, Les Juifs, quatrième partie, chapitre VI, Éditions Flammarion, Paris, 1965, page 432)
  • — Je vais mettre chauffer de l’eau, disait-elle. — (Bernard Clavel, Les Fruits de l’hiver, chapitre 53, Robert Laffont, 1968)

Synonymes modifier

Dérivés modifier

Proverbes et phrases toutes faites modifier

Traductions modifier

Traductions à trier modifier

 (information à préciser ou à vérifier)

Prononciation modifier



Homophones modifier

Voir aussi modifier

  • mettre sur le Dico des Ados  

Références modifier

Moyen français modifier

Étymologie modifier

De l’ancien français metre, du latin mittere (« envoyer »).

Verbe modifier

mettre *\Prononciation ?\

  1. Mettre.

Variantes modifier

Apparentés étymologiques modifier