Wiktionnaire:Actualités/027-juin-2017

Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.

Actualités - Numéro 27 - juin 2017

Brèves modifier

  • Dans le numéro du mois dernier, il était question de la langue guarani, parlée au Paraguay, et c’est amusant car ce mois-ci sort un album de Mafalda traduit en guarani ! Cette bande dessinée argentine est traduite pour la vingt-septième fois, et pour la première fois dans une langue indigène du continent où elle a grandi !
  • Il arrive parfois qu’après un accident touchant le cerveau, la victime se réveille en parlant une langue qu’elle n’a pas parlé depuis des années ou qu’elle ait un accent différent, c’est ce que l’on appelle le syndrome de l’accent étranger. Un article de Sciences et avenir explique de manière simple ce phénomène rare. Wikipédia propose également un article sur le sujet.
  • L’académie pa’umotu est en train de faire le premier dictionnaire pa'umotu-français. Cette jeune académie de Tahiti veut rendre sa langue accessible au plus grand nombre afin de la préserver et il lui faut l’écrire pour cela. Il est clair que le Wiktionnaire attend avec impatience cette nouvelle source sur cette langue pour participer à cet objectif.
  • Dans le numéro de juin de Pour la science, Julien Meyer, linguiste et bioacousticien du CNRS au GIPSA-lab de Grenoble, a écrit un article sur le langage sifflé.
  • Romain Jeanticou, journaliste à Télérama, a écrit un article sur les mots qui disparaissent de la langue française (Les mots se cachent-ils pour mourir ?). Il y décrit les approches des éditions Robert et Larousse et mentionne quelques disparus (essuie-plume, cache-corset). Fait intéressant, il y interroge Carine Girac-Marinier des éditions Larousse qui indique qu’il n’y a que 200 000 mots dans la langue française dont 63 000 dans son dictionnaire. Il existe de nombreuses façons de décompter les mots utilisés, selon l’époque, l’expansion géographique et les domaines de spécialités intégrés, mais le Wiktionnaire francophone définit déjà plus de deux fois et demi le chiffre proposé !

Détail d’une photographie proposée par Omar salah hassan, finaliste du concours Wiki Loves Earth 2017 pour l’Égypte.

Statistiques modifier

Détail d’une photographie proposée par Abdulfatah Amr, finaliste du concours Wiki Loves Earth 2017 pour la Libye.

De mi-mai à mi-juin (du 20/05/2017 au 20/06/2017)
  • Le français gagne 2 057 entrées et 1 668 citations ou exemples. Il est désormais à 353 193 lemmes, 525 047 définitions et 324 118 citations d’illustrations ou exemples.
  • Les trois autres langues qui ont le plus avancé sont le same du Nord (+ 5 960 entrées), l’italien (+ 1 154 entrées) et l’espagnol (+ 966 entrées).
  • Neuf nouvelles langues dans le projet ce mois-ci : le blaan de Sarangani (+1), le ngadha (+1), le konjo de la côte (+1), le kaulong (+1), le port Sandwich (+1), le sassak (+1), le isnag (+1), le wolio (+1) et le fidjien de l’Ouest (+1).
  • Cette période a vu l’ajout de 11 892 nouvelles entrées pour 105 langues !
Nouveaux lexiques
Les mots du mois

Les pages de statistiques externes permettent de connaître :

Autres évolutions
  • Il y a 31 980 médias d’illustrations (images et vidéos) dans les articles du Wiktionnaire, soit 303 de plus que le mois dernier.
  • Au 30 juin 2017, le Wiktionnaire propose 273 thésaurus en langue française ! Un seul nouveau thésaurus ce mois-ci, sur le concert.
  • Qualité du Wiktionnaire : les entrées sérendipité et volcan sont proposées comme étant de bon contenus.
  • La page Wiktionnaire:Questions sur les mots a reçu en juin 112 questions, contre 166 en mai, 148 en avril ; 207 en mars, 221 en février et 230 en janvier. Moins de questions, mais celles qui sont clairement hors-sujet sont maintenant plus systématiquement supprimées.

Noms des langues modifier

Dans la revue Language Documentation & Conservation, Martin Haspelmath, qui participe au site Glottolog.org présenté ci-contre, a publié un article intitulé Some principles for language names (« Quelques principes sur les noms des langues »). Le but de l’article est de décrire comment choisir le meilleur nom pour une langue. L’auteur s’appuie sur plusieurs principes qui peuvent s’adapter à toutes les langues :

Les noms de langues sont des emprunts et ne doivent pas être un « mot étranger ».

Tout comme les noms de villes, les noms de langues font partie du vocabulaire de la langue et ne doivent pas être vu comme un mot étranger au milieu d’une phrase en français. Anglais, espagnol apparaissent comme des mots français à tous les locuteurs francophones ; ce n’est assurément pas le cas de « xârâcùù ».

Les noms des langues minoritaires sont traités de manière identique à ceux des langues majoritaires.

En lien avec les points précédents et suivants, toutes les langues, y compris les langues minoritaires doivent avoir un nom en français, sans exception.

Chaque langue a un seul et unique nom.

Pour les cas que les linguistes considèrent comme une seule langue comme le serbe et le croate, l’auteur recommande d’appeler cette langue « serbe-croate ». Même chose avec « hindi-ourdou ». Dans la mesure du possible, un nom de langue ne doit désigner qu’une seule langue. D’après l’auteur c’est faisable pour une région du monde donnée mais il peut y avoir deux langues avec le même nom dans deux régions différentes comme le buru, une langue du Nigeria et une autre langue parlée en Indonésie.

Les nouveaux noms de langue ne sont pas introduits à moins que les noms existants ne soient pas acceptables.

L’auteur remarque que des auteurs proposent de nouveaux noms par rapport aux études précédentes portant sur une langue donnée. Pour qu’un nouveau nom soit adopté, afin d’éviter au maximum les confusions, il faut avoir de bonnes raisons, comme le fait que les locuteurs d’une langue ne se reconnaissent pas dans l’appellation en vigueur, sinon le conservatisme prévaut et l’ancien nom est préféré.

Les noms de langues décriés par de nombreux locuteurs ne devraient pas être utilisés.

En lien avec le nom précédent, il ne faut pas utiliser des noms de langues qui ne sont pas acceptés par les locuteurs de ces langues. Par exemple same est à préférer à lapon. Les locuteurs d’une langue n’ont pas forcément d’opinion sur le nom donné à leur langue en français mais ils peuvent avoir un avis sur le nom donné dans une grande langue avec laquelle ils sont plus familier (russe, chinois, espagnol, anglais). Dans ce cas, le nom en français doit s’adapter au plus près du nom donné dans cette grande langue.

Les noms de langues sont écrits avec des lettres françaises avec quelques exceptions possibles pour des lettres bien connues.

L’auteur recommande d’utiliser uniquement les 26 lettres de l’alphabet latin utilisé pour écrire l’anglais (a-z) auxquelles les lettres à diacritique du français (à, â, é, è, ê, î, ô, ù, û, ç), de l’espagnol (ñ, á, í, ó, ú), du portugais (ã, õ) et de l’allemand (ä, ö, ü) sont acceptables. De manière général, les lettres compréhensibles par une grande part de lecteur sont acceptables. Les caractères issus de l’API ne sont pas acceptable tout comme les autres lettres avec diacritiques. Les coups de glotte ne devraient pas être utilisés dans les noms de langues car peu de locuteurs savent comment les interpréter et conformément au point 1, ça ne donne pas un air très « français » au mot.

Les lettres utilisées pour écrire un nom de langues ne doivent pas être trompeuses pour un locuteur francophone.

L’auteur donne l’exemple de la lettre v qui ne doit pas être utilisée pour représenter une voyelle, de la lettre x qui ne doit pas être utilisée pour représenter le son Erreur sur la langue ! que l’on peut noter par « kh ». Pour le cas du français, on peut se poser la question de la lettre « u » utilisée pour écrire le son Erreur sur la langue ! au lieu de la suite de lettres « ou ».

Les noms qui ne sont pas prononçables en français ne sont pas acceptables.

Certains noms de langues peuvent ne pas être prononçables par des locuteurs francophones car les sons ne sont pas présents dans leur langue. Cela ne doit pas être le cas du nom de la langue en français. Ainsi on écrira kazakh que l’on prononcera Erreur sur la langue ! alors qu’en kazakh, cette graphie se prononce Erreur sur la langue ! (on écrira donc « kazakh » en français et pas « kazax »).

L’usage d’auteurs importants donne un poids substantiel.

Lorsque plusieurs noms sont en circulation, il est préférable de choisir celui utilisé par le linguiste le plus influent sur cette langue car il a plus de chance de faire imposer ce nom. Il faut bien sûr que le nom proposé soit conforme aux points précédents.


Certains de ces principes sont déjà suivis par les contributeurs du Wiktionnaire pour déterminer les noms de langues à utiliser, mais leur formation s’est faite par l’expérimentation et la discussion.

Note de Lmaltier : le Wiktionnaire a pour politique de privilégier le nom le plus fréquemment utilisé, quand il en existe clairement un.

Cet article vient participer à la formation lexicographique avec le regard d’une personne qui s’est retrouvée confrontée aux mêmes problématiques. — une chronique par Pamputt

Glottolog modifier

Hammarström, Harald & Forkel, Robert & Haspelmath, Martin. Glottolog 3.0. Jena Max Planck Institute for the Science of Human History.

Glottolog est un outil indispensable pour toute personne cherchant à se renseigner sur les langues. Il s’agit d’un catalogue en ligne des langues du monde et des documents qui les décrivent. L’objectif pour l’équipe qui porte ce projet est d’indexer les documents avec précision mais également d’organiser les langues en suivant au plus près les travaux des chercheurs qui les étudient.

Les positions géographiques des langues sur les cartes, les différents noms utilisés pour les désigner les langues ainsi que les arbres phylogénétiques des langues sont des références, et le tout est actualisé régulièrement. Le site n’est pas modifiable directement, mais les personnes en charge de ce projet sont très réactives aux commentaires laissés par les visiteurs, quels qu’ils soient. De plus, ils rajoutent quotidiennement de nouveaux dictionnaires, de nouvelles grammaires ou des correctifs en provenance du monde entier.

L’ensemble du site est accessible gratuitement et sous une licence Creative Commons BY, qui implique uniquement de citer les noms des créateurs mais permet de modifier librement et de le rediffuser sous une autre licence, comme par exemple celle utilisée par le Wiktionnaire ou d’autres projets de diffusion libre de la connaissance. Dans la même démarche volontaire de science ouverte, les sources de l’architecture du site internet sont librement accessible sur GitHub.

Détail d’une photographie de Salih.s86, finaliste de Wiki Loves Earth 2017 pour l’Irak.

Le seul bémol que l’on pourrait formuler serait que Glottolog est un site internet géré par des universitaires, et à destination d’abord d’universitaires : l’interface n’est qu’en anglais et les documents ne sont pas directement accessibles mais seulement listés, avec des options pour intégrer les références dans une bibliographie personnelle. Cependant, l’interface est ergonomique, claire et très peu de jargon technique est utilisé. Le concept phare est celui de languoid qui regroupe langues, dialectes et familles de langues, et il est extrêmement bien expliqué sur le site. Une page de glossaire vient même compléter le tout et permet une navigation des plus aisées.

Glottolog est devenu en quelques années à peine une ressource inestimable, pour les linguistes, les lexicographes et plus largement pour toute personne qui s’intéresse aux langues et peut ainsi se documenter gratuitement en ligne. — une chronique par Noé

Détail d’une photographie proposée par Q-lieb-in, finaliste du concours Wiki Loves Earth 2017 pour le Népal.

 

LexiSession sur le concert modifier

Impulsé par le Fantastique Groupe d’utilisateurs de Wiktionnaire, les LexiSessions visent à proposer des thèmes mensuels pour dynamiser l’ensemble des Wiktionnaires simultanément. Les thèmes sont suggérés en amont sur Meta et annoncé chaque mois sur la Wikidémie, l’espace principal de discussion.

La LexiSession de juin était sur le vocabulaire du concert et a permis la création du thésaurus du concert qui permet de retrouver le vocabulaire lié à ce type de rassemblement particulier. Beaucoup de mots pourraient encore y être réunis, alors n’hésitez pas à y contribuer à l’avenir !

Pour le mois de juillet, le thème proposé est le vol dans les airs !

Détail d’une photographie proposée par Sanadalahlafi, finaliste du concours Wiki Loves Earth 2017 pour la Libye.

En vidéo modifier

Cette rubrique vous propose de faire une revue des vidéos sur la linguistique et la langue française du mois, n’hésitez pas à ajouter les vidéos et les chaînes que vous trouvez !

  • Ce mois-ci, l’humoriste Guillaume Meurice fait un tour au Havre et découvre le parlé cauchois, enfin, surtout celui du Havre, mais en tout cas, avec humour !
  • Le compte twitter @ProudCaribbean a tweeté une vidéo de locuteurs de ce qu’ils appellent French Patois. Ils demandent si c’est du créole ou non.
  • Mise en ligne d’une intervention du lexicographe Alain Rey lors d’une rencontre sur le thème des Frontières en mai 2017.
  • Elles comme Linguistes : Ce mois-ci, une petite vidéo sur l’écriture des textos et une autre sur le protocole d’étude par électro-encephalographie.
  • Linguisticae : Il résume brièvement les évolutions graphiques de symboles utilisés pour les chiffres.
  • L’insolente linguiste distingue linguistique et langagier puis s’arrête sur la différence entre descriptif et prescriptif avec l’exemple de si j’aurais.

Curiosité modifier

Les mots oiseaux, chouchou et anchois sont actuellement les mots les plus long recensés en français sur le Wiktionnaire dont aucune lettre ne se prononce comme elle se prononcerait seule. Les digrammes et les règles de prononciation du positionnement du s ainsi que les lettres finales muettes font que beaucoup de mots entrent dans la liste des mots qu’on ne prononce pas comme on les écrit. N’hésitez pas à allonger la liste sur l’annexe des curiosités linguistiques du français !

Anciens numéros modifier