Français modifier

Étymologie modifier

Du latin rumpere (« rompre »).

Verbe modifier

rompre \ʁɔ̃pʁ\ transitif ou intransitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se rompre)

  1. Séparer un solide en deux parties sans se servir d’instrument tranchant ; briser ; mettre en pièces.
    • (Pronominal) Le bateau raidissant sa chaîne cassa ses bosses ; le frein du guindeau se rompit ; il fallu mouiller le seconde ancre pour pouvoir le réparer. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • (Pronominal) Le gréement dormant en fil d’acier galvanisé, peut supporter un effort de dix tonnes sans se rompre. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Nous y entrâmes par un pont de pierre en dos d’âne, dont une seule arche avait été rompue, et que nos pontonniers, qui avaient déjà jeté les madriers suffisants pour le passage de l’infanterie, s’occupaient activement à consolider […]. — (Louis Dumur, Nach Paris, chapitre 9, 1929)
    • 2° il est impossible d’admettre que le cycle indol soit rompu entre l’azote et le noyau benzène. Tous les essais effectués jusqu'à présent n'ont réussi qu'à briser l’indol entre l'azote et le carbone 1 […]. — (Pharmacodynamie biochimique, Masson, 1961, page 1054)
    • Le carter s'était encore rompu sous les assauts de chocs impitoyables, et l’huile pissait de plus belle, marquant le sable de pustules noirâtres. — (Virgile Charlot, Tropique du Bayanda : Une épopée africaine, éd. Arthaud, 2012)
  2. (Spécialement) (Histoire) Rouer ; supplicier par la roue.
    • Roussel a enfin été rompu vif, à six heures du soir, Raffiat à neuf, et ils ont expiré sur la roue. — (Edmond-Jean-François Barbier, Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de Louis XV, décembre 1742 , texte établi par A. de la Villegille, 1847, , Union Générale d’Édition, 1963, page 169)
  3. Interrompre ; arrêter ; détourner.
    • Rompre le vent.
    • rompre le cours de l’eau.
    • rompre la vague.
    • rompre la paix.
  4. (Sens figuré) Détruire, faire cesser, rendre nulle, une relation.
    • Sommé de rompre son second mariage par saint Germain, évêque de Paris, il refusa obstinément, et fut excommunié. — (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 1er récit : Les quatre fils de Chlother Ier — Leur caractère — Leurs mariages — Histoire de Galeswinthe (561-568), 1833–1837)
    • Alarmée, impatiente, énervée, ayant peur de ce qu’il allait dire, elle essaya de rompre et de s’échapper. — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 335)
    • Si Dimitri ne voulait pas épouser Phoebe, il aurait au moins dû avoir le courage de l'avouer et de rompre formellement sa promesse. Au lieu de cela, il avait opté pour le silence et l'hypocrisie, […]. — (Lucy Monroe , Pour l'honneur des Pétronides, traduit de l'anglais, dans le volume Séducteurs, éd. Harlequin, collection Coup de Cœur, 2012)
    • Rompre une amitié.
    • rompre des négociations.
    • rompre un traité, une alliance, un marché.
    • (Intransitif) Le pape Innocent III (1193-1216) devait rompre avec cette tradition de tolérance et se faire l’inspirateur d’une politique hostile, qu’il mena avec une vigueur exceptionnelle. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  5. (Absolument) (Intransitif) Renoncer à l’amitié, aux liaisons qu’on avait avec quelqu’un.
    • Ils ont rompu.
    • Ils ont rompu ensemble.
    • Ils ont rompu avec éclat.
    • Il a rompu pour une bagatelle avec son meilleur ami.
    • Je venais de rompre avec ma petite amie (ou, plus exactement, elle venait de rompre avec moi), j’ai eu envie de changer d’air. — (Antoine Bello, Roman américain, 2014 ; éditions Gallimard)
  6. (Sens figuré) Interrompre.
    • Chacun tenant à rester sur la défensive, le silence se prolongeait quand le Carcan, pour rompre cette gêne, trouva un moyen terme et entama l’éloge du vin qui restait dans son verre. — (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Qu’y a-t-il Héloïse ?
      Le prénom familier rompait l’envoûtement, conjurait le péril. Il la rejetait vers l’enfance, niait sa flamboyante puberté.
      — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Au mois du Ramadan, le jeûne quotidien est rompu avec une soupe nourrissante. L’harira remplit bien cette fonction, elle réunit légumineuses, légumes et céréale. Elle peut aussi contenir de la viande. — (Catherine Choffat, Devenez Locavores, Jouvence éditions, 2012, éd. numérique 2013)
  7. (Sens figuré) Manquer à une obligation, cesser pour toujours ou momentanément de la remplir.
    • Rompre le clôture religieuse.
    • rompre le carême.
    • rompre sa règle, ses vœux.
    • rompre son serment, ses engagements.
    • Quelque dissimulée que soit une vieille fille, il est un sentiment qui lui fera toujours rompre le jeûne de la parole, c’est la vanité ! — (Honoré de Balzac, La Cousine Bette, 1846)
  8. (Sens figuré) Dresser, exercer, accoutumer, plier.
    • On l’a mis dans tel emploi pour le rompre aux affaires, au travail.
    • rompre la main d’un jeune homme à l’écriture; le rompre à l’écriture.
    • Se rompre à la fatigue, au travail, aux affaires.
  9. (Intransitif) Se casser, se briser.
    • Ne chargez pas trop cette poutre, elle romprait.
    • Son épée rompit à la poignée.
  10. (Escrime) Reculer. Faire un pas en arrière.
    • Rompre la semelle : reculer de la longueur du pied.
    • Rompez toujours, ne vous fendez jamais, je ne pourrai vous tuer.
      Il disait ces mots de très bonne foi ; il parlait en maître d’armes.
      — (Stendhal, Lucien Leuwen, 1834)
    • Le duc, pressé par le jeu serré du Baron, avait déjà rompu de plusieurs semelles. — (Théophile Gautier, Le capitaine Fracasse, 1863)
    • Il rompt de quelques pas et braque son revolver sur le commissaire aux cent coups. — (Georges Courteline, Le commissaire est bon enfant, 1899)
    • Nos regards se croisent. Je romps d’un pas. Son expression devient féroce, il se penche, il va mugir, il… — (Samivel, L’amateur d’abîmes, 1940, réédition Le Livre de Poche, page 46)
  11. (Par analogie) Reculer.
    • Francine, comme une folle, courut vers lui. Il rompit aussitôt, craignant une surprise ; mais, déjà, l’ayant reconnu, elle s’accrochait à son bras, riait et pleurait en même temps. — (Ernest Pérochon, Les Gardiennes, 1924, réédition Les Moissons, 2021, page 268)
  12. (Absolument) (Intransitif) (Militaire) Rompre les rangs.
    • Mission terminée, soldats! Rompez! — (Jean-Louis Janssens, Zarla #5- Les lueurs vénéneuses, éditions Dupuis, 2014, page 25)
    • Le colonel a donné l’ordre de rompre.
    • Un supérieur dit à un soldat qu’il congédie : Allez, rompez!

Synonymes modifier

Séparer un solide sans se servir d’instrument tranchant
briser, casser

Dérivés modifier

Apparentés étymologiques modifier

Traductions modifier

Traductions à trier modifier

Prononciation modifier

Références modifier

Ancien français modifier

Étymologie modifier

Du latin rumpere (« casser »).

Verbe modifier

rompre \Prononciation ?\ transitif (voir la conjugaison)

  1. Rompre.
    • L’osberc li rumpt entresque a la charn. — (Chanson de Roland, transcription de Raoul Mortier (1940), XIe siècle, XCVI)
    • De totes pars la mer l’asaut, Rompent cordes, li trés [mât] lor faut. — (Wace, Vierge Marie, page 4)
    • Puis i ont mis dou feu tout rasé [ras] un tonel ; Les douves sont enprises, si rompent li cercel. — (Chansons des Saxons, IX)
    • Qui m’ont toute ma robe depecie et rompue. — (Berte, LII)

Synonymes modifier

Dérivés modifier

Références modifier

Ancien occitan modifier

Étymologie modifier

Du latin rumpere.

Verbe modifier

rompre

  1. Rompre, casser, déchirer, détruire, séparer, se détacher, entrecouper.

Variantes modifier

Références modifier

  • François Raynouard, Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours, comparée avec les autres langues de l’Europe latine, 1838–1844 → consulter cet ouvrage

Catalan modifier

Étymologie modifier

Du latin rumpere (« rompre, casser »).

Verbe modifier

rompre transitif

  1. Rompre, briser, casser.

Synonymes modifier

Prononciation modifier

Normand modifier

Étymologie modifier

De l’ancien français rompre, du latin rumpere.

Verbe modifier

rompre \Prononciation ?\

  1. Rompre.

Références modifier