Français modifier

Étymologie modifier

(Date à préciser) De l’ancien français courre, corre, issu du latin cŭrrĕre (« courir »), issu de l'indo-européen commun *ḱers- de même sens. L’infinitif de l'ancien français, courre, a été gardé dans l’expression chasse à courre. Ailleurs, il a été remplacé à partir du XIVe siècle, par courir, forme analogique.

Verbe modifier

 
Courir. (1)

courir \ku.ʁiʁ\ transitif ou intransitif : 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Se déplacer rapidement, avec impétuosité, par un mouvement alternatif des jambes ou des pattes prenant appui sur le sol, avec une phase de suspension en l’air, sans appui.
    • Sur ces entrefaites, la portière se souleva et Henri de Navarre parut. La petite levrette, qui dormait sur le trône, bondit et courut à lui. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VI)
    • Le soir, dédaignant les taxis, je rentrais à bord presque toujours en courant pour me maintenir en bonne condition physique. — (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • Un monsieur, courant, une serviette sous le bras, le heurta sans ménagements et l’arracha à son hébétude. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 21)
    • Autour de la chambre, le long de la plinthe, des belettes courent, bondissent, se poursuivent… — (Octave Mirbeau, La tête coupée)
    • Marie arriva bien vite, sa cape jetée à la hâte sur ses épaules, sa calipette de travers d’avoir tant couru, […]. — (Daniel Cario, Les Moissonneurs de l'Opale, Presses de la Cité, 2013, chapitre 43)
  2. (Par extension) Être en mouvement, en parlant des choses.
    • Tenant dans ses bras Marie, âgée de trois ans, il la présentait avec orgueil aux ambassadeurs étrangers et voulait qu'elle jouât du clavecin en leur présence. C’était merveille de voir courir de si faibles doigts sur les touches avec précision et rapidité. — (Adelaïde Celliez, « Marie Tudor », dans Les Reines d'Angleterre, Paris : chez P.-C. Lehuby, 1852, page 461)
    • Et enfin, vous voudriez que Dieu fît courir le soleil, qui est quatre cent et trente-quatre fois plus grand que la terre, rien que pour pommer nos choux ? — (Umberto Eco, L’île du jour d’avant, Grasset & Fasquelle, 1996)
    • Faire courir une manœuvre dans ses poulies.
  3. Disputer une course.
    • Mais le clou du spectacle est un steeple-chase couru par de vrais chevaux de courses, qui sautent une rivière et tournent sur la scène, et gagné par un cheval qui a remporté le grand prix national, il y a quelques années. — (« Chronique anglaise », dans la Bibliothèque universelle et revue suisse, 98e année - 3e période : tome 57, Lausanne : au bureau de la revue, Paris : chez Firmin-Didot & Cie, & etc., 1893, p. 186)
    • Ce cheval a couru aux dernières courses.
    • Faire courir, envoyer sur le champ de course des chevaux pour disputer ce prix.
    • (Transitif) Courir le grand prix de Diane.
    • (Transitif) Courir une carrière, être engagé dans une profession, une entreprise, etc., où l’on s’efforce d’obtenir des succès, de l’emporter sur ses rivaux.
    • Vous courez une périlleuse carrière.
    • Hortensias et Cicéron couraient la même carrière.
  4. (Sens figuré) (Familier) Définition manquante ou à compléter. (Ajouter)
    • Courir encore, signifie qu’on s’est échappé en toute hâte, qu’on ne se laissera plus prendre à une chose.
    • Il m’a suffi de le voir, de l’entendre : je cours encore.
  5. (Vieilli) Aller plus vite que le pas.
    • Vous allez trop vite, vous ne marchez pas, vous courez.
  6. Aller avec empressement.
    • L’Empereur ne s’arrêta pas à Phalsbourg ; tandis qu’il courait déjà sur la route de Saverne, le canon tirait ses derniers coups. — (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Je cours le prévenir.
    • Courez, ne perdez pas un instant.
    • Courir au plus pressé, s’occuper, avant toute autre chose, de ce qui importe le plus dans le moment.
  7. (Sens figuré) Aller, poursuivre (souvent dans un sens péjoratif).
    • Courir après les honneurs, les places, les richesses, la fausse gloire, etc.
    • Courir après des chimères, après des fantômes.
    • Courir à sa perte, à sa ruine.
    • Courir après l’esprit, mettre de la recherche, de l’affectation, de l’effort à montrer de l’esprit.
    • Courir après l’argent, chercher toutes les occasions de gagner de l’argent.
    • Courir après son argent, continuer à jouer pour regagner ce qu’on a perdu. Faire des démarches, des poursuites pour recouvrer une somme d’argent qu’on a de la peine à se faire rendre, à se faire payer.
    • Fuis la haute science, et cours après la bonne. — (Pierre Corneille, L’imitation de Jésus-Christ traduite en vers français, Livre 1, chapitre 2)
    • Courir à sa fin se dit des choses qui sont près de finir, qui n’ont pas longtemps à durer.
  8. (Sens figuré) Faire trop vite.
    • Il faut aller bride en main, on ne fait pas les affaires en courant.
    1. (En particulier) Lire, réciter, prononcer, écrire ou composer trop vite.
    • Lisez doucement, ne courez pas.
    • Il a écrit cela en courant.
    • Il laisse courir sa plume sur le papier.
  9. (Familier) Aller çà et là, sans s’arrêter longtemps en chaque endroit.
    • Il ne fait que courir.
    • Il est toujours à courir.
    • Il court du matin jusqu’au soir.
  10. (Marine) Faire route, louvoyer.
    • Courir au nord.
    • Courir au sud.
    • Courir des bordées, courir des bords, louvoyer, aller alternativement à droite et à gauche, quand le vent est presque debout.
    1. (Par analogie)
      • Les copains coururent quelques bordées à la recherche d’une auberge. — (Jules Romains, Les Copains, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 91)
  11. Prolonger, aller dans une direction déterminée.
    • Cette côte court de l’est à l’ouest l’espace de trois ou quatre lieues.
    • Ces montagnes courent du nord au sud et partagent de grands continents.
  12. Couler, s’écouler.
    • Le ruisseau qui court dans la prairie.
    • Le Rhône court du nord au sud.
    1. Se dit figurément du Temps.
      • Le temps court insensiblement.
      • Par les temps qui courent, dans le temps présent, dans les circonstances actuelles.
      • — Enfin, soupira le père, j’espère qu’il ne se mariera pas sans avoir trouvé une situation. Et avec les temps qui courent ! — (Bernard Clavel, Les Fruits de l’hiver, chapitre 34, Robert Laffont, 1968)
      • C’est sous l’emprise de cette introspection que je me suis abîmé dans la contemplation, habité par l’esprit des temps qui courent. […] — (Cornéliu Tocan, Aux confins de l'invisible. Haïkus d'intérieur illustrés, Créatique, Québec, 2020, page 8)
  13. Échoir à propos d’une rente, de gages, d’appointements, etc.
    • S'il s'agit d'une location pour une durée déterminée et qu'il reste moins de douze mois à courir à la location, le nouveau locateur ne peut mettre fin au bail et le locataire ne perdra aucun droit. — (Bernard Clermont & Benoît Yaccarini, Initiation au droit des affaires du Québec, Presses de l'Université Laval, 4e édition, 1986, page 265)
    • L’intérêt de cette rente court du commencement de l’année.
    • Ses gages, ses appointements courent du milieu du mois.
    • Son loyer court du mois de janvier.
  14. Circuler, se propager, se communiquer. — Note : En ce sens, il est souvent impersonnel.
    • Les Haudoin n’avaient jamais exploité les rumeurs qui couraient Claquebue sur les habitudes incestueuses de la famille Maloret. — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 13)
    • Gui, se détournant à peine, entrevit les sourires de Berry et de Bourgogne, la lippe dubitative d'Orléans - qu'on n'avait guère vu car la rumeur courait qu'il fréquentait les bordeaux de la ville -, les lèvres pincées d'Olivier de Clisson. — (Pierre Naudin, Les fureurs de l'été, éd. Aubéron, 1999, page 328)
    • Il court des bruits fort désavantageux sur son compte.
    • Faire courir de fausses nouvelles.
    • Une rumeur très alarmante court depuis hier dans le public.
  15. (Sens figuré) Être en vogue.
    • La mode qui court.
    • Cette chanson courait par la ville.
  16. (Chasse) Poursuivre à la course avec dessein d’attraper.
    • […]; or, on conçoit l'affectueuse et haute estime de tout veneur pour la sagacité de son limier, lorsqu'on songe que, selon cette sagacité, on chasse ou on fait buisson creux , en cela que le limier doit d'abord chercher et trouver l'animal destiné à être ensuite couru et forcé par la meute. — (Eugène Sue, « La meute des petits chiens du Cabinet », chapitre 6 de Latréaumont, 1837, nouvelle édition, tome 1, Paris : chez Charles Gosselin & chez Pétion, 1845, page 169)
    • Courir le même lièvre se dit de deux personnes qui sont en concurrence pour la même chose.
    • Qui court deux lièvres n’en prend aucun, Poursuivre deux affaires à la fois, c’est s’exposer à ne réussir ni dans l’une ni dans l’autre.
  17. (Sens figuré) En parlant des personnes ou des choses qu’on recherche avec empressement, qui sont fort en vogue. On ne l’emploie guère qu’au participe passé.
    • Ce prédicateur est fort couru.
    • Ce spectacle est très couru.
  18. (Sens figuré) Être exposé à.
    • Ce dénouement prévu donna le signal d'une débandade générale, quoique les badauds qui avaient pris position dans la Cité ne courussent aucun danger. — (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, p. 211)
    • Un rhume, en apparence bénin peut, s’il est négligé, dégénérer en bronchite ou en pneumonie ; le plus sage serait d’éviter de courir ce risque en prenant des précautions nécessaires pour que vous ne vous enrhumiez pas. — (Mieux vaut prévenir que guérir, dans Almanach de l’Agriculteur français - 1932, page 33, éditions La Terre nationale)
    • Courir des chances, courir la chance de…, S’exposer à un risque dans l’espoir d’un avantage.
    • Courir même fortune, être dans les mêmes intérêts, dans la même situation d’affaires.
    • Courir les aventures se disait des chevaliers qui allaient à la recherche des exploits guerriers. Il se dit aussi de quelqu’un qui cherche à se faire un nom ou une fortune par des moyens qui ne sont pas les moyens ordinaires.
  19. (Transitif) Parcourir.
    • Pour un curieux qui ne veut pas courir le monde en quête de documents, Montmartre peut suffire. Il y trouvera toujours à glaner. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • —Quand je vois où cette sagesse m’a mené, je regrette de n’avoir pas, avec des compagnons de plaisir, couru les cafés et les festins. Je regrette… — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, réédition Le Livre de Poche, page 208)
    • J’ai couru toute la ville sans le trouver.
    • Courir les champs.
    • Courir le pays, parcourir tel ou tel pays, en vue de le connaître à fond.
    • Courir le monde, voyager en divers pays par goût d’aventure.
    • (Familier) Cette histoire court les rues, elle est sue de tout le monde.
    • L’esprit court les rues, l’esprit est commun, tout le monde en a.
  20. Hanter, fréquenter, poursuivre de ses assiduités.
    • Je commençais à « courir ». Ma mère m’observait avec une craintive indulgence. J’ai vu depuis, en vivant chez les tiens, l’importance que prennent ces désordres dans une famille religieuse. Ma mère, elle, n’y voyait d’autre inconvénient que ce qui pouvait menacer ma santé. — (François Mauriac, Le Nœud de vipères, Grasset, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 28)
    • Quant à la petite, qui s’appelait Germaine, elle était de tous les bals depuis l’âge de quinze ans et elle avait couru avec tout le monde. — (Georges Simenon, Les Demoiselles de Concarneau, Gallimard, 1936, réédition Folio, page 56)
    • Pourtant, elle n’était pas bigote. Des soirs, elle courait l’homme. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • L’inspecteur vous aura dit que j’étais une fille de rien, est-ce vrai ? Que je courais les hommes comme une chienne ? Oui ? que je vous empaumais sans doute ? consciente de l’impasse ou je vous acculais ? — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Je crois qu'elle sait que le meilleur des meilleurs de L.A. court la chatte et baise avec un tas de connasses sordides qui n'arrivent pas à la cheville de la femme qu'il a épousée. — (James Ellroy, Lune sanglante, traduit par Freddy Michalski, Payot & Rivages, 1987)
  21. (Familier) Ennuyer, importuner (abréviation de l'expression : courir sur le haricot)
    • « Ouste, je lui ai dit, mon enfant. On vous a assez eu. ». Le malheur, c’est que ça ne lui entrait pas et qu’il a fallu lui expliquer avec douceur, quoi, qu’il commençait à me courir, qu’on ne l’avait pas fait venir pour entretenir le feu — et si son père l’avait fait faire dans les prisons — comme les noix de coco. Du coup, il a mis son chapeau sur sa tête ; et il est parti, avec votre parapluie, même. — (Paul-Jean Toulet, Mon Amie Nane, 1922)
    • Mais nous, les hommes, il nous courait — (Raymond Asso, Browning, chanson d'Édith Piaf, 1938)
  22. (Familier) Sortir, vagabonder, à la recherche d’aventures amoureuses.
    • Catherine, une jeune paysanne fraîche et gaie avec qui j’avais joué à Meyrignac, la remplaça ; c’était presque une camarade ; mais elle sortait le soir avec les pompiers de la caserne d’en face : elle « courait ». — (Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958, réédition Le Livre de Poche, page 135)
    • Depuis deux ans « il courait », disait-on, et c’était moi qui dormais quand il rentrait furtivement, ses souliers à la main. — (François Mauriac, Un adolescent d’autrefois, Flammarion, 1969, page 85)

Dérivés modifier

Proverbes et phrases toutes faites modifier

Hyponymes modifier

Traductions modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Références modifier

Ancien français modifier

Verbe modifier

courir \Prononciation ?\

  1. Variante de courre.

Notes modifier

  • Dans les manuscrits, sa graphie est identique à celle de covrir, u et v étant représentés par une seule lettre en ancien français.