Voir aussi : vivré

Français modifier

Étymologie modifier

(Verbe) Du moyen français vivre, de l’ancien français vivre, du latin vīvere (« vivre »), infinitif présent actif de vīvō, du proto-italique *gʷīwō, ultimement de l’indo-européen *gʷíh₃weti (« vivre, être vivant »). Cognat du francoprovençal vivre, de l’italien vivere, de l’espagnol vivir, du portugais viver.
(Nom 1) Par substantivation du verbe. Attesté aux environs de 1160[1]. Au sens de « nourriture » il est davantage utilisé au pluriel depuis au moins la fin du XVIIe siècle[2]. → voir vivres
(Nom 2) Voir vouivre.

Verbe modifier

vivre \vivʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Être doué de vie, être en vie.
    • Tous les hommes et tous les animaux qui vivent. - Si nous vivons dans ce temps-là. - Les poissons vivent dans l’eau.
  2. (Par extension) Dérouler le cours de sa vie.
    • Il venait de songer, comme à un aspect spécial de l’injustice irrationnelle du destin, que ces deux hommes vivaient, alors que Kurt était mort. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 346 de l’édition de 1921)
    • C’était la première fois qu’il leur paraissait être seuls, bien qu’ils eussent vécu côte à côte. — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Retourner au village, vivre à nouveau parmi les racontars des femmes, écouter tout le jour les piaulements des dindes et des poulets, les bêlements des moutons, cela l’attirait peu. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
    • Mais le seul nom qui ait été sauvé de l’oubli, dans la poésie profane, est celui de ce médiocre rimeur de Mathieu-le-Juif, d’Arras, qui vivait au XIIIe siècle […] — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • J’avais vécu enfermée jusqu’alors, cloîtrée avec les Dames de Reims […] — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 51)
    • Trois top-modèles vivaient en colocation dans l'appartement prêté par un couturier en vogue. — (Patricia Lepetit, Les colocataires, TheBookEdition, 2015, page 32)
    • Chaque jour à vivre est une victoire. Chaque jour vécu une défaite. — (San Antonio, Réflexions définitives sur l'au-delà, S-A 9 , Fleuve noir, 2000)
  3. Se développer, respirer, grandir, pour un organisme biologique.
    • Déchues de leur rôle de dominatrices, les Fougères se sont réfugiées à l’ombre des grands Phanérogames; elles vivent sous bois et n’y brillent pas. — (Henry Correvon, Les fougères de pleine terre et les prêles, lycopodes et sélaginelles rustiques, Octave Droin éditeur, 1896, introduction, page III)
    • Il est bien évident que les plantes vivent uniquement dans les milieux qui leur conviennent, […]. — (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 67)
    • Fins gourmets, les Chinois se délectent d'une holothurie vivant dans les eaux tropicales, la bêche-de-mer. Les plongeurs indigènes vont la chercher entre les rochers de deux à quatre mètres de profondeur. — (Jean Heffer, Les États-Unis et le Pacifique, éditions Albin Michel, 1995, page 42)
  4. (Sens figuré) Employer utilement sa vie, jouir de la vie.
    • Ici, Piganiol et Pesquidoux se rencontrent : il faudrait qu’une impulsion suprahumaine vînt redonner à ces races blasées l’appétit de vivre, la foi en l’avenir. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  5. (Dévotion religieuse) Connaître une vie spirituelle ou mystique en religion.
    • Ces dévoués, ou victimes de l’amour, étaient des gens immolés, anéantis en eux-mêmes, et qui ne vivaient plus qu’en Dieu. — (Jules Michelet, Du prêtre, de la femme, de la famille, 3e édition, Hachette & Paulin, 1845, page 111)
    • Son corps est une plaie mais son âme rayonne ; elle vit en Dieu qui la comble de grâces, qui s’entretient doucement avec elle ; […] — (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
  6. Être fourni des moyens de subsister, de se soutenir.
    • […], voilà vingt ans que ça durait ; tout en piochant ferme, et en ne vivant que de pain et de pommes de terre, il avaient pu, tout juste, payer les intérêts et les frais de renouvellement. — (Émile Thirion, La Politique au village, Fischbacher, 1896, page 325)
    • La question d’argent devient épineuse. Je ne peux plus vivre que pauvrement dans cette grande ville. — (Albert Camus, L’Envers et l’Endroit, Gallimard, 1958, page 82)
    • À la fin du XIXe siècle, c’est toute une population qui vit du hareng à Boulogne-sur-Mer: outre les équipages de la centaine de harenguiers, il y a les saleurs, les fileuses, les tonneliers qui concourent à cet âge d’or. — (Jacky Durand, La nuit où le hareng sort, dans Libération (journal) du 29 novembre 2010, pages 30-31)
    • Vivre de notre plume, ce serait le rêve. Des romans et des piges, des piges et des romans. De quoi vivre d'une manière décente, sans demander le bout du monde. Entre un et deux Smic par mois pour commencer, là, ça irait. — (Jan Thirion, 20 manières de se débarrasser des Limaces, Éditions Lajouanie, 2015, chapitre 6)
  7. Faire des dépenses, pour sa table, pour ses vêtements, etc., mener un train de vie.
    • Vivre splendidement, magnifiquement, honorablement, grandement, largement. - Vivre en grand seigneur, en prince.
    • Vivre avec économie. — Vivre mesquinement, sordidement, pauvrement, étroitement, petitement, misérablement.
    • Il ne vit pas selon sa condition.
  8. Passer sa vie selon les divers états que l’on embrasse, les différents lieux que l’on habite, dans une situation heureuse ou malheureuse, etc.
    • On se précipitait avec ardeur vers les jouissances matérielles : […]. Les hommes utiles et modestes vivaient dans l’oubli, tandis que les histrions et les courtisanes attiraient les regards. — (Général Ambert, Récits militaires : L'invasion (1870), page 240, Bloud & Barral, 1883)
    • Je puis en dire autant d’El-Haj Ahmed Ben-Chekron qui me sert d’interprète dans mes autres visites et qui, lui, ayant vécu en Espagne, s’exprime correctement en castillan. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 96)
    • J’ai longtemps essayé de vivre comme j’imaginais que mes parents avaient vécu leurs années militantes : je discutais de politique jusqu’à pas d’heure avec un tas de gens en fumant et en picolant… — (Virginie Linhart, Le jour où mon père s’est tu, Éditions du Seuil, 2011)
  9. Être soumis au gouvernement politique, aux lois, aux usages du pays dans lequel on demeure.
    • Vivre sous les lois d’un prince. - Les lois, les coutumes suivant lesquelles nous vivons.
  10. (Philosophie) Se sentir et s’éprouver soi-même en tout point de son être.
    • Vivre consiste toujours, pour une part significative, à résister à ce qui menace l'affirmation de ton Humanité. — (Jean Proulx, Grandir en humanité, Fides, 2018, page 80)
  11. (Sens figuré) Durer, subsister, passer à la postérité.
    • La société existe. Elle veut vivre. Donc elle réagit. Supposez qu’elle ne se défende pas : elle serait en quelques heures la proie d’innombrables fripouilles… Tout s’écroulerait. — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Un si grand prince vivra éternellement dans l’histoire. - La mémoire de ce conquérant, son nom, sa gloire vivra jusque dans la postérité la plus reculée.
  12. Se nourrir ; s’alimenter.
    • Il n'y avait aucun risque de collision, car le schnorchel avait été rentré pour cette raison même, et le submersible vivait sur ses réserves d'air. — (Arthur C. Clarke, Le Laboureur de la mer, Brage, 2014)
    • Donner à quelqu’un de quoi vivre, le faire vivre.
    • Il n’a pas les moyens de vivre.
    • Cet homme vit de rien : Il mange très peu, il dépense très peu pour sa nourriture
  13. Se conduire, se comporter bien ou mal, eu égard à la morale, à la religion.
    • Vivre en homme de bien.
    • Vivre saintement, licencieusement, dans la débauche.
  14. Être en commerce, partager la vie de quelqu’un.
    • Il est possible que des épaves ou des embarcations aient été drossées à terre, et que des baleiniers survivants aient vécu avec les indigènes il y a cent-cinquante ans. — (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Celle-ci, mariée à un ingénieur du P.-L.-M., vivait avec ses trois enfants, dans une maisonnette que le ménage avait fait élever, après la guerre, sur un lotissement de Brunoy. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • On ne saurait vivre avec cet homme-là, il est d’une humeur à laquelle on ne saurait s’accoutumer.
    • Cet homme est facile à vivre, est commode à vivre : Cet homme est d’un commerce doux et facile, il est aisé de vivre avec lui
  15. (Familier) Être avec quelqu’un dans un état de concubinage, cohabiter.
    • À partir de ce moment, ils vécurent ensemble.
    • Il vit avec cette femme depuis longtemps.
    • Elle vit avec un jeune homme.
    • Cet homme et cette femme vivent ensemble.
  16. Le subjonctif s’emploie comme formule d’acclamation.
    • Vive la France !
    • Vive le Roi !
    • Vive la liberté !
  17. (Familier) Marque l’estime qu’on porte envers quelque chose.
    • Vivent les arts !
    • Vive l’amour !

vivre \vivʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Traverser (une expérience).
    • Il a vécu une existence bien dure.
    • Elle a vécu un véritable roman.
    • Vivre sa vie comme on veut : Vivre librement, à sa guise, en ne se souciant que de satisfaire ses goûts, ses penchants, ses désirs

Note d’usage : « Vivent les vacances ! », est une tournure qui ne se rend pas explicativement par « Que les vacances vivent ! » mais par « Que vivent les vacances ! », « les vacances » étant alors ressenti comme un complément et non comme un sujet ; ce qui fait comprendre que la troisième personne du pluriel « Vivent ! » est compatible avec toutes les personnes du pluriel.
Vivent nous et vive l'amour ! — (Paul Verlaine, Poésies, Chansons pour elle, I ; La Guilde du Livre, Lausanne, 1961, p. 507)
Vivent vous autres ! — (Justine Mie d'Aghonne, Les aventurières, chapitre XIV ; E. Flammarion éditeur, Paris, 1892, p. 191)

Dérivés modifier

Proverbes et phrases toutes faites modifier

Apparentés étymologiques modifier

Traductions modifier

Traductions à trier modifier

Nom commun 1 modifier

Singulier Pluriel
vivre vivres
\vivʁ\

vivre \vivʁ\ masculin

  1. (Vieilli) ou (Soutenu) Fait de vivre.
    • Passant à un stade plus évolué l’A. [Académie des sciences] précise : « […] dans la société de type féodal, la classe dominante remplit […] la fonction sociale de rationneur et […] accroît ainsi la population qui vit sur un territoire donné ; le vivre plus s’accompagne du vivre mal ». — (Revue de géographie de Lyon, Institut des études rhodaniennes, 1934, page 420)
    • Ce jeune homme à visage livide […], aussi sobre dans sa parole que dans le vivre, vêtu de noir, […] cultivait la famille de son ancien patron […] — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
  2. (Vieilli) Nourriture.
    • « Où es-tu, Muñio Gustioz, mon noble vassal ? À une heure bonne je t’ai donné le vivre en ma maison. Porte ce message en Castille, au roi Alphonse […] » — (La Légende du Cid, traduction d’Emmanuel Saint Albin, 1866, Librairie Internationale)
    • Pour comble, les derniers vivres sur le point de manquer, demain peut-être sans pain. — (Paul et Victor Margueritte, Les Tronçons du glaive, 1900)

Dérivés modifier

Fait de vivre (1) :
Nourriture (2) :

Nom commun 2 modifier

Singulier Pluriel
vivre vivres
\vivʁ\

vivre \vivʁ\ féminin

  1. (Héraldique) Voir vouivre.

Vocabulaire apparenté par le sens modifier

Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

Références modifier

Ancien français modifier

Étymologie modifier

(Verbe) Du latin, voir ci-dessus.

Verbe modifier

vivre \Prononciation ?\

  1. Vivre.

Variantes modifier

Nom commun modifier

vivre \Prononciation ?\ féminin

  1. Variante de guivre (« serpent »).
    • Vivres e tygres e tortues — (La vie de saint Gilles, édition de Bos et Paris, page 38, c. 1170)
      Des serpents, des tigres, et des tortues

Francoprovençal modifier

Étymologie modifier

Du latin vīvĕre.

Verbe modifier

vivre \ˈvi.vɾə\

  1. Vivre.

Notes modifier

Forme du valdôtain des communes d’Arnad, Charvensod, Courmayeur, Introd, Montjovet, Valgrisenche, Valtournenche, Verrayes.

Variantes modifier

Références modifier