Voir aussi : pèrdre

Français modifier

Étymologie modifier

(Date à préciser) Du latin perdere (« détruire, ruiner, corrompre ; faire une perte »).

Verbe modifier

perdre \pɛʁdʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se perdre)

  1. Être privé de quelque chose qu’on avait, qu’on possédait.
    • Par le baron Zorn de Bulach, nous savons qu'on jouait gros jeu à Schœnbrun. Il cite le cas d'une femme qui avait perdu près de 30 000 florins, et du mariage d'un haut personnage, où il y avait environ cinquante tables de jeu. — (Louis Hastier, La vérité sur l'affaire du collier, Librairie Arthème Fayard, 1955, chapitre 2)
    • Cependant, il convient de retenir que les honoraires du radiesthésiste ne doivent pas être excessifs, sans quoi il perdrait rapidement sa clientèle. — (Olivier Schmitz, Soigner par l’invisible : Enquête sur les guérisseurs aujourd’hui, Éditions Imago, 2006, chapitre 4, § 4)
    • Je fus stupide et naïf, je méritai ce qui m’arriva. Je me fis détrousser. Peu m’importait l’argent que je perdis. On me trahit. — (William Guéraiche, Philippines contemporaines, Éditions Les Indes savantes, 2013, page 273)
  2. Être privé d’un avantage ou d’un profit.
    • 1° Le sieur Normand (Désiré-Joseph), demeurant à Saint-Michel-d'Halescourt (Seine-et-Inférieure), né le 15 août 1850 à Blaton (Belgique), d'un père ayant perdu la qualité de Français à la suite du traité de 1814. — (Bulletin des lois de la République française, n° 2801-2862, Paris : Imprimerie nationale, 1895, page 1958)
    • C'est qu'il a une faveur à me demander : celle d’intercéder pour lui auprès de l’omnipotent grand vizir. Car il paraît qu'il est assez mal noté en haut lieu et il craint de perdre son poste. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 52)
    • Il perdit les bonnes grâces du président. — Perdre l’estime, la bienveillance, la faveur, la confiance de quelqu’un.
    • Perdre sa réputation, son crédit, son honneur. — Perdre de son crédit, de sa réputation.
  3. Être privé, par la mort ou autrement, d’une personne qu’on aimait, qu’on a sujet de regretter.
    • — C'est juste... mon père vient de mourir... j'veux pas perdre Guillaume en plus. — (Jean-Christophe Réhel, La blague du siècle, Del Busso éditeur, 2023, page 210)
    • Sais-je bien encore moi-même ce que je perds en la perdant ! — (Pierre Benoît, Le déjeuner de Sousceyrac, 1931, réédition Le Livre de Poche, page 239)
    • Toujours positionnés sur leur ligne, les héros ne reculent jamais devant l’ennemi. Entre le 23 et le 25 mai 1940, le 6e RSA perd 99 spahis à Sy, parmi lesquels figurent des tués tels que Saïd Ben Dechina, Mohamed Djoudi, les admirables Hamadi et Lambarek… — (Rachid Bouamara, Le silence tiraillé: À ces guerriers bannis de l’Histoire…, Publishroom, 2017)
    • Mais aussi parce que nous nous trouvons à la veille d’une tragédie. L’angoisse monte, celle de perdre nos proches, ou simplement celle de mourir. — (Michel Eltchaninoff, « Carnet de la drôle de guerre », dans la newsletter du 21/03/220 de Philosophie Magazine.)
    • Il a quitté Paris, et nous avons perdu ainsi un bon ami.
  4. Être privé de quelque partie de soi, subir la perte ou la diminution sensible de quelque faculté, de quelque avantage physique ou moral que l’on possédait.
    • Perdre un bras, une jambe. — Perdre la santé.
    • Perdre la vue. — Perdre connaissance.
    • Perdre la raison, l’esprit, le jugement. — Perdre la mémoire.
    • Perdre le repos, le sommeil, l’appétit. — Perdre sa gaieté.
    • Perdre courage. — Perdre l’usage de ses sens.
    • La richesse des Roudier et des Granoux exaspérait Aristide au point de lui faire perdre toute prudence. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, page 98)
    1. (En particulier) (Ironique) Ne plus être capable de suivre l’enchaînement des événements.
      • Et voilà ! Une explication technique, et on l’a perdu.
  5. Cesser d’avoir, n’avoir plus.
    • Bien qu’il eût perdu de sa première violence, le vent soufflait encore assez fort pour rendre très dangereux l’atterrissage […]. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 264 de l’édition de 1921)
    • Antoine fit une valse avec Charlotte, ce qui l'étourdit passablement car il en avait perdu l'habitude. — (Oscar Casin, Deuil dans la forêt, Cressé : Éditions des Régionalismes, 2014, page 93)
    • Les arbres ont perdu leurs feuilles. — Cette pierre a perdu de sa dureté.
    • La cuisson fait perdre à ces fruits leur âpreté.
    • Cette étoffe a perdu sa couleur, a perdu son lustre, a perdu de son lustre.
    • Cette action perd son prix, perd beaucoup de son prix. — Perdre l’aplomb, l’équilibre.
    • J’ai perdu la bonne opinion que j’avais de lui.
    • Perdre l’estime, l’amitié qu’on avait pour quelqu’un.
    • Il y a de quoi perdre contenance.
  6. Cesser de suivre ou d’occuper, laisser échapper ou laisser prendre.
    • Perdre son chemin.
    • Il s’arrêta pendant que le cortège marchait, et il perdit son rang.
    • Perdre la file.
    • Les chiens ont perdu la piste, la trace, la voie, les voies de la bête.
  7. Égarer un objet, ne plus savoir où il est.
    • J’ai perdu mon chapeau, mes gants.
  8. Laisser quelqu’un s’égarer ou l’égarer ; le détourner de sa route.
    • Nous nous perdîmes dans le bois.
    • Ce guide nous a perdus.
  9. (Sens figuré) Embrouiller l'esprit, ne plus rien comprendre.
    • Je m’y perds, on s’y perd, l’esprit s’y perd.
  10. Faire un mauvais emploi, un emploi inutile de quelque chose, manquer à en profiter.
    • Perdre le temps.
    • Perdre son temps.
    • Ils passèrent deux jours encore à Orchères, le mardi et le mercredi, perdant le temps, aggravant leur situation. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, 1871)
    • Perdre sa peine, ses soins, ses pas.
    • Perdre sa jeunesse.
    • Perdre l’occasion.
    • J’ai perdu ma journée.
    • Il m’a fait perdre toute la matinée.
  11. Être vaincu en quelque chose par un autre, avoir du désavantage contre quelqu’un ou quelque chose.
    • Perdre une gageure, un pari, un dédit.
    • Qui quitte la partie la perd.
    • Perdre partie, revanche et le tout.
    • Il a perdu son procès.
    • Perdre son avantage, sa supériorité.
  12. (Absolument) Ne pas obtenir le gain, le profit, l’avantage qu’on désirait ou qu’on espérait.
    • Ils avaient joué à des jeux divers : aux billes d’abord, mais comme Camus et Lebrac avaient perdu beaucoup et qu’ils étaient, autant dire pannés puisqu’il ne leur en restait plus que deux ou trois à chacun, on ne put continuer. — (Louis Pergaud, Un sauvetage, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Après le souper elle joua au quinze, elle perdit de mauvaise grâce , paya de plus mauvaise grâce encore , & se coucha de fort méchante humeur. — (Pierre-François Godard de Beauchamps, Funestine, dans Le cabinet des fées, ou collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux, Genève : Barde, Manget & Cie & Paris : Cuchet, 1786, volume 31, page 35)
  13. (Intransitif) (Commerce) (Familier) Vendre moins cher qu’on a acheté, en parlant d'une marchandise.
  14. (Intransitif) Diminuer de valeur, de qualité.
    • Ce genre de valeurs a beaucoup perdu ces temps derniers.
    • Ce vin perd à être gardé longtemps.
    • Cet homme, cet ouvrage a beaucoup perdu, on en fait beaucoup moins de cas qu’auparavant.
  15. (Sens figuré) Ruiner, déshonorer, discréditer; causer du préjudice à la fortune de quelqu’un, à sa réputation, à sa santé, etc.
    • L’envieux fut heureux pour la première fois de sa vie. Il avait entre les mains de quoi perdre un homme vertueux et aimable. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, IV. L’envieux, 1748)
    • Bob n’allait-il pas croire que je travaillais à le perdre ? — (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • Il a perdu tous ceux qui se sont opposés à ses desseins.
    • Son inexactitude l’a perdu dans l’esprit de ses chefs.
    • Cette parole imprudente le perdit.
    • Ses débauches le perdront. — Vous vous perdrez d’honneur, de réputation.
    • Il se perd par ses folles dépenses. — Être perdu de dettes.
    • Être perdu de goutte, de rhumatismes.
  16. Gâter l’esprit, le jugement; Corrompre les mœurs, débaucher.
    • Il a perdu par ses maximes une infinité de jeunes gens.
    • Vous le perdez par vos flatteries. — Il s’est perdu par ses fréquentations.
    • Cette jeune fille risque de se perdre.
  17. Gâter, endommager quelque chose.
    • La nielle a perdu les blés.
    • La rivière a débordé et a perdu toutes les récoltes.
    • Un moment, une indiscrétion peut tout perdre, peut compromettre le sort de l’entreprise, pour la faire manquer.
  18. Ne pas entendre, ne pas voir.
    • Il a l’oreille dure et perd une partie de ce qui se dit dans la conversation.
    • J’étais mal placé et j’ai perdu une part du jeu des acteurs.
    • Je l’observais bien et je n’ai pas perdu un seul de ses mouvements.

Antonymes modifier

Dérivés modifier

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Traductions modifier

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Prononciation modifier

Anagrammes modifier

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Voir aussi modifier

Références modifier

Catalan modifier

Étymologie modifier

Du latin pĕrdĕre («  perdre »)

Verbe modifier

perdre 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. Perdre.
  2. Rater, manquer (le train, l'avion, une occasion)
  3. Fuir (liquide, gaz).

Apparentés étymologiques modifier

Prononciation modifier