Voir aussi : connaitre

Français modifier

Étymologie modifier

(1050) Du moyen français connoistre, de l’ancien français conoistre, du latin cognoscĕre (« fréquenter, apprendre à connaître »), infinitif présent actif de cognosco.

Verbe modifier

connaître \kɔ.nɛtʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (orthographe traditionnelle) (pronominal : se connaître)

  1. Faire ou avoir fait l’expérience permettant une représentation mentale de quelque chose ou quelqu’un, avoir l’idée, la notion d’une personne ou d’une chose.
    • Nous sommes si éloignés de connaître tous les agens de la nature, et leurs divers modes d’action ; qu’il ne serait pas philosophique de nier les phénomènes, uniquement parce qu’ils sont inexplicables dans l’état actuel de nos connaissances. — (Pierre-Simon de Laplace, Essai philosophique sur les probabilités, Mme Ve Courcier, Paris, 1814 (2e édition))
    • On entendait incessamment sur le parc de Neuilly grêler les balles à travers les branches avec ce bruit des orages d'été que nous connaissons si bien. — (Louise Michel, La Commune, Paris : P.-V. Stock, 1898, page 219)
    • Durtal le connaissait ce moment délicieux où l’on reprend haleine, encore abasourdi par ce brusque passage d’une bise cinglante à une caresse veloutée d’air. — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • En Franche-Comté, les réfugiés trouvèrent une législation à peu près aussi tracassière que celle qu'ils avaient connu en France. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • La ligne de défense que les Allemands avaient construite au sud des villages de Banogne, Recouvrance, Saint-Fergeux était connue sous le nom de Hundingstellung. — (Jean Julien Weber, Sur les pentes du Golgotha: un prêtre dans les tranchées, Nuée bleue, 2001, page 231)
    • Par là vous pouvez connaître combien il est à redouter.
    • Ce chien connaît bien son maître.
    • Ce cheval connaît le chemin.
    • La plupart des animaux connaissent les plantes qui peuvent leur être nuisibles.
  2. (Sens figuré) Prendre en considération ; faire acception.
    • La littérature érotique embrasse plus de réalités psychologiques que la morale bourgeoise ne voulait en connaître, et que le puritanisme n'en tolère. — (Denis de Rougemont, Comme toi-même : Essais sur les Mythes de l'Amour, Albin Michel, 1961, page 41)
    • Alliant tradition et modernité, la phytothérapie n'est exclusive d'aucune autre thérapeutique. Elle connaît des précautions d'emploi, des contre-indications, des interactions et, nous l'avons vu, un professionnel de la santé est le mieux placé pour la conseiller à chacun, selon ses besoins. — (Eric Lorrain, La phytothérapie, éd. La Boétie, 2013, § 97)
    • Il veut que tous soient également soumis à la discipline et il ne connaît à cet égard ni parents ni amis.
    • Quand il s’agit de ses intérêts, il ne connaît personne.
  3. Avoir une grande pratique, un grand usage, des choses qu’on a étudiées et auxquelles on s’entend bien.
    • Il voudrait tout connaître. — Connaître une langue, une science, un art.
    • Il affrontait tous les temps, bravait toutes les mers et prétendait que la mer et lui se connaissaient trop, depuis longtemps, « pour se faire des méchancetés ». — (Octave Mirbeau, Les eaux muettes )
    • Il connaît les mathématiques, le grec, le latin.
    • Connaître à fond une science, une affaire. — Connaître les livres, les pierreries, les tableaux, etc.
    • Je ne parle point de ce que je ne connais pas. — Il connaît les ruses du métier, ce que l’expérience nous apprend à connaître.
  4. (Par analogie) Avoir une bonne pratique d'une personne ou d'un groupe humain.
    • — Comment sais-tu ?
      Elle soupira, répondit par une phrase qui lui était familière.
      — Je te connais comme si je t’avais fait…
      — (Georges Simenon, Les Demoiselles de Concarneau, Gallimard, 1936, réédition Folio, page 111)
    • Je connais bien cet homme, et je peux compter sur lui.
    • Je le connais pour ce qu’il est. — Il a trompé bien du monde, on ne le connaissait pas.
    • Cet homme gagne à être connu.— Je le connais incapable de mentir.
    • Je connais votre cœur. — Vous me connaissez mal, si vous m’attribuez de telles intentions.
    • Que vous connaissez peu les hommes ! — C’est un homme qui connaît bien le monde.
  5. Être en capacité d’apprécier, de juger, une ou des personnes.
    • Le siècle qui posséda ce grand homme ne le connut pas.
    • On perdit cet écrivain lorsqu’on commençait enfin à le connaître.
    • C’est un homme connu. — Il est connu par son mérite.
  6. Avoir des liaisons, des relations avec quelqu’un.
    • On est venu nous offrir des bières par le toit ouvrant, alors que les gens qui nous les tendaient ne nous connaissaient pas. — (Philippe Genion, Inventaire des petits plaisirs belges, 2013)
    • Connaissez-vous quelqu’un de mes juges ? — Je n’en connais pas un.
    • Il connaît tout le monde. — Je vous le ferai connaître.
    • Je ne connais point cet homme-là, ni ne veux le connaître. — Nous vous connaissons depuis longtemps.
  7. (Littéraire) Avoir des relations sexuelles avec une personne.
    • — Vous n’avez jamais connu, au sens biblique du mot, — une femme ? — (Colette, La Retraite sentimentale, 1907)
    • À son âge, en nos campagnes, quel garçon n'a pas connu la femme. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 33)
  8. Sentir, éprouver, en parlant tant au sens physique qu’au sens moral.
    • C'est ainsi que la quasi-totalité des prix des grands produits industriels connaissent au XIXe siècle un trend orienté à la baisse. — (Jean-Pierre Rioux, La révolution industrielle : 1780-1880, Éditions du Seuil, 1971, p.84)
    • Il faut souligner que, si les aciers inoxydables ont connu l'extraordinaire développement que nous connaissons, cela est dû à la disponibilité à grande échelle des métaux entrant dans leur composition, […]. — (Pierre-Jean Cunat, Aciers inoxydables : Critères de choix et structure, Éditions Techniques de l'Ingénieur, document M 4 540, non daté, § 1.1, page 2)
    • On ne connaît point l’hiver à la Martinique.
    • Vous êtes heureux de n’avoir jamais connu le mal de dents, le mal de tête.
    • Il n’a jamais connu la haine, la jalousie, etc. — Son cœur allait bientôt connaître l’amour.
    • Il ne connaît point la crainte. — J’ai connu l’infortune.
  9. Pratiquer une chose, l’admettre, s’y conformer, s’y soumettre.
    • En Angleterre, on ne connaît point la loi salique.
    • Cet usage n’est point connu dans tel pays.
    • Ce peuple ne connaît point les raffinements du luxe.
    • Il ne connaît point ces vains ménagements.
    • Sa rage ne connut plus de frein.
    • Sa charité ne connaît point de bornes.
    • Ce cheval connaît la bride, les éperons, etc.
  10. Supporter, admettre.
    • Ne point connaître de supérieur, de maître.
    • Je ne connais de maître que vous, que lui, etc.
    • Je ne connais ici d’autre maître que moi, etc.
  11. (Intransitif) (Droit) Avoir autorité et compétence pour juger de certaines matières.
    • Ce juge connaît des matières civiles et criminelles.
    • Il en connaît en première instance. — Il en connaît par appel.
    • Il ne peut pas connaître de cela.
    • Elles admettent que les décisions gouvernementales les plus importantes sont prises pour des motifs qu’on ne peut pas leur exposer, en des formes dont elles n’ont pas à connaître. — (Emmanuel Berl, La Politique et les partis, Les Éditions Rieder, 1932, page 164)
  12. Comprendre, réaliser, se rendre compte.
    • Marie entra dans la maison comme la mort. Madame Bergeret connut à sa vue que les temps étaient révolus. — (Anatole France, Le Mannequin d’osier, Calmann Lévy, 1897, réédition Bibliothèque de la Pléiade, 1987, page 1003)
  13. (Pronominal) Prendre une juste idée de soi-même, de ses forces, de sa dignité, etc.
    • L'homme emporté et furieux ne connaît personne, il se connaît à peine lui-même. Il n'est capable de rien entendre; la colère lui fait prononcer une multitude de paroles vagues, dont il perd jusqu'au souvenir; […]. — (« Œuvres oratoires de Jacques-Denis Cochin, curé de Saint-Jacques du Haut-Pas », dans la Collection intégrale et universelle des orateurs chrétiens, publiés par l'Abbé Migne, tome 98 (volume 31 de la 2e série), Paris, chez J.-P. Migne, 1866, page 587)
    • « Connais-toi toi-même » est une des plus belles maximes de la philosophie antique.
    • Je me connais, à sa vue il me serait impossible de me contenir.
    • Apprenez à mieux vous connaître.
    • Un homme sage et qui sait se connaître.
    • Il ne se connaît plus.
    • Se connaître à quelque chose, en quelque chose : Savoir en bien juger.
    • Il se connaît en mérite, en poésie.
    • Vous connaissez-vous à cela ?
    • Je m’y connais mieux que vous.
    • Il ne s’y connaît point du tout.
  14. (Pronominal) Être réputé, être perçu d’une façon, en parlant des choses.
    • Ce verre de vin ne pouvait que nous faire du bien, c’est certain ; mais trois sous ça se connaît sur une journée de quinze à vingt sous ! — (Émile Guillaumin, La vie d’un simple, 1904, page 128)
  15. (Pronominal) Être visible, apparent.
    • Au matin, le ciel se découvrit, les étoiles se remirent à luire, le grand vent en avait éteint si peu que ça ne se connaissait pas. — (Léonce Bourliaguet, Les aventures du petit rat Justin, Société universitaire d’Éditions et de Librairie, 1935, page 108)
  16. (Nouvelle-Calédonie) (Familier) Savoir. Dans une phrase exclamative, marque la surprise ou l'admiration[1].
    • Tu connais faire du porc au sucre ?
    • Tu connais que c'est un costaud lui !

Variantes orthographiques modifier

Synonymes modifier

Antonymes modifier

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Traductions modifier

Prononciation modifier



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Anagrammes modifier

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Références modifier

  1. Christine Pauleau, Le français de Nouvelle-Calédonie, EDICEF, 1995, ISBN 9782841290239, page 64.